Hanoï (VNA) - Quoi de plus utile, pour le voyageur, qu’une liste des spécialités gastronomiques de l’endroit où il se trouve ? Pour peu que l’endroit en question s’appelle Hanoï, c’est même indispensable. C’est en tout cas ce sur quoi ont misé Dang Hong Quan, dessinateur de son état, et Nguyen Truong Quy, écrivain, qui viennent de publier «Le la qua vat» - «Les plats populaires de Hanoi», en français - qui est une sorte de guide culinaire de la capitale, mais un guide… pas comme les autres!...

«…plein d’odeurs qui viennent chatouiller les narines…» hinh anh 1

Ce guide d’une centaine de pages est en fait une sorte de bande dessinée, qui prend le parti de présenter la gastronomie hanoïenne sur un mode résolument humoristique, sans omettre de donner au lecteur toutes les bonnes adresses qui seront nécessaires aux pérégrinations gustatives qu’il ne manquera pas d’accomplir, livre à la main s’il le faut… C’est donc à la fois une histoire de la gastronomie hanoïenne et un guide touristique, incarné par un certain «Cu Hanh» en l’occurrence, «Cu Hanh» étant le surnom familier de Quan, le dessinateur.   

«Hanoï regorge de petites gargotes, de petits restaurants et de vendeurs de rue ayant chacun une spécialité», nous explique-t-il. «Et quand on se promène dans ses rues, on se laisse facilement attirer par plein d’odeurs qui viennent chatouiller les narines… C’est tout cet univers qu’on a voulu faire découvrir, mais avec un regard jeune…»  

«…plein d’odeurs qui viennent chatouiller les narines…» hinh anh 2De gauche à droite : l’écrivain Truong Quy, le dessinateur Dang Hong Quan et la réalisatrice Nguyen Hoang Diep lors de la présentation du livre “Le la qua vat”. Photo : Thuy Van

Un regard jeune! Et c’est justement ce qui fait le succès de l’ouvrage! Il faut dire que Quan ne se contente pas de dessiner des plats, il nous montre la jeunesse de la capitale, telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui, dans toute sa fraîcheur. C’est à tel point vrai que même les enfants en redemandent, y compris ceux qui ne savent pas encore lire, mais qui découvrent des images qui leur parlent, comme cette petite fille de quatre ans …  

«Moi, j’aime bien ce livre parce qu’il y a beaucoup de belles images! Je demanderai à papa de me le lire avant d’aller dormir!»    

Thu Thuy est étudiante à l’Ecole normale. Pédagogue en devenir, elle est attirée par la présentation de l’ouvrage, mais aussi par cette notion de «plat populaire», chère à son cœur comme à celui de toutes les jeunes filles de son âge et de sa condition, pour qui «populaire» signifie aussi «bon marché», ne l’oublions pas…     

«Oui, c’est vrai, il y a tous ces plats», nous dit-elle, «mais il y a aussi le mode de vie des jeunes, qui est parfaitement représenté ici, avec des rencontres autour de minuscules débits de boissons, les selfies qu’on fait avant de manger… Il y a même des expressions argotiques qui sont vraiment de notre temps, et ça, ça donne vraiment envie de le lire, ce livre».   

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Mais revenons-en à notre guide Cu Hanh, et suivons-le pas à pas…! C’est à la porte Quan Chuong, près du marché de Dong Xuan, dans le vieux-quartier de Hanoï, qu’il nous attend pour nous vanter les attraits du "pho". Ça tombe bien car c’est justement l’endroit idéal pour en déguster un vrai, un bon, un «à tomber à la renverse»… Des adresses? Bon allez, c’est vraiment parce que je vous aime bien… Alors, il y a Pho Vui, dans la rue Hang Giay, et Pho Suong, dans la ruelle Trung Yen… Essayez déjà ces deux là, vous en redemanderez à genoux… Bon cela étant, il n’y a pas que le "pho", à Hanoï, il y a aussi le Bun cha, le Bun Oc, le Bun Thang... Autant de soupes à bases de vermicelles qui toutes, riment avec «bonheur absolu»… Nguyen Truong Quy est donc l’auteur des textes. Son écriture est savoureuse et c’est tant mieux. L’ouvrage a du reste été conçu avec une évidente gourmandise, au sens propre comme au sens figuré, comme nous l’explique Quan…  

«Ça nous a pris huit ans, Quy et moi. Et alors bien évidemment, tous ces plats, il a bien fallu les goûter! Eh oui, que voulez-vous, il faut bien se faire une douce violence!... A chaque fois qu’on allait manger quelque part, je prenais des crayons pour faire des croquis sur place. Il n’y a que comme ça qu’on peut vraiment restituer une atmosphère, de façon un tant soit peu convaincante… Il m’est arrivé de me décourager, de ne plus avoir envie, mais Quy a toujours su trouver les mots pour me remettre en selle», nous confie-t-il.

«…plein d’odeurs qui viennent chatouiller les narines…» hinh anh 4L'actrice Chieu Xuan, une Hanoienne, partage ses impressions sur "Le La qua vat"

Dans le vieux quartier d’Hanoï, on trouve à manger à tous les coins de rue. Il faut dire que les hanoïens ont coutume de manger à même le trottoir, sur de minuscules tabourets en plastique. Chaque petite gargote a «son» plat, et même s’il n’est pas rare de voir des enfilades de gargotes servant exactement la même chose, chacun a ses petites habitudes et ses endroits de prédilection. C’est toute une culture gastronomique qui est ainsi passée au crible de nos deux comparses, qui n’oublient pas cependant de rendre à César ce qui appartient à César, en citant Vu Bang, par exemple, pour qui le "pho" au poulet a la douceur de la fée et le "pho" au bœuf l’étoffe du héros…      

«J’ai décidé de travailler avec Quan pour son sens de l’humour très particulier qui est d’ailleurs à l’origine de ce projet», nous explique Quy. «Ce qu’on a voulu, c’est faire quelque chose de jeune, de neuf, mais aussi d’utile, d’où les adresses mentionnées. Chaque plat est présenté avec ses évolutions au cours des âges parce que, voyez-vous, la gastronomie est comme les hommes, elle évolue!»       

Lorsqu’il a été présenté à la presse, l’ouvrage de Do Hong Quan et Nguyen Truong Quy était accompagné d’un autre, intitulé «Les spécialités du Vietnam». Les deux livres devraient bientôt être traduits en anglais, histoire de permettre aux lecteurs étrangers de mieux… savourer notre pays…     -VOV/VNA