Hanoi (VNA) –  Véritable «mémoire vivante» de la province de Lang Son (Nord), Mô Thi Kit a consacré sa vie à répertorier et à interpréter le then, le chant rituel des ethnies Tày et Nùng. Ses actions ont permis à cet art ancestral d’être inscrit par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le voyage au long court d’une gardienne du then de Lang Son hinh anh 1L'artiste Mô Thi Kit. Photo: VOV


Née dans la province de Lang Son, et plus précisément dans le district de Binh Gia, le berceau du then, Mô Thi Kit s’initie à cet art à l’âge de quinze ans. Capable de chanter pendant trois jours et trois nuits lors du Khao Sluông, la cérémonie marquant le passage à l’âge d’adulte chez les Tày et les Nùng, elle connaît par cœur des dizaines de milliers de vers et fait l’admiration des villageois.

«Le ‘then’ incite les hommes à s’aimer, à s’entraider et à renoncer à la haine. Je chante le ‘then’ non pas pour l’argent, mais par passion et pour apporter du bonheur à ceux qui l’écoutent», raconte-t-elle.

Au cours des dix dernières années, Nông Thi Phuong, la fille de Madame Kit,  également présidente de la commission de préservation du chant folklorique du district de Binh Gia, a reconstitué la biographie de sa mère. Intitulé «La gardienne du then de Lang Son», ce document unique devrait être publié à la fin de cette année.  

«Ma mère est quelqu’un de très fort. Elle a perdu ses parents et son frère alors qu’elle n’avait que quinze ans. Malgré les terribles épreuves qu’elle a du traverser, elle n’a jamais renoncé et a toujours fait de son mieux. Elle est notre idole. Ma mère chante le ‘then’ depuis 85 ans. C’est un parcours à la fois glorieux et périlleux. Elle est la fierté de sa famille», explique Phuong.

Le voyage au long court d’une gardienne du then de Lang Son hinh anh 2Madame Kit (assise) a été consacrée «artiste folklorique populaire» en 2019. Photo: VOV


Madame Kit a été consacrée «artiste folklorique émérite» en 2015 et «artiste folklorique populaire», la plus haute distinction décernée aux artistes d’arts folkloriques, en 2019. Son érudition fait l’admiration de beaucoup de chercheurs dont Nguyên Xuân Bach, professeur à l’Ecole supérieure de la culture et des arts du Viêt Bac.

«Née en 1921, madame Kit a commencé à chanter le ‘then’ très jeune. Son répertoire de chansons anciennes est très vaste. Bien qu’âgée de 100 ans, sa voix est encore sûre. Plusieurs de ses chansons sont en vieux dialecte, et témoignent d’une certaine interférence entre sa culture d’origine, celle des Tày et la culture des Kinh majoritaires au Vietnam. Pour les jeunes amateurs de ‘then’, elle est une encyclopédie vivante», affirme-t-il.

«Madame Kit est la gardienne du ‘then’ de notre province. Elle est un trésor humain vivant dont les actions ont contribué à la préservation de l’identité culturelle des Tày et Nùng de Lang Son», indique Hoàng Van Pao, président de l’Association des patrimoines culturels de Lang Son.

A 100 ans, Mô Thi Kit continue de chanter en jouant du luth bicorde à longue manche typique des Tày et des Nùng. Ses disciples sont nombreux et sont prêts à reprendre le flambeau. – VOV/VNA