Un vent frais souffle sur le cinéma vietnamien
Autrefois
exclusivement financé par des fonds publics, le cinéma national s’est
offert une bonne bouffée d’air frais avec son ouverture aux capitaux
privés. Les cinéastes de la diaspora ont été les premiers à en profiter.
En période de crise de fonds publics,
attirer l’investissement privé devient une priorité, même dans le
cinéma... Comparé aux studios étatiques, les studios privés peuvent
investir de grosses sommes. En plus, leurs équipements techniques sont
modernes, leurs scénarios souvent mieux adaptés au public étranger, les
thèmes abordés plus larges. Ils sont capables de répondre aux attentes
des cinéphiles vietnamiens les plus exigeants mais surtout de partir à
la conquête des marchés étrangers, ce que les films à fonds étatiques
sont souvent incapables de faire, fautes de moyens, voire d’inspiration,
de souffle créatif…
"Mùa hè lanh" (Été
glacial), écrit et réalisé par Quang Hai, est un bel exemple de film à
gros budget à avoir fédéré de nombreux spectateurs. Les professionnels
estiment que ce film a englouti environ un million de dollars. Ensuite,
ce réalisateur a produit le "Ngung dat cuoc" (Arrêtez les paris) avec le
même montant d’investissement. Un autre film, "My nhân kê" (Beauté
fatale), en 3D, du studio Thiên Ngân, écrit et mis en scène par Nguyên
Quang Dung, a nécessité près de 20 milliards de dôngs (près d’un million
de dollars). Les films qui ont coûté plusieurs millions de dollars
comprennent "Bây rông" (Le piège du dragon), "Ao lua Hà Dông" (La robe
de soie blanche), "Thiên mênh anh hùng" (Lettre de sang).
S’orienter vers le public international
Les
films à fonds privés sont généralement d’une qualité largement
supérieure aux films des studios étatiques. Scénario original,
créativité et indépendance sont la clé de leur succès. D’après le
metteur en scène Nguyên Huu Phân, «les studios étatiques peuvent acheter
les films de studios privés ou les aider à en produire».
Pour
des studios privés, il est difficile de recouvrer ses fonds investis,
sans parler de faire des profits, si l’on se cantonne au public
vietnamien. Ces studios se doivent donc de créer des oeuvres de qualité
capables d’attirer les foules dans les salles obscures nationales et
aussi d’intéresser le public étranger, via notamment la participation à
des festivals cinématographiques. "Dong mau anh hùng" (Rebelles) et "Bây
rông" ont participé à certains festivals internationaux et leurs droits
de diffusion ont été vendus à l’étranger. "Bây rông" a été diffusé sur
la chaîne StarMovie. Après la vente des droits de diffusion sur le
marché européen, "Thiên mênh anh hùng" a été présenté au festival
international du film au Canada en juin 2012. Deux oeuvres de Nguyên
Quang Hai, "Mùa hè lanh" et "Ngung dat cuoc", devraient aussi être
projetées lors de festivals cinématographiques.
On peut
estimer que les studios privés ont apporté un second souffle au cinéma
national. Ils ont aussi permis aux cinéphiles étrangers de découvrir un
peu mieux la culture vietnamienne.
Les films à capitaux privés en tête du box-office
"My
nhân kê", du réalisateur Quang Dung, a rapporté 52 milliards de dôngs
pour deux semaines de projection au début de l’année 2013. En 2008, son
film "Nu hôn thân chêt" (Le baiser de la Mort) a récolté 16 milliards de
dôngs. Ce film a aussi figuré en tête du box-office pour l’année 2009,
avec plus de 20 milliards de dôngs. Pour 2010, c’est le tour de "Công
chua teen và Ngu hô tuong" (La princesse des teenagers et cinq tigres)
avec 25 milliards de dôngs de chiffre d’affaires. "Long ruôi", de
Charlie Nguyên, se trouve à la première place dans le classement de
l’année 2011 avec 42 milliards de dôngs de recettes. -VNA