Sur les Hauts plateaux, le quan ho devient une passion contagieuse
Certains villages éloignés du district de Krông Nang de la province de
Dak Lak (hauts plateaux du Centre) hébergent de nombreuses personnes
originaires des provinces de Bac Ninh et Bac Giang. C’est le cas
notamment de Quyêt Tiên (commune de Dliê Ya), de Tân Hiêp et Tân Bac
(commune de Ea Toh), ainsi que de Lôc Xuân et Lôc Yên (commune de Phú
Lôc).
Bac Ninh et Bac Giang sont le berceau des airs
de quan ho, chants folkloriques que femmes et hommes chantent en
alternance. Depuis une vingtaine d’années, leurs habitants continuent de
faire vivre les airs de quan ho sur les hauts plateaux du Centre. Cette
initiative permet de préserver et de répandre ces chants populaires qui
ont été inscrits en 2009 par l'UNESCO sur la liste représentative du
patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Un mois pour préparer une chanson
Au pied d’un banian planté au bout du village de Tân Hiêp, un groupe
de chanteurs se passionne pour les paroles d’une chanson. «Nous nous
entraînons tous les jours pour préparer un spectacle organisé au mois de
juillet», fait savoir Nguyên Kim Truong, un chanteur originaire du
district de Yên Dung, province de Bac Giang. Et d’ajouter : «Le matin,
nous travaillons dans les champs de café et de poivre. Nous devons
profiter du midi pour nous entraîner».
Le groupe de
quan ho du village de Tân Hiêp réunit 22 membres. «La répétition d’une
chanson nous prend beaucoup de temps. D’abord, nous écoutons les
artistes avec des cassettes, puis copions les paroles et les apprenons
par cœur», explique M. Truong. «Nous avons besoin d’environ un mois pour
une seule chanson», ajoute-t-il.
«Notre premier
spectacle a été organisé lors de la cérémonie de remise du Titre du
Village culturel de Tân Hiêp au 30 avril 2006», se souvient la chanteuse
Nguyên Thi Thu Hông. «Nous étions tous apeurés devant la centaine de
spectateurs, dévoile-t-elle. Mais à la fin du spectacle, nous avons reçu
des salves d’applaudissements». Depuis, son groupe a récolté beaucoup
de prix lors de concours locaux.
«Le quan ho coule dans nos veines»
Au village de Tân Bac, les airs de quan ho occupent également le
devant de la scène. De 19h30 à 22h00 chaque jour, une vingtaine de
chanteurs se réunissent chez la chanteuse Nguyên Thi Sac. «Le quan ho
coule dans nos veines. Nous sommes tous enthousiastes de préparer les
rencontres entre groupes», souligne Nguyên Van Nguyên, chef du groupe du
village. «Le jour, nous sommes occupés par le travail des champs,
raconte-t-il. Nous profitons du soir pour nous entraîner. Mais nous ne
sommes pas fatigués».
«Le quan ho est présenté lors
de mariages, de cérémonies d’inauguration de nouvelles maisons ou de
célébrations d’anniversaire de personnes âgées», précise Trân Van Vu,
responsable du groupe du village de Quyêt Tiên. «Il y a des membres
septuagénaires qui ne manquent aucune séance de répétition»,
souligne-t-il.
Au delà des villages, le district de
Krông Nang a son propre club de quan ho qui attire plus d'une centaine
de membres. Le but est de créer un espace plus professionnel pour les
passionnés du quan ho et de préserver ce patrimoine culturel immatériel.
«Nous ne limitons pas le nombre de nos membres. Nous nous entraidons et
nous entraînons pour les représentations. Nous nous cotisons pour
financer les activités du club», souligne Phan Van Dung, membre de ce
club.
Tomber amoureux grâce au quan ho
Au village de Quyêt Tiên, le couple Ta Van Duc (60 ans) et Nguyên Thi
Liên (58 ans) a été pionnier de la diffusion de chants de quan ho dans
le district de Krông Nang. «Je suis bercé depuis l’enfance par les airs
de quan ho. J’ai ces chants dans la peau», affirme M. Duc, originaire de
la province de Bac Giang.
Lors de rencontres
organisées autour de ces chants, il est tombé amoureux d’une chanteuse
du village voisin et s’est marié avec elle. En 1996, le couple a quitté
sa région natale pour tenter de faire fortune à Dak Lak, une province
des hauts plateaux du Centre. Ici, ils ont lancé le mouvement de chant
du quan ho.
«En 1999, en tant que présidente de
l’Association des femmes du village de Quyêt Tiên, je suis allée à la
rencontre de chaque famille pour les encourager à participer au groupe
de quan ho», se souvient Mme Liên.
Grâce au quan
ho, plusieurs autres couples se sont formés, dont Phan Van Dung (35
ans) et Trân Thi Ly (26 ans) du village de Tân Bac. Le quan ho attire de
plus en plus de jeunes de ces villages. – CVN/VNA