Une meilleure assurance santé pour les sidéens
Les
cabinets de consultation spécialisés en toxicomanie et les cliniques
externes dépendants des centres de médecine préventive ne sont pas
reconnus par les assurances maladie. Aussi les services de santé
encouragent-ils les porteurs du virus à se rendre dans des cabinets
médicaux locaux afin que les assurances jouent en leur faveur.
Toutefois, jusqu'à présent, le nombre de ces malades inscrits dans ces
cabinets médicaux reste faible. Une situation due bien souvent à des
obstacles d’ordre psychologique.
Début 2013, Hô Chi
Minh-Ville a permis le transfert à titre expérimental de malades
contaminés par le VIH en état stationnaire vers les cabinets de
quartiers et communes du 8e arrondissement et de Thu Duc afin de les
soigner et de rembourser leurs frais de traitement via les assurances.
Cependant, seulement 30% à 35% des personnes infectées par le VIH/Sida
sont titulaires de cartes d'assurance maladie.
Selon Trân
Hùng Phong, directeur adjoint du Centre de médecine préventive du 8e
arrondissement, seulement 10% des sidéens ont été dirigés vers les
cabinets des quartiers 16 et 9 de son arrondissement. Les autres malades
ne veulent pas y être traités parce qu’ils veulent rester loin des
regards, particulièrement ceux de leurs proches et de leurs voisins.
Parmi les malades inscrits dans ces centres sanitaires, seuls
quelques-uns sont couverts par la sécurité sociale. C’est le cas du
cabinet du quartier 16 qui prend en charge 16 patients dont seulement
quatre possèdent une carte d'assurance santé.
Ces quatre
malades travaillent en entreprise, aussi bénéficient-ils naturellement
d’une assurance maladie grâce à leur contrat de travail. Ils ont la
chance de bénéficier également d’un fonds de 30% payé par les fonds
d’assistance aux malades de la ville.
Ce problème touche
également d’autres provinces du Sud. Il n’est pas aisé de persuader les
malades d’accepter des antirétroviraux et des soins de santé en lien
avec les assurances. Nguyên Ngoc Linh, directeur du Centre de prévention
et de lutte contre le VIH/Sida de la province de Long An (delta du
Mékong), a indiqué : "Nous avons réalisé un transfert de patients
sidéens vers les cabinets de santé, mais nous avons échoué. Ils
préfèrent aller dans des centres provinciaux de médecine préventive
ainsi qu’à l'hôpital provincial plutôt que de bénéficier de leur
traitement mensuel dans des cabinets locaux. Cela entraîne des
difficultés dans la mise en œuvre des soins et des remboursements. Si
cette situation perdure, elle pourrait entraîner l’abandon progressif
des traitements pour les sidéens".
Selon les experts,
pour que la prise en charge des sidéens soit plus efficace, le Service
de la santé devrait autoriser les établissements sanitaires gérés par le
centre de médecine préventive à avancer les frais médicaux des sidéens
parce que ces malades y vont plus volontairement. D’ailleurs, certaines
provinces comme An Giang (Sud) ou Nghê An (Centre) sont très en avance
dans le traitement à apporter aux patients porteurs du virus.
Le Dr Duong Hoàng Dung, directeur de la polyclinique du district Tinh
Biên (province d'An Giang, delta du Mékong), a informé que depuis avril
2012, une clinique externe en charge des patients du VIH a été mise en
place dans son hôpital. Plus précisément, cette clinique est prise en
charge par d’autres cliniques via le service de santé pour la prévention
de la transmission du virus de la mère à l’enfant, la lutte contre des
maladies virales...
Cette intégration a permis d’avoir
des soutiens supplémentaires de la part des médecins spécialisés de
l’hôpital, en particulier pour le paiement des frais médicaux des
sidéens par les assurances maladie. Ce modèle a contribué à augmenter
le nombre d’assurés.
Jusqu'à présent, le district de Tinh
Biên recense 415/542 patients atteints du VIH/Sida possédant un contrat
d'assurance, soit 76,5%. Ainsi, par ce biais-là, les fonds
internationaux destinés aux sidéens ont réalisé des économies de l’ordre
de 60 millions de dôngs.
Face à ce progrès, le secteur
de la santé envisage de transformer de plus en plus les cabinets de
consultation spécialisés en toxicomanie en clinique officielle au sein
de l’hôpital. Selon Vo Hai Son, expert du Département de la prévention
et de la lutte contre le VIH/Sida, environ 50% des établissements de
projets internationaux et de centres locaux de médecine préventive ne
sont pas encore transformés. Il est prévu que cette transformation
s’achève dans des délais assez brefs.
De plus, le secteur
de la santé mobilisera le plus possible le budget étatique pour
l’acquisition d’une assurance maladie. Concrètement, ce budget permettra
d’assurer à la totalité des patients vivant dans la pauvreté et à 70%
ceux un peu moins dans l’embarras.
Avec cette approche,
le secteur de la santé sera vraiment partie prenante des projets
internationaux d’aide aux victimes du VIH/Sida. -CVN/VNA