L’anglais, un espoir pour les enfants pauvres de Huê
Chaque mardi et vendredi, à la tombée de la nuit, les abords du fleuve
Sông Huong (rivière des Parfums), dans le quartier de Kim Long à Huê,
sont illuminés par les lumières d’une classe d’anglais. Un programme
intitulé "English for free" destiné aux enfants pauvres de la province
de Thua Thiên-Huê est proposé par le club Highsky, composé d’étudiants.
Le chemin qui mène à la classe, sombre et sinueux, ne
décourage pas les enfants. Environ 30 élèves, dont les vêtements sont
noircis et poussiéreux, assistent au cours, munis de leur livre
d’anglais.
«J’ai dû arrêter l’école pour aller vendre
des haricots avec ma mère et gagner de l’argent», partage Nguyên Thi
Chi, 9 ans, assise au fond de la classe. Sixième fille d’une famille
pauvre de neuf enfants, elle explique que ses cinq sœurs ont quitté
l’école. Elles n’ont pas de travail stable. Elles survivent en acceptant
des travaux à la journée. Son père, qui conduisait un cyclo-pousse, ne
peut plus travailler. Il est tombé malade il y a une année. Quant à sa
mère, elle gagne de l’argent en récoltant de la ferraille, un métier
pénible.
«Beaucoup d’enfants quittent l’école car ils
doivent aider leurs parents. Certains ne fréquentent même jamais les
bancs de l’école. Grâce aux cours que nous proposons, nous espérons que
ces enfants auront les mêmes connaissances que les autres en anglais»,
explique Nguyên Công Son, président du club Highsky. La plupart des
enfants vivent sur des bateaux de pêche. Avec l’aide des autorités, ses
familles quittent progressivement leurs maisons flottantes, mais les
parents n’ont pas encore de travail stable. Plusieurs sont analphabètes
et souhaitent que leurs enfants puissent se former.
Convaincre les enfants à apprendre l’anglais
Les membres du groupe ont dû rencontrer chaque enfant personnellement
pour les convaincre de participer aux cours d’anglais. La plupart
étaient réticents. «Leur nombre a augmenté progressivement, grâce à
l’enthousiasme et à la sollicitude des professeurs», explique Công Son.
Le club compte vingt volontaires. Dix travaillent lors de
chaque cours. Vietnamiens, mais aussi étrangers, enseignent l’anglais, à
l’image de Gaulthier Marrel (33 ans), Français, qui dirige un hôtel à
Huê.
«Je suis heureux de participer à cette action
humanitaire et de transmettre directement mes connaissances en anglais
aux enfants. Les enfants sont très motivés», décrit ce dernier.
Méthode d’apprentissage ludique
Les cours durent deux heures. Et l’ambiance est très animée. Les
nouveaux élèves s’essayent à la prononciation de mots en anglais. Chaque
progrès est une victoire pour les volontaires. Les enfants apprennent
de nouveaux mots, des règles grammaticales et s’informent sur les
activités touristiques de Huê.
Ils apprécient
particulièrement les activités pratiques : chansons, jeux ou
pique-nique, qui favorisent la pratique de l’anglais et aiment également
parler avec les touristes étrangers.
«L’apprentissage de
cette langue n’est pas facile, mais les enfants travaillent dur. En les
aidant, nous oublions que nous sommes fatigués», confie Nguyên Dinh
Triêu, étudiant en économie en 3e année à l’Université de Huê. Après ses
cours, qu’il termine à 17h30, Triêu avale un petit en-cas et part
enseigner l’anglais.
Pour assurer l’avenir du projet, Son
cherche de nouveaux membres, de nouvelles méthodes d’enseignement, mais
aussi un soutien financier. L’appel est lancé.
Le
projet "English for free", mis sur pied par le club de communication en
anglais HighSky, est promu par l’académie du marketing en ligne MOA. Ce
programme durera trois ans, de mars 2015 à mars 2018. Vingt cours, d’une
durée de trois mois chacun seront ouverts pour les enfants pauvres
placés dans les Centres de protection de l’enfance et pour les enfants
sans-abri de la province centrale de Thua Thiên-Huê. -CVN/VNA