Les restrictions budgétaires de l’État ne facilitent pas le développement du transport maritime vietnamien. Pour éviter de se retrouver submergé par la concurrence étrangère, le ministère des Communications et des Transports veut dérouler le tapis rouge aux investisseurs, avec la mise en place d’une juridiction et de mécanismes plus flexibles en faveur du développement des services logistiques maritimes.


Selon l’Administration du transport maritime, relevant du ministère des Communications et des Transports, les entreprises vietnamiennes spécialisées dans la logistique sont de plus en plus concurrencées par leurs homologues étrangères, ce même sur le marché intérieur.


Les cargos du pays ne détiennent que 10% à 15% des parts de marché du transport de marchandises, dont 12% pour les produits secs, 8% pour ceux mis en conteneur et pour les produits liquides. La flotte vietnamienne transporte essentiellement des produits vers la Chine et l’Asie du Sud-Est. Les grands marchés comme l’Amérique et l’Europe sont dominés par les transporteurs étrangers. Autre problème, les entreprises vietnamiennes font beaucoup de sous-traitance et ne s’occupent que de produits domestiques.

Aujourd’hui, une quarantaine de navires étrangers sont en activité au Vietnam. En plus d’être compétitifs, ils ont tendance à travailler en bonne intelligence pour optimiser leur activité, ce qui leur permet de détenir une grande part du marché intérieur de la logistique maritime.

Si rien n’est fait, ces navires n’ont aucun souci à se faire, les politiques de gestion de l’État concernant le développement de la flotte actuellement en vigueur n’étant pas en adéquation avec les exigences d’aujourd’hui. Le développement de la flotte vietnamienne est en effet freiné par les taxes ou encore les formalités administratives trop lourdes, ce qui rebute les investisseurs, lesquels ont besoin de garanties. Il est donc impératif que le gouvernement applique des politiques et mesures pour sortir de ce cercle vicieux. Ce qu’il a déjà commencé à faire.

Nouvelle donne gouvernementale ?

«À l’heure actuelle, le Vietnam compte 1.800 navires de transport maritime. Mais la plupart sont de faible tonnage et les services manquent de professionnalisme. De plus, la proportion de porte-conteneurs et de pétroliers est faible. Enfin, sur les quelque 600 entreprises opérant dans la logistique maritime, plus de 500, privées, ne représentent qu’un quart du tonnage», indique Bùi Thiên Thu, directeur adjoint de l’Administration des transports maritimes. En d’autres termes, Bùi Thiên Thu considère que les entreprises sont trop nombreuses et manquent de moyens pour rogner des parts de marché à la concurrence étrangère, mieux armée et mieux structurée.

Face à cette situation, Nguyên Nhât, directeur de l’Administration des transports maritimes, affirme qu’il faudrait restructurer la flotte, réduire la taxe imposée sur les marchandises importées et transportées par les navires vietnamiens et créer une connexion entre armateurs et expéditeurs. Et d’ajouter que le transport maritime domestique doit bénéficier de politiques privilégiées.

Dans ce sens, le ministère des Communications et des Transports a approuvé un projet de mobilisation de fonds dans l’optique de construire de nouvelles infrastructures maritimes d’ici 2020. Ce projet s’intéresse notamment au développement du transport maritime, le but étant de moderniser la flotte actuelle.

Modernisation de ports maritimes


Le ministère prévoit que d’ici 2020, le Vietnam devra débourser au moins deux milliards de dollars pour que les entreprises nationales puissent se tailler une part plus importante sur le marché intérieur de la logistique. Autre mesure, la possibilité pour les investisseurs privés de détenir jusqu’à 49% du capital des transporteurs publics.

Par ailleurs, l’Administration du transport maritime du Vietnam a soumis au ministère des Communications et des Transports 41 projets pour la période 2015-2020, d’un coût d’investissement de près de 43.000 milliards de dôngs. Parmi eux, dix sont consacrés à la logistique maritime, dix-neuf à la construction ou la modernisation de ports maritimes, trois à la mise en place de systèmes électroniques et neuf à la construction de quais et d’abris en cas de tempête.

Ces projets, soumis à des appels d’offre, ont reçu un accueil favorable de la part des investisseurs, comme celui d’agrandissement du port de Hon La qui sera, une fois terminé, capable d’accueillir des navires d’une capacité de 20.000 DWT (Société Linh Thành), la deuxième phase de construction du port de Tiên Sa - Dà Nang (Société des ports de Dà Nang) ou encore le port international de Duong Dông (Groupe Vinagroup).

Pour la période 2015-2016, trois autres projets seront bientôt en opération : la ligne maritime à grand tonnage vers le fleuve Hâu (deuxième phase), d’un capital de 2.700 milliards de dôngs ; la ligne de Tho Quang pour les navires d’une capacité de 10.000 DWT, 126 milliards de dôngs ; et la ligne de Nghi Son, agrandie afin de permettre le trafic de navires de 50.000 DWT, 300 milliards de dôngs. -CVN/VNA