A l'occasion de la Fête de la Communauté française Wallonie-Bruxelles (27 septembre), dans un entretien accordé à l'AVI, M. Franck Pezza, représentant en chef de la délégation Wallonie-Bruxelles, a souligné la coopération engagée par les deux parties durant 17 dernières années.

En voici l'interview en intégralité.

Question: Pourriez-vous faire le bilan des étapes importantes dans l’histoire de 17 ans de coopération au développement entre Wallonie-Bruxelles et le Vietnam ?

Réponse : C’est effectivement en 1993 que la Communauté française de Belgique a signé son premier accord de coopération avec le Vietnam, rejointe ensuite par la Région wallonne et, en 2002, la Commission communautaire française de la région de Bruxelles capitale.

La Délégation Wallonie-Bruxelles, qui a été ouverte en 1996, représente bien aujourd’hui l’ensemble des Gouvernements francophones de Belgique, dans les vastes compétences qui leur sont attribuées par le système fédéral belge. Elle est toujours aujourd’hui l’une des deux seules Délégations Wallonie-Bruxelles en Asie, puisque nous avons ouvert une Délégation à Pékin en 2009.

C’est bien la preuve que pour nous, le Vietnam est un pays absolument prioritaire, dont nous tenons à accompagner l’évolution et le progrès dans une logique de partenariat structurel, de long terme, entre des partenaires qui se connaissent bien, qui travaillent sur un pied d’égalité dans un climat de confiance et d’amitié.

C’est pour cela que, plutôt que de coopération, je préfère parler de partenariat, car cela définit mieux le type de relations qui existent entre les partenaires. Dans nos programmes de coopération, qui touchent différents domaines, notre priorité est l'enseignement supérieur, et nous partageons ainsi la priorité du gouvernement vietnamien à répondre au défi de l'Education, en participant à ses efforts pour former plus de diplômés en mastères et doctorats, et développer aussi la recherche. L’enseignement supérieur et la recherche constituent d’ailleurs les axes forts du programme de coopération 2010-2012 entre le Vietnam et Wallonie-Bruxelles, programme qui se déroule de façon extrêmement satisfaisante.

En règle générale, la Délégation entend être au centre des projets entre les partenaires vietnamiens et belges francophones, dans tous les domaines, qu'ils soient scientifiques, techniques, culturels, ou autres...

Question: Actuellement, sur quels domaines Wallonie-Bruxelles met l’accent dans sa coopération au développement avec le Vietnam ? Quelles sont vos évaluations à propos de l’efficacité de vos projets de coopérations ?

Réponse : La coopération dans le domaine de l’éducation, en particulier l’enseignement supérieur, est, comme je l’ai dit, une constante de notre coopération. De plus en plus, les projets de coopération universitaire incluent une dimension « recherche » et je pense qu’à l’avenir, notre coopération développera ce secteur de la recherche de pointe.

Parmi les autres axes de coopération de l’actuel programme 2010-2012, on peut citer le patrimoine, la diversité culturelle, la langue française et tout ce qui concerne la Francophonie, mais aussi la formation professionnelle et technique. Je voudrais d’ailleurs mentionner ici les activités de l’APEFE, qui est l’opérateur technique chargé de la mise en œuvre de la politique de solidarité internationale de Wallonie-Bruxelles.

En effet, la programmation pluriannuelle (PPA) de l’APEFE pour 2008-2010 s’achève en décembre. Un nouveau programme 2011-2013 va démarrer le 1er janvier prochain et sera centré sur la formation professionnelle et technique. Défini par un atelier de planification qui a eu lieu à Ho Chi Minh Ville en avril dernier, il sera régional et aura pour objectif de contribuer au développement économique du Vietnam, du Laos et du Cambodge en renforçant la main-d’œuvre qualifiée et en améliorant l’adéquation formation-emploi dans le plus grand nombre de secteurs possibles.

Il s’agit là d’une autre facette de la coopération entre le Vietnam et Wallonie-Bruxelles, une troisième étant bien sûr l’aspect économique, géré par le Conseiller économique et commercial de la Région wallonne, qui est basé à Ho Chi Minh Ville.

