Hanoi (VNA) - Face au développement du tout numérique, de nombreux Vietnamiens optent pour la lecture sur écran plutôt que sur papier. Mais attention à ne pas oublier de tourner les pages d’un livre.


Retrouver le gout de la lecture sur papier hinh anh 1La Journée nationale du livre du Vietnam (21 avril) a pour objectif d’encourager la lecture.

Il y a quelques années, pour accéder à l’information, nous devions absolument passer par le papier. Aujourd’hui, en quelques clics, l’information nous est accessible aux quatre coins de la planète. Mais lire entre les lignes d’un roman reste un excellent exercice pour l’esprit. «Avec l’essor d’Internet et des nouvelles technologies, il semble que la lecture ne soit pas aussi importante qu’elle ne l’était dans le passé», explique le chercheur Nguyên Trung. Inquiet de voir surtout les jeunes consacrer leur temps libre aux écrans, il constate que ces derniers sont nombreux à trouver refuge sur la Toile pour approfondir leurs passions (actualités, musique, cinéma, sports, jeux, littérature…)

Profiter du temps libre pour lire

Selon Vu Duong Thuy Ngà, directrice du Département des bibliothèques du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, pour promouvoir la lecture il faut d’abord redonner le plaisir de feuilleter des pages. À l’heure actuelle, la plupart des jeunes avouent oublier cette sensation et ne se limitent qu’à des ouvrages imposés dans le cadre de leurs études.

D’après Vu Duong Thuy Ngà, les autorités accordent une grande importance à la construction d’un réseau de bibliothèques. Mais celles-ci se heurtent à la concurrence d’Internet. «On peut trouver toutes sortes d’informations sur Google. Pourquoi se plonger des heures dans un livre alors que l’on peut tout avoir sous la main en quelques clics ?», note Mme Ngà. Mais malgré ce rapport de force, les bibliothèques parviennent toujours à être considérées comme des excellents endroits éducatifs et culturels.


Retrouver le gout de la lecture sur papier hinh anh 2Malgré l’omniprésence des écrans, les livres tentent eux-aussi de se faire une place.

Par ailleurs, d’après un récent sondage, 30% des Vietnamiens avouent «bouquiner» régulièrement, 46% de temps en temps, et 24% ne s’y aventurent pas. L’objectif fixé pour 2020 est d’atteindre les 65% dans la catégorie des lecteurs réguliers.

Des bibliothèques itinérantes

L’idée de créer des mini-bibliothèques en zones rurales vient de Nguyên Quang Thach. Il en a ouvert dans les écoles grâce à une aide financière de ses parents et des églises catholiques. Des efforts qui ont porté leurs fruits puisque ces établissements culturels comptent des centaines d’adhérents. L’ambition de M. Thach est d’atteindre les 300.000 mini-bibliothèques en zones rurales dans tout le pays en 2017. Ces établissements permettront à environ 10 mil-lions d’élèves d’emprunter des livres.    

De plus, toujours dans cette idée de promouvoir la lecture, le projet «Bibliothèque itinérante - La roue de la connaissance» a vu le jour dans la capitale l’année suivante. Environ 4.000 enfants issus de milieux défavorisés vivant dans dix communes de la banlieue de Hanoi ont bénéficié de ce projet en 2011. Un programme lancé grâce à un partenariat entre la Bibliothèque municipale et le Fonds international de Singapour (SIF), avec le soutien du groupe Keppel Land.


Retrouver le gout de la lecture sur papier hinh anh 3La lecture loisir permet de faciliter les études des jeunes.

Chaque week-end, cette bibliothèque itinérante, équipée de plus de 1.500 ouvrages, voyage dans ces localités. Par le biais de ce projet, les organisateurs espèrent «transmettre à ces enfants l’envie de lire», raconte Jean Tan, la directrice exécutive du SIF.

Pour redonner aux Vietnamiens le goût de la lecture, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a, quant à lui, approuvé le 2 juin dernier le projet «Développer l’habitude de lire au sein de la communauté pour la période 2015-2020, orientation 2030». Mais qu’en pense la jeune génération qui est née avec tous ces outils numériques ?

«Je n’abandonne pas l’amour de la lecture, je pense qu’elle persiste encore chez de nombreux étudiants, mais nous représentons une minorité», remarque Hoàng Tuân, un étudiant de l’Université de l’économie nationale de Hanoi. «Lire me permet de m’aider dans mes études. Les manuels scolaires ne me fournissent qu’une partie des connaissances requises», ajoute-t-il.

De son côté, Nguyên Trung, un architecte de 39 ans, ne cache pas son amour pour la lecture : «J’aime lire depuis que je suis tout petit. Mes ouvrages représentent mon univers. Presque tout mon argent de poche est parti dans ma collection. À présent, mon travail m’oblige à utiliser Internet ainsi qu’une liseuse électronique, mais je n’ai pas perdu l’habitude de tourner les pages d’un livre pendant mon temps libre». Peut-être un exemple à suivre ? -CVN/VNA