Le Département thaïlandais des enquêtes spéciales (DES) a annulé mardi son ordre de blocage des comptes bancaires de 38 membres du mouvement antigouvernemental, le Comité populaire pour la réforme démocratique (CPRD).

Toutefois, selon le chef du DES, Tarit Pengdith, le Centre pour le maintien de la paix et de l’ordre (CMPO) du gouvernement par intérim continuera de surveiller ces comptes bancaires, car les 38 personnes qui en sont le titulaire font l'objet de recherches.

Le DES a bloqué ces comptes bancaires en décembre dernier. Selon Tarit Pengdith, l’annulation de ce blocage résulte de la décision de la Cour civile thaïlandaise d’interdire au CMPO de procéder à des actions fortes à l’encontre des manifestants.

Le CMPO interjettera appel de ce jugement afin de disposer de plus de moyens d'action au regard des manifestations, a-t-il ajouté. Lors d’un exposé à la télévision, Tarit Pengdith a averti le public d'une "escalade vers la guerre civile" pour demander aux parties de se maîtriser.

Auparavant, le chef de l' armée de terre, Prayut Chan-O-Cha, a également déclaré qu'"il y aura une guerre civile si toutes les parties ne respectent pas les règles", avant de réafirmer que les militaires conserveraient leur neutralité et "feront tout pour le pays et pour le peuple..., et non pas pour l'une ou l'autre des parties".

Le président du CMPO et ministre p.i. du Travail Chalerm Yubamrung a indiqué que les meneurs de manifestations sont protégés par 500 personnes équipées d’armes à feu dans certains sites au centre de la capitale. Les agents de sécurité non armés ne peuvent pas arrêter les meneurs des manifestations car ils pourraient être attaqués par ces hommes.

Selon le jugement du tribunal, les policiers n’ont pas le droit de recourir à la violence pour s’opposer aux meneurs des manifestations et aux manifestants, bien que l’état d’urgence soit en vigueur dans la capitale et dans plusieurs provinces avoisinantes.

Ces manifestations antigouvernementales sont la crise la plus grave que la Thaïlande ait traversée depuis 2010, où les assauts au sein du mouvement fidèle à l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, le frère de Yingluck, ont fait plus de 90 morts.

Le bilan du mouvement antigouvernemental qui a commencé en novembre 2013 est actuellement de 16 morts et de 695 blessés.

Les manifestations sucessives ont provoqué la chute du commerce extérieur de la Thaïlande en janvier, baisse la plus forte de ces quatre dernières années : -15,5 % pour les importations et -2 % pour les exportations. -VNA