Quant à la diversité culturelle, qui est, au-delà de Wallonie-Bruxelles, une des valeurs fondamentales de la Francophonie dans son ensemble, elle doit s’exprimer non seulement en présentant des artistes belges ici, mais aussi en proposant des artistes ou spectacles vietnamiens en Belgique. En 2010, nous avons travaillé avec nos partenaires vietnamiens, européens et/ou francophones à créer du neuf et à consolider l’ancien.

Permettez-moi de citer la deuxième édition du Festival international du Cinéma documentaire de Hanoi, qui a eu un énorme succès, la création en juin dernier du premier Festival de la bande dessinée au Vietnam, ou encore la participation importante et très remarquée des troupes de Wallonie-Bruxelles au Festival des Arts de Hué. Enfin, les Journées culturelles vietnamiennes à Bruxelles, les 2 et 3 septembre derniers, ont connu un très grand succès et ont assuré une belle promotion pour le Vietnam dans ce qui est à la fois la capitale de la Belgique et la capitale de l’Union européenne. 2010 aura été une année vraiment très riche sur l’ensemble de ces secteurs !

Question : Wallonie-Bruxelles développe des relations de coopération avec le Vietnam en parallèle avec celle de l’Etat fédéral belge, mais à ses propres caractéristiques. Quels sont ses avantages et difficultés rencontrés ?

Réponse : C’est une bonne question parce qu'effectivement, cette situation peut parfois prêter à confusion. En Belgique, la Coopération au Développement reste une compétence de l’Etat fédéral central. Dans les pays cibles de cette Coopération, dont le Vietnam, les programmes de coopération nationaux sont gérés au sein des ambassades, généralement par un Bureau de Coopération, ainsi que par un Bureau de Coopération technique (la CTB) en charge du suivi de l’exécution des projets. Les programmes de coopération au développement de la Belgique sont des programmes d’envergure, avec des moyens financiers importants. Pour citer un programme assez connu au Vietnam, les bourses offertes par le gouvernement belge sont très nombreuses et rencontrent un très grand succès au Vietnam.

A côté de cela, les Régions et Communautés ont également la possibilité, sur fonds propres, de développer des programmes de coopération, dans le champ de leurs compétences. Nous œuvrons donc dans des domaines différents de ceux de l’Etat fédéral, avec lequel bien sûr nous travaillons en bonne harmonie et synergie. La meilleure preuve en est l’APEFE, qui travaille de plus en plus en synergie avec les programmes de Wallonie-Bruxelles International, tout en étant financée en grande partie par la Coopération fédérale !

L’enseignement supérieur, par exemple, ou le patrimoine, ou encore la culture, sont quelques-unes parmi les nombreuses matières qui ont été transférées aux Régions et Communautés et qu’elles peuvent gérer dans leurs relations internationales.

C’est ce que nous faisons au Vietnam, où nous investissons des « niches » très spécifiques de coopération, tant en coopération universitaire et recherche scientifique qu’en patrimoine, par exemple. Nous obtenons des résultats réellement étonnants, et notre coopération, pour « modeste » qu’elle soit, est très efficace et est très appréciée des partenaires vietnamiens. Si la modestie de nos moyens oblige à la rigueur, elle n'empêche en rien l'ambition.

Question : Après deux ans au Vietnam, quelle image avez-vous de notre pays ?

Réponse : C’est difficile de résumer en peu de mots toutes les impressions positives reçues du Vietnam pendant ces deux premières années. J’estime en tout cas avoir beaucoup de chance de vivre à Hanoi, qui est une ville magnifique, pleine de charme, au patrimoine matériel et immatériel unique, de même d’ailleurs que l’ensemble du Vietnam, que j’ai pu visiter du Nord au Sud, et dont j’ai pu apprécier la grande diversité de paysages et de cultures, son histoire, ses traditions, mais aussi son modernisme, son dynamisme économique.

Mais le plus grand charme de Hanoi, ce sont ses habitants, comme dans tout le Vietnam d’ailleurs. J’ai beaucoup d’admiration pour le peuple vietnamien, en particulier pour son sens de l’accueil, son hospitalité. Ce sont des qualités très précieuses qui font que nous nous sentons si bien dans ce poste et qu’avec ma famille nous envisageons avec sérénité les deux années qui nous restent à passer ici !. -AVI