L’Institut national d’études sur la gestion économique vient de rendre public le 3 avril un rapport intitulé «Bilan et évaluation globale de la situation socioéconomique du Vietnam cinq ans après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC)». Il propose in fine l’ensemble des grandes mesures à prendre, en cinq domaines, afin d’assurer le succès de la prochaine période de développement de l’économie vietnamienne.

Environnement du commerce et capacités concurrentielles

Sur ce point, ce rapport évoque trois tâches à mener à bien. D’une part, le Vietnam doit poursuivre l’amélioration de son environnement d’affaires comme de ses capacités concurrentielles. Ce qui implique selon cet institut une profonde réforme de l’administration et une application des politiques économiques opportune, souple et générale sur l’ensemble du territoire. Pour ce, il souligne également la nécessité d’une étroite synergie dans l’activité des ministères et des administrations centrales comme locales.
D’autre part, le rapport insiste sur l’importance d'équilibrer la balance commerciale de manière stable parallèlement avec le rehaussement de la capacité de production et d'exportation des entreprises domestiques. Sans oublier d’améliorer la qualité des produits.

Enfin, le Vietnam doit élever ses capacités concurrentielles, et ce, aux trois niveaux que sont l’État, les entreprises et leurs produits. Une telle mission nécessite d’améliorer la compétitivité des secteurs disposant de potentiels mais aussi de soutenir ceux qui sont plus faibles, et de fortement inciter les entreprises à renouveler complètement leurs technologies. Il s’agit également de réorganiser et de mieux réguler les secteurs banco-financiaires afin de limiter au minimum les risques, de poursuivre le développement des infrastructures, d’attirer l’investissement dans l’industrie auxiliaire et, enfin, de libéraliser le commerce et l’investissement.

Modèle de croissance

Le rapport considère que la restructuration de l’économie nationale doit être poursuivie non seulement dans l’optique de l’institution d’une économie de marché à orientation socialiste, mais aussi, désormais, dans celle d’un changement de modèle de croissance durant la période 2013-2020. En d’autres termes, d’augmenter la valeur ajoutée, compétitivité et productivité.

Par ailleurs, compte tenu des effets de l’intégration du pays à l’économie mondiale, les ministères et administrations doivent définir des politiques de soutien des entreprises domestiques, orienter l’investissement vers les secteurs de pointe, faciliter l’accès aux technologies avancées pour augmenter la valeur ajoutée et la qualité des produits, réduire autant que faire se peut les charges des entreprises du secteur de la production, ainsi que généraliser et renforcer l’application de la mercatique. Les entreprises sont encouragées à profiter des opportunités des accords de libre-échange afin de créer des débouchés à l’étranger et de passer de la sous-traitance à l'exportation directe.

Efficience de l’investissement

L’Institut national d'études sur la gestion économique confirme dans son rapport la nécessité d’éliminer tous les projets d’investissements directs étrangers non rentables ou inutiles, d’orienter les flux de capitaux vers le secteur de la production, ainsi que de revoir la répartition des compétences en matière d’administration de l’investissement dans le cadre de la décentralisation.
Parallèlement, des politiques devront être définies en matière d’économie des ressources nationales, d’attrait de l’investissement dans les infrastructures, ainsi que de soutien du développement socioéconomique des zones reculées du pays, des grandes zones industrielles et, plus généralement, des projets générateurs d’emplois.

D’autres mesures sont envisagées, notamment sur l’amélioration de l’efficience de l’investissement - en particulier du secteur public en procédant à sa restructuration, l’optimisation de la gestion des plans d’aménagement, le renforcement de la promotion de l’investissement, la définition de politiques à l’attention des groupes internationaux afin de susciter leur implantation, ou encore, la poursuite de l’amélioration des politiques d’investissement à l’étranger pour les entreprises domestiques en vue de développer leurs marchés.

Réduire les exportations de produits bruts

En matière de politique du commerce, le gouvernement doit d’abord réduire l’export de produits brut, ainsi que définir des normes réglementaires de qualité pour les produits destinés à l’export. Par ailleurs, il faut encourager le développement des technologies de traitement et de conservation, ainsi qu’un approfondissement des relations entre producteurs et exportateurs.
Ce rapport propose d’améliorer les méthodes de prévisions du marché international et de renforcer la coopération avec les exportateurs d’envergure afin d’échanger l’expérience et maîtriser le marché mondial.

Les importations d’équipements, de matières premières, de technologies avancées et d’équipements d’économie d’énergie devraient davantage être privilégiés.

Concernant le marché domestique, le développement du réseau de distribution par les entreprises nationales est indispensable. La grande distribution doit davantage s’intéresser aux zones rurales, surtout en soutenant les coopératives agricoles et d’artisanat. La campagne «Les Vietnamiens consomment vietnamien» lancée par le ministère de l'Industrie et du Commerce doit être poursuivie.

Stabiliser l’économie

Le Docteur Vo Tri Thành, directeur adjoint de l’Institut national d’études sur la gestion économique souligne que la stabilisation de l’économie est la plus importante tâche afin que le Vietnam intègre avec succès l’économie mondiale. Ce qui exige une étroite synergie entre politiques financières et monétaire.

Selon lui, la politique en matière de taux de change entre le dollar américain et le dông devrait davantage chercher à assurer une meilleure compétitivité des produits vietnamiens sur le marché international. De plus, le développement d’une base de données au service de l’analyse des marchés est indispensable.

Dans les temps à venir, le pays doit mieux surveiller la balance du commerce extérieur et son système financier, ainsi que coopérer davantage avec les pays de la région, à commencer par ceux de l’ASEAN, notamment pour faire face aux risques financiers et monétaires communs. – AVI