lA CULTURE EST UNE RESSOURCE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE VERTE, SELON DES EXPERTS INTERNATIONAUX

Spectacle de Quan Ho (chant alterné) sur la rivière de Trang An, province de Ninh Binh. Photo: VNA

Au lieu de simplement conserver le patrimoine dans des “vitrines”, le Vietnam devrait le considérer comme une ressource et un matériau pour développer une économie verte.

Le processus de développement socio-économique qui améliore la vie des gens peut parfois entrer en conflit avec la préservation du patrimoine culturel, ce qui entraîne le risque de perte ou de détérioration de celui-ci.

De nombreux experts internationaux possédant une vaste expérience dans ce domaine ont partagé avec le journal en ligne VietnamPlus des solutions sur la manière à la fois de préserver la culture et de promouvoir l’économie.

La culture est une ressource pour l’économie verte

En raison des préoccupations liées au développement économique et touristique capable de produire des impacts négatifs sur l’écosystème et la culture locale, le gouvernement bhoutanais applique depuis de nombreuses années une politique de restriction du nombre de touristes, ce qui fait de ce pays asiatique toujours une destination touristique mystérieuse.

Par contre, l’ouverture du tourisme et la croissance économique placent la Thaïlande face à des défis tels que la récession, la perte ou la transformation du patrimoine originel. Le “Pays des Temples d’Or” a fermé la baie de Maya et certaines îles pour protéger l’environnement.

Forte de son expérience de travail en Australie, aux Émirats arabes unies et au Vietnam, la mastère Michal Teague, experte et professeure de l’Université RMIT, a déclaré que si un pays se concentre uniquement sur le développement économique mais néglige la préservation de sa culture, il perdra les aspects uniques qui le rendent différent et précieux.

Si on sait promouvoir sa valeur, le patrimoine peut devenir une ressource importante pour le développement du pays, ayant un impact énorme sur les domaines socio-économiques.

Cependant, au lieu de préserver le patrimoine dans des “vitrines”, on peut l’utiliser comme une ressource et un matériau pour développer l’économie verte.

Des femmes Thaï de Son La interprètent une danse traditionnelle pour accueillir des touristes dans leur village. Photo: Vietnam

Il faut simplement promouvoir l’écotourisme et le tourisme culturel pour tirer parti des ressources disponibles, minimiser les impacts environnementaux et améliorer le bien-être des communautés locales.

L’architecture de Ngọ Môn (Porte du Midi) brille la nuit grâce à un système de projecteur d’une luminosité de 300 000 lumens. Photo: VNA

L’experte australienne Michal Teague s’est dite impressionnée par le modèle touristique de Trang An, de la baie de Ha Long, de l’ancienne capitale Huê et de la vieille ville de Hôi An. Ce sont tous des héritages qui ont apporté et apportent toujours des avantages significatifs à “l’industrie sans fumée” du Vietnam.

Selon elle, le site pittoresque de Trang An semble avoir trouvé un équilibre entre la conservation de la nature, de la culture et le développement du tourisme. Cette zone assure la subsistance de la communauté locale sans affecter la beauté du paysage.

L’État doit encourager la préservation et la restauration des patrimoines culturels tout en promouvant l’innovation pour favoriser les modèles économiques verts afin de relever les défis environnementaux et sociaux auxquels le Vietnam est confronté, a déclaré Michal Teague.

Sophie Maysonnave, conseillère de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France au Vietnam. Photo: Vietnam+

Partageant avec le journal en ligne VietnamPlus l’expérience de la gestion de la culture “à la française”, Sophie Maysonnave, conseillère de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France au Vietnam, a déclaré que la France met en œuvre des politiques de promotion du tourisme durable, visant à réduire les impacts sur l’environnement tout en préservant le patrimoine culturel.

En outre, le gouvernement français a mis en place un certain nombre de programmes pour soutenir la préservation du patrimoine culturel, tels que la Fondation du patrimoine et l’Institut national d’histoire de l’art, tout en promouvant la diversité culturelle à travers la création du Centre national du cinéma et de l’image animée, et le soutien à la production de films décrivant la diversité de la culture française.

