Exportations de produits agricoles: quand volonte rime avec intelligence hinh anh 1Des pomelos à peau verte du Vietnam (photo: VOV)
 
Hanoï (VNA) - Malgré les perturbations économiques survenues de par le monde, 2022 a été une année faste pour le secteur agricole vietnamien. En effet, avec un chiffre d’affaires de 53,22 milliards de dollars, soit une hausse de 9,3% par rapport à 2021, le pays a réalisé un record dans le domaines d’exportations agricoles, aquacoles et sylvicoles. Les produits agricoles ont représenté à eux seuls 22,59 milliards de dollars.

Ambitieux, le Vietnam voit plus grand. Pour stimuler la valeur de ses produits agricoles et devenir ainsi un maillon plus important des chaînes d’approvisionnement mondiales, notre pays encourage les agriculteurs et les entreprises à innover leurs pratiques et leurs chaînes de production. Où en est-on aujourd’hui?

En 2022, les produits agricoles vietnamiens auront été davantage présents en Europe, au Japon et aux États-Unis, qui passent pour être des marchés particulièrement exigeants. Il faut dire que chaque lot de produits exportés contient une part d’intelligence, de volonté et d’efforts...

Hô Van Loi habite la province de Bên Tre. Il cultive des pomelos à peau verte qu’il entretient en prenant bien soin de n’utiliser que des produits biologiques. Il doit éviter à tout prix que les insectes de viennent compromettre sa récolte…

«On m’a toujours expliqué qu’il fallait pulvériser des produits biologiques et surtout pas de produits chimiques. Moi, ces recommandations-là, je les suis à la lettre…», a-t-il dit.     

Des exigences strictes, donc, que nous confirme Nguyen Van Thai, chef adjoint de la coopérative de Bên Tre…    

«Il faut suivre le processus fixé pour l’exportation, en tenant un journal de bord, jour après jour. Les fruits qui ne répondent pas aux normes sont éliminés, de toutes façons…», a-t-il souligné.

Environ un mois avant la récolte, les agriculteurs et les entreprises exportatrices doivent contrôler les pomelos. S’ils sont trop ou pas assez sucrés, les agriculteurs doivent augmenter ou réduire les engrais pour obtenir des produits répondant aux normes.

L’irruption des pomelos à peau verte du Vietnam sur le marché américain en novembre 2022 est le résultat d’un processus de plus de cinq ans: cinq années au cours desquelles les modes de production ont évolué pour se conformer aux normes du marche mondial…   

C’est la société Chánh Thu qui a aidé les agriculteurs de Bên Tre à exporter leurs premiers pomelos à peau verte aux États-Unis. C’est aussi elle qui avait fait exporter le premier lot de mangues vietnamiennes aux États-Unis en 2019 et le premier lot de litchis vietnamiens au Japon en 2020.

Dans ses locaux, au petit matin, certains ouvriers nettoient des pomelos avant de les mettre dans des cartons destinés à être exportés aux États-Unis. D’autres collent des timbres sur la tige des durians qui seront exportés en Chine...

À midi, des employés en charge des achats de gros se rendent dans les vergers ou dans les coopératives. Dans la soirée, les fruits sont rassemblés dans les locaux de la société. Le traitement préliminaire se poursuit jusqu’à minuit.            

Selon les réglementations en vigueur aux États-Unis, les agriculteurs et les établissements en charge de l’emballage des produits doivent prendre des mesures pour éliminer les objets nuisibles et les fruits tombés au sol. Avant l’emballage, les pomelos à peau verte doivent être nettoyés, irradiés puis recouverts d’une couche de cire. Ils seront ensuite exportés munis d’un certificat phytosanitaire.

Pour Ngô Tường Vy, la directrice adjointe de la société Chánh Thu, le processus est certes exigeant, mais vaut d’être mené à terme…            

«Chaque marché a ses propres exigences. Autrefois, on pensait que le marché chinois était peu exigeant mais de nos jours, ses normes sont même plus rigoureuses qu’en Australie. L’Europe a ses normes, les États-Unis ont les leurs... Pour l’instant, Chánh Thu est la seule entreprise vietnamienne à pouvoir exporter aux États-Unis. Mais il a fallu attendre six ans pour y parvenir!», a-t-elle fait savoir.

La direction de la société Chánh Thu est consciente de l’importance des débouchés, mais aussi du maintien et du développement de ces marchés.

«Nous souhaitons exporter de plus en plus vers les États-Unis et accéder à d’autres marchés exigeants. Si nous pouvons créer une zone de production plus importante, avec un rendement plus important, nous pourrons accéder à un plus grand terrain de jeu: les hypermarchés des États-Unis», a-t-elle souligné.

L’entrée des produits agricoles vietnamiens dans des marchés exigeants par voie officielle traduit une option qui ne mise plus sur la quantité mais sur la qualité, et donc sur le développement de labels nationaux.  

«Nous devons être responsables de chaque produit proposé aux clients. Une stratégie qui me tient à cœur, c’est de présenter des produits de qualité à l’étranger...», a-t-elle dit.

En 2022, de nombreux produits agricoles vietnamiens ont été exportés par voie officielle vers des marchés exigeants: les durians en Chine, les longanes au Japon, les pomelos aux États-Unis, les limes et les pomelos en Nouvelles Zélande...

Le 2 septembre 2022, les premiers sacs de riz vietnamiens du groupe Lôc Troi ont fait leur apparition sur les étals des hypermarchés Édouard Leclerc, en France, ce qui montre que le riz vietnamien répond désormais aux normes européennes… Depuis de nombreuses années, les drones ont remplacé les agriculteurs pour irriguer ou pulvériser de l’engrais sur les rizières, qui sont bien souvent rassemblées en de grandes exploitations.

