Hanoï (VNA) – Malgré une croissance impressionnante, les exportations vietnamiennes demeurent confrontées à plusieurs défis structurels : faible valeur ajoutée, concentration des marchés et exploitation encore limitée des accords de libre-échange (ALE).
Dans le contexte actuel, les entreprises sont appelées à passer d’une stratégie fondée sur les bas prix à un modèle axé sur la création de valeur, l’innovation au sein des chaînes d’approvisionnement et la consolidation d’une marque nationale forte.
Des performances en hausse mais une valeur ajoutée limitée
Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, la valeur des échanges commerciaux du Vietnam a atteint 800 milliards de dollars à la mi-novembre 2025. Avec la dynamique actuelle, le commerce extérieur devrait établir un nouveau record de plus de 900 milliards de dollars cette année, confirmant le rôle moteur des exportations dans l’économie nationale.
Cependant, de nombreux défis persistent. Le Dr Vo Tri Thành, directeur de l’Institut de recherche sur la stratégie de marque et la compétitivité, estime que, malgré la progression rapide du volume des échanges, la valeur ajoutée domestique reste faible. La plus grande partie des bénéfices de la chaîne d'exportation revient au secteur de l’investissement direct étranger (IDE), révélant les limites des entreprises vietnamiennes dans leur participation aux étapes à forte valeur ajoutée telles que la conception, les technologies, la logistique et la distribution.
La liaison entre les entreprises à capitaux étrangers et les entreprises vietnamiennes demeure également limitée. Par ailleurs, un déséquilibre persiste dans la structure des marchés : près de 45 % des recettes d’exportation proviennent des États-Unis et de la Chine, exposant les exportateurs vietnamiens aux fluctuations politiques et aux changements de préférences des consommateurs sur ces deux marchés principaux.
Un autre obstacle réside dans l’exploitation encore modeste des avantages générés par les ALE. Bien que le Vietnam ait signé plus de 17 accords, le taux d’utilisation des certificats d’origine préférentiels pour bénéficier des réductions tarifaires n’atteint en moyenne que 32–33 %. Cette situation s’explique par un manque d’informations sur les marchés, la faible capacité de production, des technologies obsolètes et le coût élevé de la mise en conformité avec les normes internationales.
Ces défis sont accentués par la transition mondiale vers une croissance verte et numérique. Les grands marchés comme l’Union européenne, les États-Unis ou le Japon renforcent leurs exigences en matière d’environnement, de travail et de traçabilité, exerçant une pression accrue sur les entreprises vietnamiennes, notamment les petites et moyennes entreprises.
Créer un nouvel élan pour les exportations
Face à l’évolution rapide du commerce mondial, le Vietnam doit générer un nouvel élan pour ses exportations, à la fois au niveau institutionnel et au niveau des capacités internes des entreprises.
Selon Trân Thanh Hai, directeur adjoint du Département de l’import-export du ministère de l’Industrie et du Commerce, l’amélioration des normes de qualité et la construction de marques nationales solides constituent des conditions indispensables pour maintenir la crédibilité des produits vietnamiens et accéder à de nouveaux marchés.
Pour sa part, le Dr Vo Tri Thành souligne que le Vietnam doit évoluer d’une stratégie « bas prix » vers un modèle fondé sur la création de valeur et le renforcement de la marque nationale, conformément aux tendances mondiales axées sur la durabilité, l’inclusion et l’innovation. Dans ce contexte, la capacité de se conformer aux standards internationaux devient un « passeport obligatoire » pour les exportateurs.
Sur le plan institutionnel, le ministère de l’Industrie et du Commerce élabore actuellement le programme « Atteindre les marchés internationaux pour la période 2026-2035 ».
Ce programme vise à accompagner les entreprises dans l’expansion durable vers les marchés mondiaux, optimiser l’utilisation des ALE de nouvelle génération, élever les normes vertes et promouvoir l’application du numérique dans les activités de promotion commerciale. Une mise en œuvre cohérente de ces mesures devrait permettre aux produits vietnamiens de renforcer leur position et d’accéder davantage aux segments à haute valeur ajoutée au cours de la prochaine décennie.– VNA