C’est un mélange de taoïsme et de polythéisme qui tient lieu de religion aux Dao Lô Gang. Cette religion rythme les grands évènements de leur existence : mariages, funérailles, fêtes diverses… Mais elle se manifeste aussi à travers des tableaux, véritables objets de culte censés représenter les génies et les forces célestes.

En plus de posséder des pouvoirs surnaturels, les génies occupent une place prépondérante dans la spiritualité des Dao Lô Gang. Mais ils ont en plus la particularité de leur avoir inspiré des tableaux, qui sont de véritables trésors iconographiques et spirituels. Trieu Nhu Hong, qui habite dans la province de Thai Nguyen, a fait savoir :« Nos tableaux représentent les génies. Et il y en a beaucoup, des génies. Ils vivent soit dans la cour céleste soit dans l’empire des ténèbres. A chaque génie un tableau. »

Le vent, la pluie, les nuages et le tonnerre sont des quatre phénomènes nés de la pression ou de la dilatation, de la respiration du yin et du yang. D’après les Dao Lô Gang, chacun de ces phénomènes a un esprit qui les régit. Ils leur ont donc consacré une collection de tableaux baptisée « Les quatre génies ». Mais si à chaque tableau correspond un génie, à chaque génie correspond une fête, comme nous l’explique Dang Hong, le maître des rituels de la commune de Hop Tien : « Chez les Dao Lô Gang, des tableaux sont destinés à orner l’autel des ancêtres, qui est le témoin de chaque étape importante d’une vie. C’est devant cet autel que se déroule la cérémonie de passage à l’âge adulte, pour les hommes. C’est aussi sur cet autel que sont déposées les offrandes à chacune des quatre grandes fêtes de l’année».

Pourquoi ces tableaux revêtent-ils une si grande importance ? De l’avis de Bàn Phuc Te, qui se trouve être le vice-président du comité populaire de la commune de Hop Tien, ils témoignent d’une très réelle ferveur spirituelle, qui est l’une des grandes caractéristiques des Dao Lô Gang. D’après ces derniers, les génies gardent un œil rivé sur eux en permanence. Et gare à qui s’éloigne du droit chemin ! Il subira aussitôt le courroux céleste. Mieux vaut donc s’en remettre à la sagesse que renferment justement tous ces tableaux.

A l’approche de la fête du Nouvel An lunaire, les Dao Lô Gang se ruent chez les maîtres des rituels pour y trouver « le » tableau qui leur portera chance. « Un nouveau tableau ne servirait à rien s’il n’était pas béni par le maître des rituels. Avant de l’emporter chez soi, il faut faire une cérémonie qui peut durer toute une journée », dit Bàn Phuc Te.

Les tableaux restent souvent accrochés aux murs des maisons. En plus d’une indéniable valeur artistique, ils ont un véritable caractère éducatif et servent à établir des liens entre les différentes générations. -VOV/VNA