Grâce à l’utilisation des engrais biologiques, les rizières connaissent de grands changements: le retour des araignées, des coccinelles, des libellules, des insectes utiles aux plantes. Les terres sont aussi plus fertiles.

Les agriculteurs s’associent à des entreprises pour produire du riz. Le contrat est signé dès le début d’une récolte. Selon Huynh Văn Thon, le président du groupe Lôc Troi, la détermination des agriculteurs et des entreprises à entrer dans un terrain de jeu plus grand les rend plus forts et plus autonomes.              

«Si nous introduisons les normes mondiales dans la production agricole, depuis la traçabilité jusqu’à la délivrance du code en passant par le processus de production, les labels de nos riz et de nos produits agricoles dans l’ensemble seront plus prestigieux. Cela facilite aussi l’accès des investisseurs», a-t-il déclaré.

L’agriculture de hautes technologies est une tendance inéluctable du Vietnam. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Trân Duy Khanh, le directeur de l’Institut des hommes d’affaires de l’APEC, dans une interview accordée à la Voix du Vietnam.       
 
Exportations de produits agricoles: quand volonte rime avec intelligence hinh anh 2Trân Duy Khanh, le directeur de l’Institut des hommes d’affaires de l’APEC (photo: petrotimes.vn)


«Au Vietnam, l’agriculture de hautes technologies est une chose assez récente, mais elle est déjà appliquée dans certains projets. Par exemple, chez Vinamilk, les champs sont irrigués automatiquement, les soins des vaches sont aussi automatiques... Un autre exemple, dans la province de Lâm Dông, l’horticulture est pratiquée dans des serres où la température et l’arrosage sont complètement automatiques. Les hautes technologies sont aussi appliquées dans la sylviculture et l’aquaculture».

L’agriculture high tech est donc une tendance inévitable?          

«J’ai rencontré de nombreuses entreprises. Elles veulent importer des chaînes de productions modernes. Les agriculteurs, eux, ont changé leur mode de pensée. Ils participent à la chaîne de production, depuis la sélection des semences ou des animaux de souche jusqu’à la transformation des produits pour l’exportation, en passant par les soins des plantes ou des animaux. On peut constater que l’agriculture de hautes technologies est une tendance inéluctable, au Vietnam comme dans le reste du monde».  

Comment l’application des hautes technologies  changera-t-elle l’agriculture?

«À mon avis, l’agriculture vietnamienne se trouve face à de grandes opportunités. Le Vietnam est un pays tropical qui a différents fruits durant toute l’année. Je suis convaincu que si les hautes technologies sont appliquées à grande échelle au Vietnam, elles permettront de créer une percée dans la production agricole marchande, de mieux répondre à la demande de la société et de faciliter le développement durable de l’agriculture».

Dans son discours de clôture du cinquième plénum du comité central du Parti communiste vietnamien, en mai 2022, le secrétaire général Nguyên Phu Trong a souligné que l’agriculture était un atout national et qu’il fallait désormais se baser sur les sciences et les technologies…

Le Vietnam veut se donner les moyens d’exploiter au mieux les ressources, les potentiels, la créativité et l’intelligence des agriculteurs et des entreprises. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Lê Minh Hoan, ministre de l’Agriculture et du Développement rural…

«Le Vietnam exporte ses produits vers de nombreux marchés pour diversifier ses débouchés. Nous avons pu montrer que nos produits agricoles répondent aux normes des marchés les plus exigeants. Les entreprises et les agriculteurs commencent à avoir une pensée marchande: vendre ce dont a besoin le marché au lieu de vendre ce que l’on a. L’exportation du riz en Europe et au Japon montre que nous misons maintenant sur la qualité plutôt que sur la quantité. Nous cherchons aussi à satisfaire les exigences de chaque marché: UE, Japon, États-Unis».

Quels sont les éventuels changements du secteur agricole?

«Quand on change de pensée, on change de vie, quand on change d’approche, on change d’itinéraire... On peut constater qu’une mentalité d’économie agricole a remplacé une mentalité de production agricole. Nous ne pouvons plus prendre la quantité comme objectif. De nombreuses études de la part des scientifiques et de nombreuses initiatives de la part des associations agricoles tendent à créer plus de valeur ajoutée. Les nouveaux modèles agricoles ont créé un nouveau souffle. La connexion entre l’État, le marché et la société, celle entre l’État, les entreprises agricoles et les agriculteurs, ce sont les valeurs inclusives de 2022».

Quelles sont, alors, les orientations proposées par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural pour 2023 afin d’instaurer une agriculture harmonieuse, durable et multivolume…

«De nos jours, on évalue les produits agricoles non seulement par leur prix, leur qualité, mais aussi par le processus de culture ou d’élevage dont ils sont issus: est-il respectueux de l’environnement? Menace-t-il la biodiversité? Lors de la COP26, organisée en octobre 2021, au Royaume-Uni, le Vietnam s’est engagé à ramener ses émissions nettes à zéro d'ici 2050. Notre pays s’engage à instaurer une agriculture responsable et durable. Nous participons à l’approvisionnement alimentaire mondial. Ces engagements doivent être traduits par des actes concrets de la part des agriculteurs et des entreprises».

Exportés depuis des dizaines d’années, les produits agricoles vietnamiens s’affirment dans des marchés exigeants. En exportant leurs produits dans le monde entier, les agriculteurs et les entreprises contribuent à rendre le pays plus prospère et plus durablement développé.-VOV/VNA