Sauver 2 millions d’enfants en traitant la pneumonie et la diarrhée
Le Plan d’action mondial intégré pour prévenir et combattre la pneumonie et la diarrhée préconise une plus grande intégration des actions menées pour prévenir et traiter ces deux maladies et fixe des objectifs ambitieux s’agissant de réduire les taux de mortalité et d’accroître l’accès des enfants à des interventions qui sauvent des vies.
Intégrer les stratégies de lutte contre la pneumonie et la diarrhée
«Il arrive trop souvent que des stratégies de lutte contre la pneumonie
et la diarrhée soient menées en parallèle», déclare le Dr Elizabeth
Mason, directrice du Département Santé de la mère, du nouveau-né, de
l’enfant et de l’adolescent de l’OMS. «Mais comme le montrent déjà les
exemples de pays tels que le Bangladesh, le Cambodge, l’Éthiopie, le
Malawi, le Pakistan et la Tanzanie, il est judicieux sur le plan de la
santé et rationnel du point de vue économique de rapprocher davantage
ces stratégies.»
De nombreux facteurs interviennent
dans l’apparition de la pneumonie ou de la diarrhée, si bien qu’aucune
intervention ne peut suffire, à elle seule, pour prévenir, traiter ou
endiguer efficacement l’une ou l’autre de ces maladies. Toutefois, comme
on a pu le constater dans des pays riches, plusieurs éléments jouent un
rôle déterminant dans la réduction des infections et des décès dus à
ces deux maladies.
C’est le cas par exemple d’une
bonne alimentation et d’un environnement salubre. C’est le cas aussi de
la vaccination, et on notera à ce propos que de nouveaux vaccins
destinés à protéger les enfants contre ces maladies sont en cours
d’introduction. Enfin, un accès satisfaisant aux services de santé et
aux médicaments appropriés offre la garantie que l’enfant reçoit le
traitement dont il a besoin. Mais, dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire, ces éléments communs ne sont pas encore mis pleinement à
profit dans le cadre de la lutte contre la pneumonie et la diarrhée.
Une question d’équité pour les enfants
«Il s’agit d’une question d’équité. Les enfants pauvres des pays à
faible revenu sont les plus exposés au risque de mourir d’une pneumonie
ou d’une diarrhée, or ils ont nettement moins de chances que les autres
enfants de bénéficier des interventions dont ils ont besoin», observe le
Dr Mickey Chopra, chef des programmes de santé de l’UNICEF.
«Nous savons ce qu’il faut faire. Si l’ensemble de la population des 75
pays où les taux de décès sont les plus élevés avait accès aux mêmes
interventions essentielles que les 20% de ménages les plus riches, nous
pourrions éviter les décès de 2 millions d’enfants dès 2015, échéance
prévue pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le
développement.»
Le nouveau Plan d’action de l’OMS et de
l’UNICEF définit des objectifs mondiaux clairs à atteindre d’ici à
2025: une réduction de 75% de l’incidence des pneumonies et diarrhées
sévères chez les enfants de moins de cinq ans par rapport aux niveaux de
2010 et la quasi-élimination des décès dus à ces maladies dans le même
groupe d’âge. Il a aussi pour ambition de réduire de 40% à l’échelle
mondiale le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard
de croissance.
Objectif: traiter 90% des enfants
Les cibles fixées par le Plan d’action représentent des taux beaucoup
plus élevés que les niveaux actuels. Ainsi, 90% des enfants devraient
avoir accès à une antibiothérapie pour la pneumonie et à un traitement
par sels de réhydratation orale pour la diarrhée, contre 31% et 35%
respectivement aujourd’hui.
Le Plan d’action fixe
comme objectif intermédiaire d’obtenir que la moitié au moins des
nourrissons de moins de six mois soient allaités exclusivement au sein,
contre 39% en 2012. Tous les enfants devraient avoir accès à des
installations sanitaires améliorées et à une eau de boisson salubre,
contre 63% et 89% respectivement aujourd’hui. Et, compte tenu des
résultats satisfaisants déjà obtenus dans certains pays en ce qui
concerne l’introduction de nouveaux vaccins antipneumococciques et
antirotavirus, le Plan d’action vise un taux de couverture de 90% d’ici à
l’échéance.
L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud en priorité
Le Plan d’action invite les gouvernements et les autres parties
prenantes à investir en priorité en faveur des catégories de population
qui ont le plus faible accès aux services de prévention et de traitement
de la pneumonie et de la diarrhée. Actuellement, près de 90% des décès
d’enfants imputables à la pneumonie et à la diarrhée surviennent en
Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.
Ce Plan
d’action intervient au moment où la communauté mondiale a marqué plus
résolument sa volonté d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement liés à la santé, y compris celui qui concerne la réduction
de la mortalité infantile. Il faut ainsi citer parmi les engagements
récents l’initiative " Chaque femme, chaque enfant" lancée par le
Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et, au sein de
celle-ci, le mouvement mondial " S’engager pour la survie de l’enfant:
une promesse renouvelée" , mené par l’UNICEF, dans le cadre duquel plus
de 170 pays se sont engagés à éliminer les décès d’enfants évitables
d’ici à 2035.
À l’heure de l’intensification et de
l’affinement de l’action menée pour protéger les enfants contre la
diarrhée et la pneumonie et fournir un traitement approprié à ceux qui
en souffrent, il sera primordial qu’une coordination améliorée
s’établisse entre les programmes existants et un large éventail
d’acteurs, dont les collectivités et le secteur privé. Il faudra aussi
que les efforts puissent s’inscrire dans la durée. -VNA