Une campagne au centre-ville
Situé sur plus de 5.000 m² dans la rue
Thao Diên, dans le 2e arrondissement, la famille de Nguyên Công Hung y a
trouvé un genre de loisir 100% campagnard en pleine ville, avec vergers
et rizières tranquilles, éloignés du bruit urbain.
Un
panier en plastique dans une main, un petit ciseau dans l’autre, la
fillette Mai Kim Cuc, 6 ans, cherche avec hésitation à couper un
concombre caché dans la verdure. “C’est fait !”, crie-t-elle, plaçant
délicatement le concombre dans son panier. Puis, se tournant vers la
rangée d’épinards de Malabar, avec l’aide de sa mère, elle récolte
plusieurs plants.
Son front couvert de sueur, ses mains
pleines de terre sableuse, mais le visage radieux, elle fait des
va-et-vient entre les rangées d’épinards comme une vraie petite
paysanne.
Cuc rie de plaisir avec sa mère lorsqu’elle
découvre le concombre, “je croyais que le concombre poussait sur un
arbre !”. Dans un autre angle plus en haut dans le jardin, là où un pont
amène au lac, un couple montre du doigt une bande de canards se lissant
les plumes pour susciter à leurs petits le désir de nager, un
comportement typique chez les canards.
Tout semble si
plongé dans la nature que c’est à peine si l’on ne reconnaît qu’il
s’agit bien d’une ville que l’on voit au loin, avec ses bâtiments et ses
quelques immeubles qui grattent le ciel.
Nguyên Thi Trâm
Anh, la mère de Cuc, déclare que c’est la première fois qu’elle, son
mari et sa fille viennent dans ce jardin. “Le week-end, parfois, je ne
sais pas où emmener ma fille, mais ici, c’est un vrai plaisir. Ma fille
découvre les légumes en terre, les fruits encore dans les arbres, et
elle peut les récolter elle-même, c’est très intéressant pour elle.
C’est aussi une excellente manière de prendre des leçons sur les plantes
à partir d’un manuel scolaire qui trouve naturellement ses
illustrations, vivantes, qui plus est”, partaga Mme Anh.
Après l’arrivée de quatre ou cinq familles, Thuy Dung, une employée du
Family Garden, commence à réunir les petits de tous âges. Sur une petite
table, au coeur de la nature rafraîchissante des derniers jours de
l’année, Thuy Dung leur apprend des jeux. “Savez-vous le nom de ce
fruit, de cette feuille ?”, “On s’en sert dans quel plat ?”, “Qui parmi
vous peut me montrer, dans le jardin, quel fruit ressemble à celui qui
se trouve dans le plat ?”
Tout en interrogeant, elle
explique aux petits les noms et les moyens de distinguer les différents
légumes plantés dans le jardin. Les petites mains se lèvent avec
enthousiasme, et les réponses fusent. Suit ensuite la manière de
préparer la terre, de semer et d’arroser. Tous les enfants, en pleine
joie, veulent essayer. De leur côté, les parents encouragent leurs
progénitures et les photographient dans leurs moments de plaisir comme
d’innocence.
“Auparavant, alors que mes enfants étaient
mornes, je leur ai donné mon Ipad pour jouer. Je pensais qu’ils étaient
passifs car ils parlaient peu, mais depuis que je viens dans ce jardin,
ils sont très actifs et très adroits aussi, et toute la famille a plus
de temps pour discuter”, confie Lê Lâm, un père de deux enfants de 3 et
de 5 ans.
Malgré la distance depuis le 8e arrondissement,
chaque mois, M. Lâm emmène souvent ses enfants ici pour voir le maïs
que sa famille a planté, attendant patiemment la récolte.
Selon Nguyên Quynh Trân, directrice du Family Garden, architecte de
paysage de formation, un tel jardin demande un gros investissement. Au
début, elle a acquis ce terrain dans le 2e arrondissement pour créer un
petit jardin expérimental pour sa compagnie, mais permettant également
de vendre des produits agricoles de sa terre natale, la province de Lâm
Dông sur les hauts plateaux du Centre.
Mais devant les
bonnes réactions des clients venant dans ce jardin, elle a décidé d’y
ajouter des lacs, des chaumières, de la terre arable du district de Hoc
Môn pour ouvrir gratuitement son jardin au public, les visiteurs ne
devant payer que leurs achats de semences au moment des semailles, ou
pour récolter leurs plantations. On peut aussi louer au mois une
parcelle à titre personnel.
“En tant que concepteur, dès
le début, j’ai été très attentive à l’architecture et à la disposition
du jardin afin que tous les éléments soient en harmonie mais
naturellement, comme à la campagne. Ce qui m’a le plus satisfait, c’est
de creuser le lac. Son eau vient directement du fleuve Saigon. Grâce à
lui, la température du jardin est toujours fraîche quand il fait chaud
et, en plus, on peut y élever des poissons et des canards. Plusieurs
clients réservent pour des banquets ou des anniversaires en cet espace
tempéré, couvert par les étoiles la nuit et agréablement venté”,
explique Mme Trân. -CVN/VNA