La réglementation de l’OMC et d’autres accords économiques internationaux permettent aux entreprises d’investissement direct étranger d’acquérir des produits locaux pour les exporter, mais par le biais d’une entreprise domestique.

Conformément à une nouvelle circulaire du ministère de l’Industrie et du Commerce, les entreprises issues de l’investissement direct étranger (IDE) doivent cesser depuis le 7 juin toutes activités d’achat direct de matières premières.

Le contenu de cette circulaire n’est pas nouveau, explique Vo Van Quyên, chef du Département du marché domestique (ministère de l’Industrie et du Commerce). Ce texte se contente de préciser l’arrêté gouvernemental N°23 de 2007 portant sur les activités d’achat et de vente de marchandises des entreprises issues de l’IDE. Ce dernier texte autorise bien sûr ces dernières à acheter des produits locaux pour l’exportation, mais seulement par l’intermédiaire d’entreprises vietnamiennes titulaires d’une licence d’achat de telles matières. La réalité quotidienne, c’est que ces entreprises se passe de ces dernières, cherchant à contourner la règlementation en ce domaine.

En effet, selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les entreprises d’IDE acquièrent de 50% à 60% de la production nationale de café, ce qui représente près de 600.000 tonnes par an. Dans la seule province de Dak Lak, on compte huit entreprises issues de l’IDE qui achète du café : la compagnie de café Ngon, une filiale de la sarl Louis Dreyfus Commodities, la compagnie Dakman, la compagnie Amazaro Vietnam, ainsi que les filiales des compagnies Newman Group, Olam Vietnam, Hà Lan Vietnam et Vinh An. Cette année, elles ont acquis 60% de la production provinciale contre 50% en 2011. Dans la province de Gia Lai, la filiale de la sarl Louis Dreyfus Commodities représente à elle seule 40% du chiffre d’affaires des exportations de café.

Les entreprises d’IDE n’étant pas autorisées par les autorités locales à investir directement dans des zones de production de café, elles rachètent donc la production des agriculteurs, même si la loi ne le leur permet pas..., indique Doàn Kim Can, secrétaire général de l’Association des entreprises de café de Buôn Mê Thuôt. Selon Trân Duc Tung, chef du bureau administratif de l’Association des entreprises des poivres du Vietnam, il y a actuellement sept entreprises à participation étrangère qui procèdent à l’achat de poivre, représentant 36,6% du chiffre d’affaires national à l’exportation de poivre en 2012.

Le Docteur Hoàng Tho Xuân, ancien chef du Département du marché domestique, souligne que l’achat direct de matières premières par ces entreprises constitue une concurrence déloyale avec les entreprises locales. Conformément aux engagements du Vietnam envers l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à ses obligations découlant des autres accords économiques internationaux auxquels il est parti, les entreprises d’IDE ont le droit d’acheter des produits locaux pour l’exportation ou pour les distribuer sur le marché domestique. Mais elles n’ont pas le droit de réaliser directement des transactions avec les producteurs locaux, selon Hoàng Tho Xuân.

Noix de cajou : importation de matière brute

D’après l’Association de la noix de cajou du Vietnam (Vinacas), nombre d’entreprises ont déjà engagé leur activité commerciale pour cette année, mais la Vinacas n’est toutefois pas encore en mesure de fournir le volume des achats de matière brute pour 2013. Ainsi, l’importation des noix de cajou de matière première est planifiée. Toujours afin d’éviter des pertes commerciales, la Vinacas suggère aussi à ces entreprises de veiller à la qualité des noix importées ainsi que de standardiser les conditions contractuelles de leur importation avec leurs fournisseurs étrangers, en particulier avec ceux du Nigeria et du Bénin.

Si ordinairement les entreprises vietnamiennes achètent de la noix de cajou brute à des fournisseurs ou intermédiaires indiens et singapouriens, certaines comptent augmenter cette année leurs importations d’Afrique, ce qui a conduit le président de l’association, Nguyên Duc Thanh, à leur recommander de faire attention lors de la conclusion de transactions sur ce marché. En effet, “les entreprises vietnamiennes achètent peu en Afrique, elles doivent donc prévoir les risques éventuels. Par exemple, au Nigeria, il faut vérifier la fraîcheur des noix qui peuvent provenir de stocks de l’année dernière, ce qui pourrait entraîner des pertes pour leur acquéreur”, explique Nguyên Duc Thanh.

Selon les données du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le Vietnam a exporté au premier trimestre de 2013 pour un chiffre d’affaires de 239 millions de dollars. Les marchés importateurs principaux du Vietnam sont : Chine (25,62% des exportations nationales de noix de cajou), États-Unis (22,3%), Pays-Bas (11,13%) et Australie (6,24%). -VNA