Le chœur de l’Opéra national de Paris va présenter les 18 et 19 avril dans la capitale vietnamienne Hanoi "L’Enfant et les sortilèges", une fantaisie lyrique en deux parties composée entre 1919 et 1925 par Maurice Ravel en collaboration avec Colette.

À l'Opéra de Hanoi, les deux représentations exceptionnelles de «L’Enfant et les sortilèges» seront assurées par 12 solistes et 65 choristes de l’Opéra de Paris (dont 30 choristes du chœur d’enfants et 35 choristes du chœur de chambre mixte), sous la direction artistique et la mise en scène de Gaël Darchen, animé par des danses de la chorégraphe Sophie Meary et des costumes signés Xu Ming.

"L’Enfant et les sortilèges", la seconde et dernière fantaisie lyrique de Ravel après "L'Heure espagnole", est une succession de tableaux indépendants mêlant une multitude de genres musicaux, du jazz au foxtrot en passant par un ragtime, une polka, un duo miaulé, une valse et, en conclusion, un choral sacré.


Ce fut pour Maurice Ravel l'occasion de démontrer l'ampleur de son génie orchestral, déployant toute sa palette et ayant recours, pour traduire les onomatopées dont regorge le livret de Colette (intitulé initialement "Ballet pour ma fille"), à des instruments pour le moins inhabituels: râpe à fromage, crécelle à manivelle, fouet, crotales, wood-block, éoliphone, flûte de lotus.


Les divers moments, les sortilèges qui font vivre les meubles et parler les animaux, sont en fait des pastiches de divers styles de musique : par exemple, pour le fauteuil et la bergère, on a un menuet à l'harmonie dissonante, ou bien pour l'arithmétique, on peut reconnaître un rythme de polka.


Plus proche des actuelles comédies musicales que d'un opéra, "L’Enfant et les sortilèges" est une œuvre sans équivalent dans le répertoire ravélien. Il exprime la sensibilité du compositeur en même temps que son goût pour la féerie et la minutie de son orchestration. Son art s'accommode à merveille avec l'humour et le non-conformisme de Colette. – AVI