Auteur de 9 sonates pour violon et piano, Nguyên Van Quy est surnommé le “Beethoven du Vietnam”. Ce compositeur de 85 ans vient de recevoir le prix culturel Patrimoenia 2009 par la société Patrimoine et Gestion de Suisse.


Personne dans le monde musical du Vietnam n'ignore le nom de Nguyên Van Quy. On l'appelle "Maître Quy Sonate" car cet artiste a composé neuf sonates pour violon et piano, dont deux ont remporté le 2e prix de l'Association des musiciens vietnamiens. Il s'agit de la No4, composée en 1995, et de la No8, écrite en 2005. Six de ses sonates ont été enregistrées par la radio "La Voix du Vietnam" et la No1 a même été introduite dans le programme d'enseignement de l'Académie nationale de musicologie du Vietnam. La sonate No4 a été proposée par l'UNICEF Vietnam pour devenir l'hymne officiel de la Conférence des Nations unies sur les droits de l'enfant. Le 15 février 2004, à l'Opéra de Hanoi, la violoniste française Isabelle Durin et la pianiste vietnamienne Trân Ngoc Bich ont interprété brillamment la sonate No9 "Pour Isabelle", que le compositeur a écrit spécialement pour elle.


Ses sonates, qui mélangent subtilement musique classique et âme vietnamienne, sont interprétées lors des réceptions d'ambassades étrangères à Hanoi, de rencontres diplomatiques ou de concerts philanthropiques.


Nguyên Van Quy est originaire d'une famille hanoïenne passionnée pour la musique. Dès sa plus tendre enfance, Quy a été bercé par les airs folkloriques interprétés chaque semaine par son père et ses amis au domicile familial. La musique nourrit son âme et coule dans ses veines. Il apprend par cœur les airs immortels tels Hành Vân, Luu Thuy, Cô bâu tu dai thuy…


Nguyên Van Quy s'est familiarisé avec la musique de chambre lorsqu'il a été envoyé par son père dans une école catholique. Pour lui, une vie sans musique est inenvisageable. Nguyên Van Quy a donc poursuivi ses études d'harmonie à l'École universelle par correspondance de Paris, à l'issue desquelles il a suivi un cours supérieur d'harmonie pendant deux ans à l'Université de Paris, où il a le privilège de recevoir les précieux enseignements de maîtres de musique de chambre. Le monde de l'harmonie est considéré comme un vaste océan, où seul l'esprit créatif et le talent conduisent l'homme à le conquérir. Nguyên Van Quy a plongé dans cet océan et a trouvé son propre chemin. Il a suivi la voie que son modèle, Beethoven, avait empreinte en son temps : composer des sonates.


De nombreux compositeurs français, allemands..., vont chez Nguyên Van Quy se délecter de sa musique. "Avec de telles œuvres, le Vietnam a le droit d'être fier d'avoir un compositeur comme toi", disent-ils.


"Votre musique me fascine et trotte toujours dans un coin de ma tête. J'ai la ferme impression que votre musique possède une grande valeur artistique", lui a écrit l'Allemande Dominic Jehle.


Pour ce compositeur d'un âge respectable, ces félicitations sont "une récompense précieuse". Il les respecte et les conserve soigneusement. C'est aussi un encouragement qui l'incite à poursuivre son œuvre.


Les seconds mouvements des sonates de Nguyên Van Quy sont en général empreints d'une mélancolie qui s'infiltre dans le cœur des mélomanes. Nguyên Van Quy prend comme devise cette citation de Schubert : "Mais existe-t-il une belle musique qui ne soit pas triste ?"
Outre les sonates, le trésor de Nguyên Van Quy comprend une série d'œuvres lyriques écrites entre 1956 et 1987 comme "Da khuc" (chant nocturne), "Dôi bo" (les deux rives), "Mây trôi" (nuages au gré du vent), ainsi que des chants révolutionnaires tels "Bac Hô vâng duong cua ta" (Oncle Hô, notre soleil), "Hà Nôi giai phong" (Hanoi libéré)...


La conception de la vie de Nguyên Van Quy se résume à cette devise : "Sentiments, sévérité et esprit". Elle est le fil conducteur qui le guide dans la composition de ses sonates.


Hanoi entre ce printemps dans son millénaire et Nguyên Van Quy approche de ses 86 ans. La maladie l'empêche d'interpréter ses œuvres sur son instrument de prédilection, le piano. Dans son ancienne maison pleine de charme, située dans le vieux quartier de Hanoi, il confie : "Si c'est possible, je composerai une 10e sonate cette année en l'honneur du Millénaire de Thang Long-Hanoi". -AVI