Professeur et traducteur connu, Buu Y, âgé de 77 ans, a consacré toute sa vie à la promotion de la langue française.
Un jour particulier du professeur Buu Y. Cheveux gris, bras ouverts, doux sourire, il accueille une ancienne étudiante de l’École normale supérieure de Huê. Il a travaillé à cette école pendant plus de 20 ans en assumant plusieurs fonctions différentes dont le doyen du Département de français. Il ne cache pas sa joie lorsque son ancienne élève, Nguyên Thi Ngoc Câm, doyenne du Département du tourisme à l’Université de Huê, lui offre son article intitulé Mon professeur : un exemple de talent et de vertu.
Dans cet article, Ngoc Câm se confie et le remercie pour lui avoir transmis la passion du français. «À l’université, j’ai eu l’occasion de suivre les cours du prof. Buu Y sur la littérature française et la traduction. Je suis enseignante depuis 20 ans. Je m’inspire depuis longtemps de ses méthodes d’enseignement», confie-t-elle. Et d’ajouter qu’«il ne nous donnait jamais les solutions afin de nous laisser travailler sur le problème. Malgré tout, aux examens, les questions qu’il nous posait étaient d’un niveau normal afin que tous les étudiants pouvaient réussir. J’apprécie cette méthode».
Buu Y, de son vrai nom Nguyên Phuoc Buu Y, est né en 1937 à Thua Thiên-Huê, dans une famille d’extraction royale. Dès l’enfance, il a étudié le français à l’Institut de la Providence, puis au Lycée Français (Bac, première partie) et Lycée Yersin de Dà Lat (Bac, 2e partie). Septuagénaire, Buu Y garde toujours de beaux souvenirs de cette époque. Il n’oublie jamais les cours de français où ses amis et lui jouaient le rôle des souris, des corbeaux pour représenter les fables de la Fontaine, des pièces de Corneille, de Racine ou de Molière. Des cours de dictée ou des heures d’étude des différences époque de la littérature française avec les œuvres des grands noms, tout est gravé dans sa mémoire. «Les professeurs français m’ont beaucoup appris. Dès la quatrième, on devait beaucoup travailler. Par exemple, chaque écolier devait lire une œuvre et faire un exposé. Les professeurs nous encourageaient toujours à lire et à parler fort, sans hésitation. Parfois, nous devions déclamer des poèmes ou jouer des pièces», se souvient-il.
Un traducteur dévoué
Buu Y s’intéresse à la musique, à la littérature et particulièrement à la traduction du français au vietnamien. Il a réussi à traduire 15 œuvres. Buu Y privilégie la traduction des œuvres d’André Gide comme Les faux monnayeurs, L’immoraliste, Le retour de l’enfant prodigue… Il considère ce qu’il a appris sur la littérature française comme un trésor. Néanmoins, pour lui la traduction n’est pas quelque chose de personnel mais est un moyen de partager et de transmettre la culture française à ses élèves et aux jeunes générations.