Dans le pays, près de 8 millions de jeunes issus d’ethnies minoritaires sont en âge de travailler. Le Programme national 1956, mis en oeuvre depuis 2009, a pour but de leur donner une formation professionnelle. Toutefois, ses résultats sont toujours insatisfaisants.
Le Programme national 1956 de formation professionnelle des jeunes des zones rurales, défini en 2009 par la décision gouvernementale N°1956, accorde une priorité aux ethnies minoritaires. Son objectif est de former 10,6 millions de ces personnes d’ici 2020. Mais, deux années après son lancement, les résultats sont assez décevants.
Selon les statistiques de 2012, parmi les près de 8 millions de jeunes appartenant aux ethnies minoritaires en âge de travailler recensés dans les 63 provinces et villes du pays, seulement 836.600 personnes - soit 9,5% - ont bénéficié d’une formation professionnelle de courte durée, c’est-à-dire de trois mois. Pire, peu d’entre elles ont pu par la suite vivre de leur métier. «J’ai suivi une formation en couture au Centre d’apprentissage de Tuong Duong. Après, j’ai cherché en vain un emploi, car il n’y a aucune entreprise de confection dans mon district», confie Quach Thi Hông, de la province de Nghê An.
Causes des lacunes
La mise en œuvre du programme dans les districts montagneux peuplés par les ethnies minoritaires ne va pas toujours de soi. En dehors du poids certain des investissements réalisés pour construire et équiper les centres d’apprentissage, l’orientation professionnelle ne semble pas parfaitement rationnelle.
Selon Nguyên Manh Hung, directeur du Centre de Tân Ky au Nghê An, ce dernier, dont la construction a coûté 1,5 milliard de dôngs, enseigne les métiers de la couture, de la réparation électromécanique et de la soudure. La surprise, c’est que ces 12 ateliers modernes sont en majorité vides, faute d’élèves mais aussi d’enseignants. «En fait, les métiers figurant au programme d’apprentissage n’existent pas actuellement dans cette région reculée», explique-t-il, ce qui le rend soucieux au regard de ses objectifs de former entre 2011 et 2015 quelque 12.000 personnes selon le plan fixé par le district de Tân Ky.
Selon le rapport de mi-2013 du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales (MTIGAS, responsable du Programme 1956), il existe dans les 51 provinces et villes possédant le plus de jeunes d’ethnies minoritaires 1.197 centres d’apprentissage pour les personnes vivant en zone rurale. Fin 2012, seulement 468 centres ont pu être achevés pour un coût total de 2.300 milliards de dôngs. En trois années, de 2010 à 2012, le nombre de travailleurs formés ne s’est élevé qu’à un peu plus de 836.600 personnes. Au niveau national, cela ne donne que 232 personnes formées par chacun des 1.197 centres d’apprentissage.
Quant à la faible fréquentation des centres d’apprentissage, elle tient d’abord aux conditions de vie très difficiles, selon un responsable. Bien qu’ils bénéficient d’une bourse d’études, les apprentis ont toujours des difficultés pour avoir de quoi payer leurs déplacements, leur hébergement et leur nourriture. «Chacun doit y consacrer au moins 700.000 dôngs par mois, ce qui est une somme dépassant les capacités financières d’une famille moyenne en montagne», explique Va Y, un apprenti H’Mông du Centre de Ky Son, dont le village Muong Lông est à une vingtaine de kilomètres.
Enfin, la gratuité de cette formation professionnelle pour les jeunes des ethnies minoritaires n’est pas connue de tous les intéressés. Nombreuses sont les localités où les habitants ne le connaissent pas. À cela s’ajoute un autre problème, selon le rapport du MTIGAS : sur le total des 554 districts bénéficiant du programme 1956, plusieurs dizaines ne parviennent pas à créer leur comité de pilotage, et la moitié n’a pas toujours de cadres spécialisés pour encourager l’apprentissage chez les jeunes.
Des localités exemplaires
La province de Gia Lai, sur les hauts-plateaux du Centre (Tây Nguyên), est l’une des localités exemplaires dans la mise en œuvre du Programme 1956. En collaboration avec les administrations compétentes et les entreprises locales, les centres d’apprentissage ont ouvert progressivement des formations, avec plus de 25.700 diplômés. Selon les données de la province, le taux de travailleurs qualifiés a atteint 30% des ressources humaines locales.
Les métiers faisant l’objet d’une formation, ont été sélectionnés en fonction des conditions locales : mécanique (machines agricoles, motos), myciculture, techniques agricoles, de l’élevage et des soins vétérinaires, tissage de brocard, traitement des produits agricoles après récolte, menuiserie...
«Dans une certaine mesure, former les jeunes ruraux revient à faire d’une pierre deux coups : leur donner un métier rémunérateur, et élever leur niveau d’instruction», observe Nguyên Tân Thanh, responsable du Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Gia Lai.
Dans la province de Dak Nông (Tây Nguyên), neuf centres d’apprentissage créés en 2013 ont pu former plus de 3.000 jeunes des ethnies minoritaires. Cette réussite tient pour une part importante au corps enseignant, composé d’ingénieurs, de techniciens, d’artisans qualifiés et d’agriculteurs expérimentés.
L’École d’apprentissage N°8 du ministère de la Défense, située dans la province de Dông Nai (Sud), est aussi un précurseur. Selon son recteur, le capitaine Trân Anh Thu, cet établissement a reçu près de 4.000 apprentis issus de 26 ethnies minoritaires de Dông Nai. Des 1.700 qui ont été diplômés, 85% ont aujourd’hui un travail stable.
