Le metteur en scène Tran Van Thuy a apporté de significatives contributions au cinéma vietnamien, notamment dans le documentaire. Ses films qui reflètent fidèlement l’histoire, ont fortement impressionné le public dans la période avant et après le Renouveau.

D’abord correspondant de guerre, Tran Van Thuy a ensuite fait des études en Russie avant de devenir metteur en scène au Studio central des sciences et du documentaire. Il a réalisé nombre de documentaires qui relatent de façon fidèle et humaniste la société vietnamienne et, pour cette raison, ses films sont pour le cinéma vietnamien un véritable trésor.

Nombre d’oeuvres de Tran Van Thuy ont été primées au Vietnam comme à l’étranger. "Nhung nguoi dân quê tôi" (Les habitants de mon pays natal) a obtenu, en 1970, le prix Colombo d’argent du Festival international du documentaire et du film d’animation de Leigzig ; "Phan bôi" (Trahison) le prix d’or du Festival cinématographique vietnamien, 1980 ; "Hà Nôi trong mat ai" (Hanoi, un certain regard), en 1982 le prix d’or du Festival cinématographique vietnamien ; "Chuyen tu tê" (Histoire de gentillesse), le prix Colombo d’argent du Festival international du documentaire et du film d’animation de Leigzig, 1988 ; "Chuyên môt goc công viên" (Histoire dans le parc), le prix d’or du Festival cinématographique de l’association des cinéastes, 1996 ; "Le son du violon à My Lai", prix du meilleur cout-métrage du festival des films d’Asie-Pacifique, 1999…

Tran Van Thuy a réalisé nombre de documentaires sur la guerre et des films de fiction où il a exprimé son point de vue objectif et sincère sur la société. Sa devise : faire de son mieux pour réaliser les meilleurs films et suivre son chemin pour atteindre son but. C’est le fil conducteur de sa vie, celui qui lui a donné la force de réaliser des films chaleureusement applaudis par le public vietnamien et étranger.

C’est sur les champs de bataille de Quang Da, avant 1970, que le Tran Van Thuy a réalisé son premier documentaire sur la guerre intitulé "Nhung nguoi dân quê tôi" (Les habitants de mon pays natal) qui relate la vie d’habitants - un orphelin, une femme, un bonze…- en période de guerre.

Ce film est né au plus fort de la guerre où les techniques cinématographiques étaient obsolètes et le réalisateur Tran Van Thuy était peu expérimenté. Mais cette oeuvre a remporté en 1970 la Colombe d’or du Festival international du documentaire et du film d’animation de Leigzig. Ce film a été tourné dans le district de Duy Xuyên, province de Quang Nam (Centre), et un seul personnage reste en vie : Van Thi Xoa, ex-chef de Xuyen Chau du district de Duy Xuyên.

Après avoir fait les études en Russie, Tran Van Thuy est devenu un vrai professionnel de l’image. Son documentaire "Phan boi" (Trahison), qui relate la guerre à la frontière sino-vietnamienne en 1979, a été reconnu comme le documentaire le plus long du Vietnam et le jury du Festival du film vietnamien de 1980 lui a accordé le prix d’or.

Du côté des documentaires à thème social, Tran Van Thuy a connu des succès avec "Hà Nôi trong mat ai" (Hanoi, un certain regard). Ce film s’inspire de l’histoire du guitariste aveugle Van Vuong, un artiste renommé qui souhaite voir les paysages de la capitale.

Tran Van Thuy a restitué dans sa production une capitale belle et élégante et liée à des noms de personnages historiques comme Tô Hiên Thanh, Nguyên Trai, Lê Thanh Tông, Quang Trung… "Hà Nôi trong m ắ t ai" a remporté en 1988 le prix du Lotus d’or dans la catégorie du meilleur documentaire vietnamien. Le film demeure actuellement le premier documentaire du Vietnam pour son approche globale et humaniste sur Hanoi.

Après "Hà Nôi trong mat ai", "Chuyên tu tê" (Histoire de gentillesse) voit le jour. Obsédé par la question "quelle est la gentillesse ?", Tran Van Thuy révèle dans son film sa préoccupation envers l’absence d'amour du prochain dans la société. "Chuyên tu tê” propose ainsi les conversations pleines de sel et franches sur l’amour du prochain et la conduite dans la société.

Âgé de 74 ans, le réalisateur Tran Van Thuy continue d’écrire. Sa vie privée et professionnelle a été rapportée par son cher ami, le docteur Le Thanh Dung, dans le livre "Histoire professionnelle de Thuy". On y trouve ses confidences et l’amour pour le métier du réalisateur. L’œuvre a été élue "Meilleur livre de 2013". Nombre d’écrivains américains ont acheté les droits d’auteur pour le traduire en anglais.

En 2003, à New York, au séminaire "The Robert Flaherty" destiné à 200 documentaristes indépendants, le réalisateur Tran Van Thuy s’est vu attribuer le titre de "Témoin du monde". – VNA