Trân Thi Ngoi a consacré plus de la moitié de sa vie à s’occuper d'enfants déficients auditifs. Elle a notamment fondé la première école spécialisée à Hô Chi Minh-Ville (Sud) en 1990.

Avant de donner une nouvelle orientation à sa carrière en 1980, Mme Ngoi était enseignante dans le secondaire en cycle ordinaire. Aujourd'hui, à 70 ans, alors que tous ses amis et collègues ont choisi de prendre une retraite bien méritée, elle a décidé de continuer à travailler et de conserver son poste de directrice de l’ É cole pour sourds et malentendants de Hy Vong I (signifiant "espoir").

Elle y est notamment chargée d'enseigner la langue des signes, et est interprète au tribunal, au bureau notarial et au poste de police.

Très touchée par la situation de ces jeunes qui avaient besoin d'un sérieux coup de pouce pour communiquer, M me Ngoi a décidé, il y a plus de 30 ans, d'apprendre la langue des signes et de poser sa candidature à l’ É cole des sourds et muets de Lai Thiêu (province de Binh Duong, au nord de Hô Chi Minh-Ville). « Comme toute langue étrangère, pour atteindre un bon niveau, il faut être patient et s'entrainer sans relâche. Les professeurs capables de s'exprimer via ce moyen d'expression sont aujourd'hui irremplaçables dans le centre ", a-t-elle expliqué.

Loin de sa famille, elle a cependant pris le parti en 1985 de rentrer dans la métropole du Sud. À l'époque, il n’y avait pas encore d’école pour sourds et muets dans la ville, et elle demanda à enseigner au Centre pour aveugles Nguyên Dinh Chiêu. Elle y était très impliquée, mais a rapidement voulu revenir à ses premières amours.

Ainsi, dès qu'elle avait un peu de temps libre, elle prenait son vélo et parcourait la ville à la recherche de personnes sourdes et muettes (garages, ateliers de serrurerie...). Un exercice des plus impertinents qui a payé. Elle a invité ces jeunes à son domicile pour les former, et leur a donné des cours gratuits, trois fois par semaine. Au départ, cette classe improvisée ne comprenait pas plus de six ou sept élèves, mais elle augmenta vite son effectif pour atteindre une dizaine d’étudiants. L’idée de l’école pour déficients auditifs Hy Vong I a ainsi vu le jour, dans le 10 e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville.

L’école Hy Vong

Pour soutenir cette initiative, les dirigeants du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville et l’archevêque de la Cathédrale Notre-Dame de Saigon ont offert une partie du terrain de cette dernière à M me Ngoi. L’école Hy Vong I a alors été transférée du 10e arrondissement au 1er, rue Công xa Paris, quartier de Bên Nghe. Par la suite, elle a pris la décision d'élargir ses compétences en suivant des formations spécialisées en France et aux Pays-Bas. Ainsi, est-elle devenue enseignante professionnelle pour sourds et malentendants.

Le centre réunit aujourd’hui 110 élèves qui apprennent la didactique et participent à des activités périscolaires. Les plus jeunes pratiquent, écoutent et parlent. Les plus âgés dansent, jouent d'un instrument et s'initient à l'informatique. À part les travaux ménagers, ils sont formés à la coiffure, à la couture, à la broderie ou à la fabrication de produits artisanaux. Les professeurs les encouragent toutefois à lire des livres et des journaux pour élargir leurs connaissances.

« Au départ, ils n'avaient pas les moyens de se procurer de prothèse auditive. Je leur en ai fabriqué de manière artisanale, avec un simple entonnoir et un tube de caoutchouc. L'État japonais nous a ensuite soutenu en nous en offrant de véritables. Les étudiants furent très émus », a souligné M me Ngoi.

Après Hy Vong I, la plupart intègrent des formations professionnalisantes dans des centres spécialisés. « Il y a trois ans, le groupe Samsung nous a fait un don d'ordinateurs et d’argent. Notre école coopère par ailleurs avec l’université Van Lang dans la formation en technologie de l'informatique. Certains de nos élèves ont ainsi trouvé un bon poste, et m’ont confié percevoir un salaire de quatre millions par mois ”, a-t-elle fait savoir. – VNA