«Mener à bonne fin le Programme 1956 est une tâche importante au niveau national», selon la ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, Pham Thi Hai Chuyên. Pour ce, le MTIGAS a soumis au gouvernement un projet de modification du Programme 1956. -CVN/VNA
Le Programme national 1956 de formation professionnelle des jeunes des zones rurales, défini en 2009 par la décision gouvernementale N°1956, accorde une priorité aux ethnies minoritaires. Son objectif est de former 10,6 millions de ces personnes d’ici 2020. Mais, deux années après son lancement, les résultats sont assez décevants.
Selon les statistiques de 2012, parmi les près de 8 millions de jeunes appartenant aux ethnies minoritaires en âge de travailler recensés dans les 63 provinces et villes du pays, seulement 836.600 personnes - soit 9,5% - ont bénéficié d’une formation professionnelle de courte durée, c’est-à-dire de trois mois. Pire, peu d’entre elles ont pu par la suite vivre de leur métier. «J’ai suivi une formation en couture au Centre d’apprentissage de Tuong Duong. Après, j’ai cherché en vain un emploi, car il n’y a aucune entreprise de confection dans mon district», confie Quach Thi Hông, de la province de Nghê An.
Causes des lacunes
La mise en œuvre du programme dans les districts montagneux peuplés par les ethnies minoritaires ne va pas toujours de soi. En dehors du poids certain des investissements réalisés pour construire et équiper les centres d’apprentissage, l’orientation professionnelle ne semble pas parfaitement rationnelle.
Selon Nguyên Manh Hung, directeur du Centre de Tân Ky au Nghê An, ce dernier, dont la construction a coûté 1,5 milliard de dôngs, enseigne les métiers de la couture, de la réparation électromécanique et de la soudure. La surprise, c’est que ces 12 ateliers modernes sont en majorité vides, faute d’élèves mais aussi d’enseignants. «En fait, les métiers figurant au programme d’apprentissage n’existent pas actuellement dans cette région reculée», explique-t-il, ce qui le rend soucieux au regard de ses objectifs de former entre 2011 et 2015 quelque 12.000 personnes selon le plan fixé par le district de Tân Ky.
Selon le rapport de mi-2013 du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales (MTIGAS, responsable du Programme 1956), il existe dans les 51 provinces et villes possédant le plus de jeunes d’ethnies minoritaires 1.197 centres d’apprentissage pour les personnes vivant en zone rurale. Fin 2012, seulement 468 centres ont pu être achevés pour un coût total de 2.300 milliards de dôngs. En trois années, de 2010 à 2012, le nombre de travailleurs formés ne s’est élevé qu’à un peu plus de 836.600 personnes. Au niveau national, cela ne donne que 232 personnes formées par chacun des 1.197 centres d’apprentissage.
Quant à la faible fréquentation des centres d’apprentissage, elle tient d’abord aux conditions de vie très difficiles, selon un responsable. Bien qu’ils bénéficient d’une bourse d’études, les apprentis ont toujours des difficultés pour avoir de quoi payer leurs déplacements, leur hébergement et leur nourriture. «Chacun doit y consacrer au moins 700.000 dôngs par mois, ce qui est une somme dépassant les capacités financières d’une famille moyenne en montagne», explique Va Y, un apprenti H’Mông du Centre de Ky Son, dont le village Muong Lông est à une vingtaine de kilomètres.
Enfin, la gratuité de cette formation professionnelle pour les jeunes des ethnies minoritaires n’est pas connue de tous les intéressés. Nombreuses sont les localités où les habitants ne le connaissent pas. À cela s’ajoute un autre problème, selon le rapport du MTIGAS : sur le total des 554 districts bénéficiant du programme 1956, plusieurs dizaines ne parviennent pas à créer leur comité de pilotage, et la moitié n’a pas toujours de cadres spécialisés pour encourager l’apprentissage chez les jeunes.
Des localités exemplaires
La province de Gia Lai, sur les hauts-plateaux du Centre (Tây Nguyên), est l’une des localités exemplaires dans la mise en œuvre du Programme 1956. En collaboration avec les administrations compétentes et les entreprises locales, les centres d’apprentissage ont ouvert progressivement des formations, avec plus de 25.700 diplômés. Selon les données de la province, le taux de travailleurs qualifiés a atteint 30% des ressources humaines locales.
Les métiers faisant l’objet d’une formation, ont été sélectionnés en fonction des conditions locales : mécanique (machines agricoles, motos), myciculture, techniques agricoles, de l’élevage et des soins vétérinaires, tissage de brocard, traitement des produits agricoles après récolte, menuiserie...
«Dans une certaine mesure, former les jeunes ruraux revient à faire d’une pierre deux coups : leur donner un métier rémunérateur, et élever leur niveau d’instruction», observe Nguyên Tân Thanh, responsable du Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Gia Lai.
Dans la province de Dak Nông (Tây Nguyên), neuf centres d’apprentissage créés en 2013 ont pu former plus de 3.000 jeunes des ethnies minoritaires. Cette réussite tient pour une part importante au corps enseignant, composé d’ingénieurs, de techniciens, d’artisans qualifiés et d’agriculteurs expérimentés.
L’École d’apprentissage N°8 du ministère de la Défense, située dans la province de Dông Nai (Sud), est aussi un précurseur. Selon son recteur, le capitaine Trân Anh Thu, cet établissement a reçu près de 4.000 apprentis issus de 26 ethnies minoritaires de Dông Nai. Des 1.700 qui ont été diplômés, 85% ont aujourd’hui un travail stable.
«Mener à bonne fin le Programme 1956 est une tâche importante au niveau national», selon la ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, Pham Thi Hai Chuyên. Pour ce, le MTIGAS a soumis au gouvernement un projet de modification du Programme 1956. -CVN/VNA