L’architecte Vo Trong Nghia est bien connu pour ses ouvrages écologiques novateurs. Après sa réussite avec le bambou, il poursuit ses projets futuristes en harmonisant la rigidité du béton avec la souplesse des matériaux naturels.

Né en 1976, Vo Trong Nghia est diplômé en 2002 avec sa thèse d’architecture à l’Institut technique de Nagoya (Japon). Après son obtention en 2004 de l’agrégation (section construction) à l’Université de Tokyo, Trong Nghia retourne au pays. Depuis, il a enchaîné les succès. L’homme dirige actuellement une compagnie de construction de logements avec laquelle il valorise sa créativité et concrétise ses initiatives.

Vo Trong Nghia a la particularité d’utiliser le bambou dans de très nombreux projets qui l’ont fait connaître. Sont cités comme exemples le café et le bar Wind and Water dans la province de Binh Duong (Sud), le restaurant Hill au Mexique et le modèle des mini-maisons, chacune de 18 m² alimentée à l’énergie solaire, au prix modique de 3.200 dollars. Dans le monde, ce n’est pas la première fois qu’un bâtiment en bambou est érigé, mais les constructions signées Vo Trong Nghia attirent l’attention par leurs formes dynamiques et leurs courbes attractives. L’architecte de 37 ans a su proposer un usage du bambou subtil, talentueux et novateur. La particularité de ce virtuose, c’est qu’il n’utilise aucun clou !

Respecter ces éléments

Le bambou n’est pas une particularité du Vietnam, on le trouve dans de nombreux autres pays tropicaux. Mais pour les Vietnamiens, ce végétal est omniprésent. Armes contre les ennemis autrefois, objets d’usage courant, articles de décoration...

«À vrai dire, au début, je me sentais comme assez aventureux de choisir le bambou comme matériau clé pour mes grands ouvrages à la structure complexe. Mais au fur et à mesure, tout a été dans le bon sens et je pense que j’ai réussi», dit l’architecte.

Invité à décorer le pavillon du Vietnam à l’Expo Shanghai 2010, l’architecte a décidé de conserver la structure préexistante et de l’entourer d’une nouvelle structure faite de bambou.

À l’extérieur, le bambou contribue à protéger le pavillon des rayons du soleil, en isolant thermiquement la structure. À l’intérieur, il donne aux visiteurs la sensation visuelle et tactile d’être dans une forêt. Parlant de cette initiative, l’architecte a expliqué qu’il voulait montrer que le fait de vivre en harmonie avec la nature - en respectant l’eau, la lumière et le vent - était l’essence même de la culture vietnamienne. «Si le bambou devient un matériau de construction, le reboisement va se développer et aura un double avantage : profit et protection de l’environnement», affirme-t-il.

Des constructions en béton végétalisées

Vo Trong Nghia n’a pas réussi uniquement avec le bambou. Il a aussi impressionné ses confrères par ses ouvrages écologiques en béton incluant matériaux naturels et espaces verts. Il y a peu, l’architecte s’est vu remettre le deuxième prix du Concours de design des ouvrages écologiques d’Asie (FuturArc Prize 2013) pour son ouvrage Farming Kindergarten. Ce modèle d’école maternelle moderne et écologique, capable d’accueillir 500 enfants, est en cours de construction sur 1,2 ha dans la province de Dông Nai (Sud). M. Nghia reste toujours fidèle à son principe d’inclure des espaces verts dans les constructions en béton. Sa Farming Kindergarten propose une toiture végétalisée servant de cour de récréation, avec une sécurité absolue.

La maison verte Stacking Green House, dans le 2e arron-dissement de Hô Chi Minh-Ville, conçue par Nghia, a remporté en février dernier le prix «Building de l’année 2012» dans la catégorie «Maison» du magazine d’architecture américain Archdaily. Cette maison haute et étroite est, selon le jury, une solution simple et élégante à un problème commun dans les villes en développement et propose une typologie facilement reproductible. Elle répond aux impératifs de sécurité, d’intimité, d’adaptation au climat et de lumière d’une manière à la fois poétique et économique. Avec 4 mètres de large pour 20 mètres de haut, cette maison de trois étages est couverte d’une foisonnante végétation: les façades vertes ont le triple avantage d’amoindrir le bruit de la ville, de filtrer les chauds rayons du soleil et de protéger de la pollution. Son intérieur est construit en matériaux naturels.

Projets d’avenir

Vo Trong Nghia poursuit son orientation dans l’architecture verte qui, selon lui, deviendra dans le futur une tendance mondiale incontournable. Il est en train de réaliser la conception d’une maison verte de 200 m² dans l’arrondissement de Tân Binh à Hô Chi Minh-Ville. L’ouvrage ressemblera à cinq vases géants de plantes avec sur le toit un grand arbre séculaire au feuillage retombant autour de la maison. Une symphonie de béton et de végétation...

«Je réaliserai quatre ou cinq ouvrages de ce type au Japon et plusieurs autres au Mexique, indique-t-il. Mais le plus important pour moi en ce moment, c’est de regrouper et de coopérer avec des confrères et de jeunes architectes diplômés de différents pays en vue de développer l’architecture verte dans le monde».

Questionné sur les clés de sa réussite, le Vietnamien a dit que ce n’est pas grâce au choix des matériaux, mais grâce à l’amour de la nature qu’il a pu concevoir des ouvrages si novateurs et si romantiques.

«Palmarès» de Vo Trong Nghia
- Deuxième prix du Concours de design des ouvrages écologiques d’Asie FuturArc Prize 2013 (sa conception : École maternelle Farming Kindergarten)
- Premier prix Wan 21 for 21 et classé en 2012 dans la liste des
21 architectes les plus créatifs représentatifs du XXIe siècle par la revue internationale d’architecture en ligne World Architecture News (ses ouvrages de bambou)
- Prix «Building de l’année 2012» par le magazine d’architecture américain Archdaily (avec sa maison verte Stacking Green House).
- Prix «Architecte avant-gardiste 2012» du magazine d’architecture de renommée du monde Architectural Record.
- Cinq fois titulaire des prix IAA de l’Académie internationale d’architecture.
- Deux fois titulaire de la médaille d’or par l’Association des architectes d’Asie.
- Deux fois titulaire de prix lors des éditions du Festival international de l’architecture.
- Top dix des «Architectes de l’année 2012», par le magazine Architectural Record. – VNA