"Fier d'être le premier citoyen vietnamien d'origine étrangère", a affirmé André Menras, naturalisé fin 2009 par le président vietnamien, sous le nom de Hô Cuong Quyêt.


Lors d'une interview accordée au journal français "L'Héraut du Jour", André Menras a expliqué "quel effet cela fait d'être citoyen vietnamien".


"Je fais partie de la génération Vietnam. Le Vietnam a été notre grande victoire. Depuis mes vingt ans, mes liens avec ce pays et ce peuple ont été très forts. Pris dans le tourbillon de la guerre, j'ai risqué ma vie, versé mon sang, délaissé parents et amis pour me battre aux côtés de mes amis vietnamiens. Dans ce combat, dans des situations où on mesure qui est qui, ils sont devenus mes frères et m'ont donné mon nom vietnamien. C'est celui qui figure maintenant sur ma carte d'identité et mon passeport vietnamien. Donc, rien d'étonnant pour moi d'être le premier citoyen vietnamien d'origine 100% étrangère", a-t-il confié.


Concernant ses projets dans les temps qui viennent, André Menras a affirmé qu'il sera "un trait d'union encore plus efficace entre mes deux pays et mes deux communautés régionales et nationales dans une coopération authentique, saine et de terrain, indépendante des pouvoirs politiques. Défendre encore mieux les valeurs qui m'ont poussé à porter le drapeau de la résistance il y a bientôt quarante ans".


Répondant à la question "Tu es français ou vietnamien?", André Menras a répondu : "On ne me demande pas de choisir dans ce qui constitue le tout indissociable de mes identités nationales".


"Ma racine pivotante profonde, biologique, est occitane. Je suis un gavach et j'y tiens. Mes racines vietnamiennes sont d'une autre nature, nourries dans un autre humus, un humus de révolte et de combat, me sont également vitales car elles ont marqué toute ma vie d'adulte", a-t-il expliqué.


André Menras est venu au Vietnam pour la première fois en 1968, pour y enseignant le français. Deux ans après, comme Jean Pierre Debris, il a été arrêté pour avoir agité le drapeau du Front national de libération du Sud Vietnam et distribué des tracts devant l'Assemblée nationale de l'ancien régime de Saigon. En 1972, après deux ans et demi d'emprisonnement dans le pénitencier de Chi Hoa, les deux prisonniers français ont été expulsés du Vietnam. Ensuite, ces deux hommes ont fait un tour du monde pour sensibiliser l'opinion publique aux crimes commis par les Américains et leur régime fantoche.


Parmi leurs ouvrages figure le livre "Rescapés des bagnes de Saigon, nous accusons", lequel a été traduit dans plusieurs langues. Lors de ces 40 dernières années, André Menras, en qualité d'enseignant, a participé activement à de nombreuses activités d'aide au Vietnam, notamment dans l'éducation.


L'Association d'amitié franco-vietnamienne pour le développement des échanges pédagogiques, dont il est le fondateur, a remis une bonne centaine de bourses d'études à des élèves vietnamiens démunis. Il a soutenu par ailleurs le Programme d'approvisionnement en eau potable pour l'archipel de Truong Sa (Spratley), et participé à plusieurs activités philanthropiques dans des régions rurales du Vietnam. - AVI