Depuis le 2 juillet, le comité de gestion du vieux quartier de Hanoi présente au public les céramiques typiques du Nord : Bat Tràng, Chu Dâu, Thô Hà, Phù Lang à la Maison du patrimoine, 87 rue Ma Mây, Hanoi.


Cette activité devra contribuer à préserver et à valoriser les villages de métiers traditionnels ainsi qu'à mieux faire connaître aux touristes étrangers la poterie du Vietnam.


Le vieux quartier de Hanoi demeure l'endroit où l'on peut ressentir l'activité passée des différentes corporations professionnelles via les 36 rues qui portent des noms rattachés aux métiers artisanaux traditionnels. Par exemple, la poterie se tenait rue Bat Dàn, où se déroulait le commerce des produits de Bat Tràng et dans la rue Hàng Mam, spécialisée dans la céramique de Thô Hà et Phù Lang.


La poterie existe au Vietnam depuis très longtemps et ses produits vieux des milliers d'années ont enrichi le patrimoine de la céramique du Nord.


De la terre cuite non émaillée à l'origine à la faïence blanche puis actuellement à la céramique, en passant par la faïence brune, la porcelaine du Nord s'est développée à travers les époques. Chaque objet porte en lui le cachet d'une époque et illustre l'évolution des techniques de production.


La céramique à usage domestique a prospéré jusqu'à la première moitié du 20e siècle avant d'être concurrencée par les objets en plastique. Les articles de cette poterie populaire sont divers, depuis les bols des repas quotidiens jusqu'aux objets de décoration comme vase à fleurs, peinture en céramique ou de la vie spirituelle (brûle-parfum, pied de lampe).


Des artisans ont été invités à présenter les types de céramique ancienne comme Pham Ngoc Huy, 61 ans du village de Bat Tràng et Trân Thi Tinh de Phù Lang qui ont fait des exposés sur la faïence brune. L'artisan Trinh Dac Tân a parlé de la céramique émaillée et non émaillée du village de Thô Hà et de la céramique bleue de Chu Dâu.


Pour survivre, plusieurs anciens villages de céramique ont dû se détourner de leur production traditionnelle pour s'adapter au contexte actuel. Le village de Phù Lang a choisi la céramique d'art et la plupart de ses artisans, diplômés des écoles de beaux-arts, ont apporté un nouveau souffle à la céramique contemporaine. Leurs noms sont devenus des marques de fabrique de produits en céramique comme Nhung ou Ngoc.


Le village de Thô Hà était autrefois réputé dans le nord du delta du fleuve Rouge pour ses urnes funéraires, ainsi que d'autres produits céramiques non émaillés de couleur marron clair ou gris foncé (comme les jarres, les vases ou les brûle-parfums). Comme le métier ne se transmettait pas aux générations suivantes, les artisans de Thô Hà ont décidé de restaurer ce type de céramique, avec le soutien des villageois. Des patriarches du village ont aidé à retrouver la technique et les efforts ont enfin été récompensés. Le savoir-faire ancestral a retrouvé pignon sur rue. "La poterie demeure non seulement une marchandise mais encore un produit culturel. Nos productions sont adaptées aux goûts du marché et des touristes", confie Trinh Dac Tân, un artisan de Thô Hà.


Actuellement, de nombreux objets issus de céramique ancienne ont disparu du fait du trafic d'antiquités à l'étranger. "Il est nécessaire de sensibiliser la population à la préservation des métiers traditionnels ancestraux afin d'attirer les touristes étrangers", souligne Vu Thành Nam, un collectionneur de céramiques anciennes. -AVI