À Dà Lat, chef-lieu de la province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre, les fleurs symbolisent la vitalité de la terre, de la nature et des hommes.

Ici, les variétés ne se comptent plus. Toutes ces fleurs permettent d'embellir les lieux, notamment les espaces verts, et constituent un "produit commercial " de valeur qui permet de subvenir à tous les besoins de la population en lui assurant un revenu pérenne.

La ville de Dà Lat s'est formée en 1893, à la suite d'une visite de découverte du docteur français Alexandre Yersin sur les hauts plateaux de Liang-Biang. Une jolie contrée perchée à 1.500 mètres d'altitude où convergent chutes d'eau écumeuses, lacs aux eaux limpides, collines couvertes de pins et tout un panel de fleurs plus ravissantes les unes que les autres, parfois très rares. Cohabitent également en ces lieux plusieurs ethnies minoritaires comme les Ma, les Co Ho, les Chu Ru... dont la vie est étroitement liée aux fêtes des gongs, feux de camps et autre "ruou cân" (alcool de riz à siroter avec une paille en bambou). Les habitants du cru vivent de la culture sur brûlis et de la culture florale.

À Dà Lat, la floriculture n'a pas une tradition ancestrale comme c'est le cas pour les villages floricoles de Hanoi, comme Ngoc Hà ou Nhât Tân. Pourtant, sur cette terre d'altitude, nombre de villages jouissent d'une renommée pour leurs fleurs si singulières, telles que les chrysanthèmes de Thai Phiên et d'Hà Dông, les roses d'An Son et de Van Thành, les glaïeuls de Xuân Truong et de Xuân Tho...

En effet, la floriculture se pratique à Dà Lat seulement depuis les années 30 du dernier siècle. Avec le temps, les zones floricoles ont pris de l'ampleur pour embrasser toute la région environnante, dont les communes de Duc Trong et de Don Duong.

Ces dix dernières années, Lâm Dông a attiré de nombreuses entreprises étrangères désireuses d'investir dans ce secteur. À savoir la sarl Agrivina (Dalat Hasfarm), la sarl Bonie Farm et Apolo (à Don Duong) et la compagnie des fleurs de Truong Xuân (à Bao Lâm). La ville de Dà Lat recense actuellement 3.100 ha de cultures de fleurs (contre 110 ha en 1997) et produit chaque année d'un à 1,2 milliard d'unités. De nombreuses familles floricultrices à Dà Lat parviennent à obtenir plus de 150 millions de dôngs par hectare et par an. Chose remarquable, le village de Thai Phiên, un pionnier dans la floriculture du coin, compte jusqu'à 500 familles spécialisées dans ce domaine. Et 80% de ses terres arables (450 hectares) sont fleuries durant l'année.

Depuis toujours, la floriculture occupe une place importante dans l'économie de Dà Lat. Si les conditions climatiques et la qualité des sols que l'on y trouve favorisent la croissance de nombreuses espèces de fleurs précieuses, les cultivateurs disposent aujourd'hui d'un solide bagage dans ce métier traditionnel, fruit de longues années d'expérience accumulée. Quinze ans après l'introduction des progrès technologiques dans la production florale, Dà Lat est fière de posséder actuellement une "banque de fleurs" dotée de centaines d'espèces différentes. Elle compte à présent 35 laboratoires où les fleurs sont multipliées grâce à des techniques avancées, et d'une multitude de serres où l'arrosage se fait au moyen des technologies empruntées à Israël. Tout cela a fait de cette ville un "Royaume fleuri" où les fleurs sont, mieux qu'ailleurs au Vietnam, splendides, variées et résistantes.

À l'heure actuelle, les fleurs de Dà Lat se présentent avec orgueil partout dans le pays. Mais pas que, montrant leur joli minois par delà les frontières nationales en s'exportant au Japon, en Australie, dans l'Union européenne, à Taïwan, Singapour… En 2009, Lâm Dông a exporté une centaine de millions de tiges de fleurs pour une valeur de 12,506 millions de dollars. Entre 2006 et 2010, les exportations ont atteint une croissance moyenne annuelle de 27,45%, contre 20,23% toutes exportations de la province confondues. Les plus demandées sur le marché japonais sont les roses séchées, dont le prix est dix ou douze fois supérieur à celui des fleurs fraîches. Les corbeilles de fleurs sont aussi très prisées.

Néanmoins, la quantité des fleurs exportées de Dà Lat n'occupe que 2% de sa production totale. Une situation qui laisse perplexe les autorités de la ville. Dans le plan général de restructuration économique vers 2020 de la ville de Dà Lat et de la province de Lâm Ðông est noté en particulier le rôle important de Dà Lat, qui doit devenir une grande région productrice de fleurs de qualité non seulement de la province mais encore du pays. Ainsi, un programme de développement de la floriculture à l'aide des hautes technologies a été lancé. Objectif : transformer Dà Lat en un centre floricole industrialisé d'envergure, capable de fournir suffisamment de fleurs de qualité à la consommation domestique et à l'exportation.

En 2004, la ville a organisé la première édition du Festival de fleurs de Dà Lat. Un franc-succès jusqu'à maintenant, puisque cette initiative a maintes fois été reconduite. Les habitants locaux ont accueilli officiellement la décision du Premier ministre Nguyên Tân Dung, reconnaissant Dà Lat comme la première ville des floralies du Vietnam.

Le Festival de fleurs de Dà Lat 2010 a été organisé en janvier dernier, ouvrant le bal des activités culturelles en l'honneur du millénaire de Thang Long-Hanoi. Intitulé pour cette édition spéciale "Dà Lat, ville aux milliers de fleurs", ce festival a été le théâtre d'une multitude d'activités et de spectacles à couper le souffle. Un événement culturel au niveau national qui vise à présenter et à mettre en exergue les fleurs et les horticulteurs de la localité.

Omniprésentes dans les parcs, sur les chemins, les balcons des maisons, autour du lac Xuân Huong, les fleurs caractérisent cette ville d'altitude surnommée la ville florale par la beauté éblouissante de ses mimosas, roses, oeillets, lys, chrysanthèmes, orchidées... C'est une occasion de se rencontrer, d'échanger et de partager moult expériences pour les amoureux des fleurs, les horticulteurs et les chercheurs nationaux comme étrangers.

Cet évènement a réuni des centaines artistes, amateurs, gens de passage et les ethnies minoritaires de la province de Lâm Dông. De plus, le festival a attiré plusieurs investisseurs domestiques et étrangers contribuant au développement de la ville de Dà Lat et du centre de production florale national qu'elle constitue. -AVI