Le gouvernement vient de poser l’arrêté 42/2012 sur la gestion des terres rizicoles. L’objectif de faire du Vietnam un pays industrialisé en 2020 n’est pas paradoxal avec celui de garantir la sécurité alimentaire nationale.

Le Vietnam est actuellement en phase d’industrialisation et de modernisation. L’expropriation de terres agricoles pour l’aménagement de zones industrielles est une nécessité. Toutefois, un abus remettra inévitablement en cause la sécurité alimentaire nationale dans le futur.

Actuellement, le rendement de la riziculture croît et la nature de l’alimentation de la population a évolué vers une diminution de la consommation d’amidon. Mais le Vietnam a toujours besoin d’aliments pour développer son élevage. Plus encore, créer des variétés de riz de haut rendement nécessite du temps alors que le rendement demeure limité, de même que la superficie de terres agricoles en raison de la croissance démographique.

Devant cette situation, le maintien de la superficie rizicole est impératif. Par ailleurs, le pays doit faire face au changement climatique. Les phénomènes de vives-eaux, les crues et les inondations... provoqués notamment par la montée du niveau des océans, remettent en cause la sécurité alimentaire car des millions d’hectares de terres arables pourraient disparaître dans les deltas du fleuve Rouge et du Mékong, lesquels représentent à eux seuls 70% de la production nationale de riz et 67% des terres arables du pays.

Le pays ne peut maintenir ses terres rizicoles sans tenir compte du développement urbain, des communications et des infrastructures. Selon les estimations du Département de l’agriculture, la superficie rizicole est passée de 4,5 millions à environ 4,1 millions d’hectares durant ces 20 dernières années. Une diminution qui trouve son origine dans le processus d’industrialisation et d’urbanisation, outre le changement climatique. Sur ces 4,1 millions d’hectares, environ 300.000 ont été récupérés pour des projets industriels et de développement urbain.

Dans cette situation, il faut bien employer le foncier, mais les terres rizicoles doivent être préservées en vue d’assurer la sécurité alimentaire nationale. En effet, bien que pays agricole, le Vietnam ne possède qu’une faible superficie de riziculture, de l’ordre de 500 m² per capita : 86 millions d’habitants pour 4,1 millions d’hectares. À titre de comparaison, en Thaïlande, la population est de 65 millions d’habitants, et la superficie totale de riziculture de 9,8 millions d’hectares...

Selon les données du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, le Vietnam possède actuellement plus de 10 millions d’hectares de terres agricoles, dont plus de 4 millions d’hectares dédiés à la riziculture.

Ces dix dernières années pourtant, près de 350.000 hectares de terres rizicoles ont été employées à d’autres fins. Et selon les prévisions, en 2020, la superficie rizicole aura encore diminué de 300.000 hectares. L’aménagement des terres est donc une problématique urgente sur fond actuel de changement climatique et de montée du niveau des océans, autant de menaces pour la sécurité alimentaire mondiale comme nationale.

Actuellement, cette tendance à la baisse de la superficie rizicole existe dans presque toutes les régions du Vietnam. Dans certaines zones économiques de pointe où le rythme de développement industriel et urbain est plus rapide, cette baisse l’est encore davantage.

L’affectation temporaire massive de terres rizicoles à d’autres fins qu’agricoles, notamment dans les régions propices à la riziculture, sans réfléchir aux conséquences pour le développement économique et environnemental, a eu une incidence négative sur la production et la vie d’une partie de la population. Et c’est là encore une menace pour la sécurité alimentaire.

L’aménagement des terres de riziculture dans chaque localité dépend de leurs atouts, leurs possibilités et de leurs besoins. Les autorités locales doivent participer à cet aménagement pour avoir une connaissance précise de l’importance de protéger les terres rizicoles. C’est un moyen de prévenir une perte massive de celles-ci. Il faut par ailleurs évaluer correctement les intérêts locaux et nationaux.

Le projet d’arrêté gouvernemental du Département de la culture et de l’élevage du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, élaboré en coopération avec le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, comprend deux parties. La première porte sur les mesures de protection des terres rizicoles, et la seconde, sur les politiques d’encouragement de la riziculture. «Ces deux problèmes sont en constante interaction», a souligné Nguyên Ngoc Tri, chef du Département de la culture et de l’élevage du ministère de l’Agriculture et du Développement rural.

L’arrêté qui entrera en vigueur le 1er juillet prochain maintient la superficie rizicole totale du pays à 3,8 millions d’hectares, ce qui permettra d’assurer et la sécurité alimentaire nationale sur le long terme et les exportations. Le gouvernement prévoit des zones et superficies rizicoles à préserver qui feront l’objet d’une large publication. Parallèlement, l’arrêté définit des politiques d’aide aux agriculteurs : renforcement des investissements dans les infrastructures, augmentation de la dotation publique du budget des localités rizicoles... Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra inciter les agriculteurs à pérenniser leur pratique rizicole et à préserver leur domaine.

Concrètement, chaque année, le budget d’État assiste à hauteur de 500.000 dôngs/ha les foyers rizicoles. Les rizières ne pourront être transformées qu’à trois conditions : conformité à l’aménagement de l’emploi du foncier en vigueur, utilisation économe des terres attribuées, et plan de restitution à la riziculture après achèvement du projet. Il est interdit de laisser en jachère une rizière plus d’un an, ou encore de les polluer ou de les endommager. – AVI