Il est nécessaire d’avoir un développement harmonieux entre l’économie et la culture. En préservant et en promouvant la diversité culturelle, on peut parvenir à une croissance économique tout en préservant les héritages traditionnels. C’est également l’objectif des projets que l’ambassade de France met en œuvre avec des partenaires vietnamiens pour protéger le patrimoine culturel et naturel du Vietnam, selon Sophie Maysonnave.

Des touristes font une visite thématique – Highligh Tour au Musée des Beaux-Arts du Vietnam”. Photo: VNA

Toujours selon elle, la France promeut des activités touristiques respectueuses de l’environnement, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables et la réduction des déchets, ce qui peut contribuer à réduire l’empreinte carbone de l’industrie touristique.

Évaluant les activités de tourisme culturel au Vietnam, Sophie Maysonnave a constaté des points positifs tels que le modèle de tourisme communautaire à Sa Pa ou le Centre d’accueil du parc national de Cuc Phuong qui devrait être inauguré en décembre.

Ce centre est le fruit de 18 mois de travail d’experts vietnamiens et français. Sophie Maysonnave a indiqué que les spécialistes des deux pays avaient conçu et construit la structure en utilisant des matériaux locaux tels que de la terre brute et du bambou, aidant ainsi les visiteurs à mieux comprendre l’importance des forêts et à agir pour protéger la biodiversité.

Modèle du tourisme communautaire à Sa Pa. Photo: VNA

Renforcer la sensibilisation pour que personne ne soit laissé de côté

Pour prendre des mesures concrètes dans le développement d’une économie verte associée à la préservation de la culture, les experts internationaux estiment que le Vietnam devrait élaborer un programme d’éducation national sur la valeur de la culture et du patrimoine pour l’économie, encourageant un tourisme responsable.

Selon la spécialiste Michal Teague, la préservation de la culture renforcera la valeur de l’identité nationale, créera un point lumineux pour le tourisme, des revenus et des moyens de subsistance pour les communautés locales et contribuera à la protection de l’environnement et au développement durable.

Un spectacle du chant then et du tinh (instrument musical traditionnel) interprété par des artistes du Théâtre de musique et de danse folklorique du Viêt Bac. Photo: VNA

« Nous ne pouvons ignorer la sensibilisation du public, notamment des jeunes, à l’importance de la protection de l’environnement, de la diversité culturelle et des principes de pratiques économiques vertes. J’aimerais ajouter un travail très spécifique, qui consiste à utiliser les industries culturelles telles que le jeu et l’animation pour raconter l’histoire de la culture vietnamienne. Les jeunes disposent d’atouts dans ce domaine », a déclaré Michal Teague.

Michal Teague a également mentionné le renforcement du cadre juridique et l’application des lois sur la protection du patrimoine culturel, ainsi que le renforcement de la sensibilisation et de la participation des communautés aux efforts de conservation.

En outre, l’État doit jouer un rôle de premier plan, en renforçant la coopération et le partage des connaissances entre les communautés locales, les organisations culturelles, le secteur privé, les sociétés civiles et les partenaires internationaux dans la gestion et l’utilisation des ressources du patrimoine culturel pour le développement durable.

Gérer et utiliser les ressources du patrimoine culturel pour le développement durable. Photo: VNA

Tarek Kouatly, directeur régional Asie-Pacifique du groupe suisse Sommet Education, a souligné l’importance de sensibiliser la population et les gestionnaires culturels de tous les échelons, ainsi que de mettre en place un cadre juridique pour traiter les comportements d’abus de la culture et du patrimoine.

Tarek Kouatly a déclaré que les décideurs politiques doivent avoir une vision à plus long terme sur la durée pendant laquelle les ressources culturelles, environnementales et paysagères peuvent être exploitées.

« L’État doit s’orienter vers le développement durable et s’assurer que les ressources naturelles et culturelles ne contribuent pas seulement à l’enrichissement d’une communauté ou d’une entreprise, mais apportent des bénéfices inclusifs, ne laissant personne de côté », a souligné Tarek Kouatly.

La conseillère Sophie Maysonnave a proposé d’accroître la sensibilisation par le biais de campagnes éducatives communautaires, d’encourager la participation des communautés locales et des acteurs culturels, et d’établir des réglementations pour garantir que le développement économique ne porte pas atteinte au patrimoine et aux traditions culturelles. -VNA