Les 36 rues du vieux quartier occupent une place importante dans l'histoire de Hanoi. Conserver leurs valeurs historiques, culturelles et architecturales est un impératif en cette veille du Millénaire de Thang Long-Hanoi. "Pour l'ancien quartier de Hanoi, la préservation devrait se focaliser sur son esprit, et non pas purement sur son architecture", a recommandé le professeur Michael Turner, vice-président du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco. Lors de sa visite à Hanoi, le responsable a encore estimé que "conserver et gérer un patrimoine, ce n'est pas forcément le figer dans l'histoire mais aussi autoriser des changements". Il a constaté que les artisans du vieux quartier ont besoin de vivre dans une cité moderne, de profiter des meilleurs services d'une ville en plein développement. Les habitants ne veulent pas que leur quartier soit considéré comme un "musée de l'histoire". La caractéristique la plus importante du vieux quartier, selon Michael Turner, c'est la structure de l'espace représentant le modèle de vie en commun des Viêt. Ce quartier abrite les rues de métiers traditionnels aux noms évocateurs - Hàng Tre (Rue du Bambou), Hàng Bô (Rue des Paniers), Hàng Non (Rue des Chapeaux coniques), Hàng Quat (Rue des Éventails), Hàng Dao (Rue de la Soie), et ainsi de suite. Un autre point, tout aussi important, c'est "de conserver les héritages immatériels tels que modes de vie, moeurs et coutumes, métiers traditionnels, procédés de fabrication”. Léguées par les ancêtres, ces valeurs spéciales continuent d'évoluer et de se développer. Ces vingt dernières années, les deux tiers des maisons de l'ancien quartier ont été restaurées, pour la plupart au détriment de leur aspect originel. Des changements qui ont transformé la physionomie du quartier antique. Mais son attrait demeure intact auprès des visiteurs, notamment étrangers. Ces derniers y viennent pour se plonger dans un espace unique, effervescent, dense, bouillonnant d'activités et de vie. Pour Michael Turner, "l'important, ce n'est donc pas de restaurer quelques maisons mais de conserver cet espace de façon à satisfaire les habitants comme les visiteurs". Préserver l'ancien quartier de Hanoi revient ainsi à conserver ses valeurs humaines et immatérielles transmises de génération en génération, à pérenniser un espace formé d'un labyrinthe de ruelles, et non pas seulement à entretenir une architecture ancienne qui, à vrai dire, n'existe quasiment plus qu'à l'état de traces. La tâche s'annonce ardue : concilier conservation et développement. Car l’ancien quartier était et sera un lieu de commerce intense, ce qui d'ailleurs a toujours été sa particularité. Il importe également que la sauvegarde et la gestion d'un patrimoine aussi emblématique de Hanoi soient un modèle pour le reste du pays. "Pour protéger et gérer les patrimoines culturels, il faudrait aussi penser à investir dans l'établissement de terrains à l'écart des sites à préserver afin de les soulager d'une pression trop forte", a conclu Michael Turner. -AVI