Agent orange: les victimes vietnamiennes ne sont pas seules
Bien que la demande de procès des victimes
vietnamiennes de l'agent orange contre les compagnies chimiques
américaines a été rejetée par la Cour américaine, nombreux amis de par
le monde, voire des organisations et des vétérans américains,
poursuivent la lutte, non seulement pour les victimes mais encore pour
la justice et la conscience de l'humanité.
La 2e conférence internationale des victimes de l'agent orange/dioxine
a été inaugurée lundi, à Hanoi, à l'occasion du 50e anniversaire du
début de l'épandage de ce défoliant au Vietnam (10 août 1961).
Mme Jeanne Mirer, présidente de l'Association internationale des
juristes démocrates, coordinatrice du Comité de mobilisation de l'aide
et de la responsabilité envers les victimes vietnamiennes de l'agent
orange/dioxine des Etats-Unis, a souligné que "ces 50 années d'attente
pour la justice et les indemnités sont trop longues''.
"Nous nous voyons aujourd'hui pour réaffirmer qu'il est grand temps de
rendre justice aux victimes de l'agent orange'', a-t-elle poursuivi.
Elle a informé que le Comité de mobilisation de l'aide et de la
responsabilité envers les victimes vietnamiennes de l'agent
orange/dioxine des Etats-Unis est en train d'élaborer une campagne
nationale afin d'inciter le Congrès américain à approuver le
financement d'un programme de soins et de rééduction fonctionnelle à
l'intention des victimes et de l'assainissement des zones polluées par
ce toxique.
Len Aldis, secrétaire général de
l'association d'amitié Grande-Bretagne-Vietnam, a appelé l'opinion
publique à passer résolument à l'action pour que justice soit enfin
rendue aux victimes vietnamiennes.
Il a exprimé son
indignation devant le refus par l'administration et des compagnies
chimiques américaines d'endosser leur responsabilité et de dédommager
les victimes vietnamiennes. Il a jugé nécessaire d'organiser un
séminaire international à ce sujet et de lancer une interdiction
internationale contre tous les produits de Monsanto, l'une des 37
compagnies chimiques américaines ayant approvisionné l'Armée américaine
en agent orange pendant la guerre au Vietnam.
Mme
Rosemarie-Mizo, présidente du Comité international du village d'amitié
Van Canh (Vietnam), dont le mari, un vétéran américain de la guerre au
Vietnam, est mort de l'agent orange, a souligné que "nous devons
oeuvrer ensemble pour aider et rendre justice aux enfants, aux vétérans
et aux futures générations du Vietnam".
Elle a ajouté
que le village d'amitié Van Canh a pris en charge ces 13 dernières
années plus de 3.000 vétérans de guerre et plus de 500 enfants
handicapés victimes de l'agent orange.
Tous les membres
du Comité international du village de Huu Nghi au Canada, en Allemagne,
en France, au Japon et aux Etats-Unis ont déclaré qu'ils continueraient
de soutenir les victimes vietnamiennes de l'agent orange.
"Plus que jamais, justice doit être rendue aux victimes" et "un soutien
international au Vietnam doit voir le jour", a estimé Roberto Cocevari,
vice-président de l'association d'amitié Italie-Vietnam.
"Cette conférence internationale des victimes de l'agent orange/dioxine
est l'occasion de rassembler tous les peuples pour exiger d'une même
voix que justice soit enfin rendue au peuple vietnamien", a dit le
juriste Roland Weyl, de l'association des juristes de France.
D'après l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam
(VAVA), de 1961 à 1971, ce sont 80 millions de litres de défoliants qui
ont été épandus par l'armée américaine sur le théâtre d'opération au
Vietnam, lesquels contenaient près de 400 kilogrammes de dioxine.
Environ 4,8 millions de Vietnamiens ont été contaminés par la dioxine,
dont environ 3 millions en sont des victimes directes.-AVI