Malgré sa position de leader dans le tourisme, Hô Chi Minh-Ville doit améliorer sa compétitivité. Entretien avec Hà Van Siêu, directeur général adjoint de l’Administration nationale du tourisme du Vietnam.

- Comment évaluez-vous le développement actuel du secteur touristique de Hô Chi Minh-Ville ?

Depuis les années 1990, Hô Chi Minh-Ville est en tête des villes et provinces du pays en termes de développement touristique grâce à la diversité de ses produits, au professionnalisme de ses services et de son personnel. L’année dernière, des 7,8 millions d’étrangers ayant visité le Vietnam, plus de la moitié est allée dans cette ville dynamique qui a également accueilli 17,6 des 38,5 millions de touristes vietnamiens. Le chiffre d’affaires total de ce secteur est de 86.000 milliards, ce qui représente 37% des recettes du tourisme national.

Hô Chi Minh-Ville abrite également le plus grand nombre d’agences de voyage nationales et internationales comme Saigontourist, Peace Tour, Vietravel, Bên Thanh Tourist, etc. La ville est aussi un grand centre d’hébergement touristique et de services de loisirs de haut de gamme. De manière globale, la ville a toujours affirmé, dans le passé comme aujourd’hui, sa position centrale et son rôle moteur dans la croissance du tourisme national, y compris en termes de qualité des services.

- Tient-elle bien son rôle de centre de connexion entre les destinations touristiques des provinces du Sud, ou faut-il encore l’améliorer ?

Je peux vous affirmer qu’elle assure une excellente connexion entre les destinations qui l’entourent comme Vung Tàu, Côn Dao, Phu Quôc, Cân Tho, Cà Mau, Tiên Giang, Vinh Long, Dông Thap, An Giang, Bên Tre, Binh Thuân, Khanh Hoà... Elle facilite également l’accès des touristes à ces villes et provinces. Mais nous voulons que la ville fasse plus : elle devra apporter son soutien à ces localités afin qu’elles puissent améliorer leur position concurrentielle dans ce secteur et professionnaliser leurs personnels comme leurs services, de sorte que le développement des Nam Bô oriental et occidental et, plus largement, du delta du Mékong, soit équilibré. Sur ce point, Hô Chi Minh-Ville a donc des choses à faire.

- L’Administration nationale du tourisme intervient-elle directement ou accorde-t-elle une assistance à la mégapole du Sud dans la réalisation de cette mission au niveau régional ?

Nous lui donnons des orientations pour la mise en œuvre de programmes d’action pour assister les provinces du delta du Mékong et du Nam Bô oriental. Ces programmes ont pour objet d’aider ces localités à diversifier leurs produits touristiques, à former du personnel, et à exploiter leurs potentiels touristiques. Depuis dix ans, la foire internationale du tourisme, qui est organisée chaque année à Hô Chi Minh-Ville sous l’égide de l’Administration nationale du tourisme du Vietnam, a permis de sensibiliser à la nécessité d’une collaboration entre toutes les localités du Sud.

- Sur le plan régional, quels sont les avantages et les difficultés pour Hô Chi Minh-Ville avec la création de la Communauté économique de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), fin de cette année ?

Les opportunités les plus visibles sont la possibilité d’attirer davantage de visiteurs issus de la région et donc de s’affirmer au sein des autres pays de l’ASEAN, notamment par la diversité et l’originalité de ses produits. Quant aux défis, le plus important est de faire en sorte que son secteur soit plus concurrentiel au niveau régional, car la concurrence va devenir beaucoup plus rude. Et la ville a encore beaucoup de choses à faire pour devenir un des pôles touristiques majeurs de l’Asie du Sud-Est.

- Quelles sont les mesures à prendre en prévision de ces difficultés ?

Je pense que les autorités municipales devront identifier précisément ses faiblesses pour les régler progressivement. Il faut aussi instaurer une collaboration étroite entre les autorités municipales, les entreprises et la population. On peut commencer par de petits détails : des habitants au sourire amical, de belles rues propres, des endroits publics totalement absents de pickpockets et de vendeurs qui proposent des prix majorés.

Je pense que ce sont là de micro-solutions, mais qui rapporteront gros en permettant d’élever l’attrait de la ville aux yeux des étrangers. En outre, Hô Chi Minh-Ville devra continuer d’investir dans ses infrastructures touristiques, dans la formation du personnel touristique qualifié aux normes internationales, ainsi que dans la promotion de son image au sein de la région. - CVN/VNA