«Un bouddha» milliardaire au chevet des enfants de l’agent orange hinh anh 1Harold Chan Soo York aux côtés des enfants vietnamiens victimes de l’agent orange. Photo : VNA

 

Da Nang (VNA) - Dans la ville de Dà Nang, des milliers de victimes de l’agent orange vivent dans la douleur à la fois physique et psychique. Touché par leurs conditions, le Singapourien Harold Chan Soo York a décidé d’en faire sa bataille et de mettre sa fortune au service des familles et de la communauté.

Harold Chan Soo York, 73 ans, est surnommé «le bouddha singapourien à Dà Nang (Centre)», une attention qui en dit long sur l’attachement des proches des victimes de l’agent orange à son égard. Depuis 2015, ce milliardaire fait régulièrement le déplacement pour rencontrer et aider les victimes vietnamiennes de l’her-bicide. Derrière sa petite taille, ses yeux pleins de compassion et son sourire affectueux, il partage avec sincérité la douleur des parents d’enfants qui subissent encore les séquelles du défoliant.

Une dioxine au goût amer

«Par hasard, j’ai lu un article sur la guerre du Vietnam et l’agent orange que l’armée américaine avait utilisé pour empêcher les soldats vietnamiens de se cacher dans les forêts, et pour détruire les récoltes», se rappelle Harold Chan Soo York. Bouleversé, il effectue des recherches sur Internet et découvre que des millions de Vietnamiens continuent de développer des pathologies découlant de la dioxine.

Des enfants de la 3e, voire même 4e génération, descendants de vétérans de guerre, naissent avec des malformations congénitales près de quatre décennies après la guerre. Pour le Singapourien, il n’était plus question de rester inactif.  «C’est pourquoi j’ai décidé de me rendre au Vietnam. J’ai accompagné un ami qui participait déjà à une œuvre de charité à Dà Nang», explique-t-il.

«Un bouddha» milliardaire au chevet des enfants de l’agent orange hinh anh 2
Aujourd'hui, les victimes vietnamiens de l'agent orange sont de la 2e, 3e, mais aussi de la 4e génération. Photo : VNA

Sur place, Harold Chan Soo York prend contact avec l’antenne locale de l’Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange (VAVA), et rend visite aux familles touchées par cette tragédie. «Mais la vérité est beaucoup plus dure par rapport aux informations publiées sur Internet», remarque-t-il. À Dà Nang et au Vietnam, le mot «agent orange» est toujours prononcé avec amertume pour raconter les drames que des milliers de familles vivent chaque jour.

«Beaucoup de femmes vietnamiennes passent leurs journées et leurs nuits à soigner et à surveiller leurs enfants malades. Elles n’ont plus jamais de temps pour elles, soupire-t-il. Mais la chose le plus déchirante pour elles, c’est de voir chaque jour leurs enfants souffrir sans qu’elles puissent faire quelque chose pour les soulager».

Des maisons pour les victimes

Ni une, ni deux, Harold Chan Soo York propose d’octroyer 720 millions de dôngs par an en faveur de la VAVA, sans compter plus d’un milliard de dôngs pour la construction des «maisons de cœur». «Aux cours de mes dix années consacrées à l’association, c’est vraiment la première fois que l’on reçoit une aide financière aussi vite et de manière aussi simple», témoigne Nguyên Thi Hiên, directrice de la VAVA de Dà Nang.

«Les victimes de l’agent orange sont les plus malheureuses. Elles sont également les plus pauvres parmi les pauvres», souligne-t-elle avec tristesse, en désignant les photos d’enfants marqués dans leur chair placées sur son bureau. Dà Nang compte à elle seule plus de 5.000 victimes, dont 1.400 enfants.

«Un bouddha» milliardaire au chevet des enfants de l’agent orange hinh anh 3
Des jeunes, victimes de l’agent orange, coupent le ruban d’inauguration de la maison financée par Harold Chan Soo York . Photo : VNA

«La VAVA de Dà Nang accomplit bien ses tâches. Mais à mon avis, les aides financières ne sont pas suffisantes, car il faut prodiguer des soins à ces personnes», souligne Harold Chan Soo York.

Le milliardaire a décidé d’offrir une machine IRM (imagerie par résonance magnétique) d’une valeur de plus de 33 milliards de dôngs, ainsi que des équipements médicaux pour plus de 4 milliards de dôngs à l’hôpital de la ville.

«C’est comme un rêve», confie Nguyên Thi Hiên. Comme elle, de nombreuses personnes, dont le président du Comité populaire de la ville de Dà Nang, Huynh Duc Tho, ne cachent pas leur surprise devant l’unique demande du Singapourien, que «l’hôpital utilise cette machine dans un but non lucratif».

Le 9 mars dernier, une maison destinée aux soins des victimes a également été inaugurée. Offrant plus de 20 lits, elle a été financée par le milliardaire, à hauteur de plus de 1,3 milliard de dôngs. Des bénévoles s’occupent des victimes et se chargent de leurs thérapies. De plus, il accorde une aide financière mensuelle de 3.000 dollars uniquement pour les soins.

Avant de prendre sa retraite, Harold Chan Soo York avait travaillé comme ingénieur de systèmes pour la multinationale IBM. Maintenant, il est le propriétaire d’une société de change à Singapour, et possède une ferme en Nouvelle-Zélande. -CVN/VNA