Quand les Viêt kiêu qualifiés «rentrent au pays»
La diaspora vietnamienne ou Vietnamiens d’outre-mer (Viêt kiêu)
désigne des populations d’origine vietnamienne résidant dans d’autres
pays que celui de leurs aînés. Cette communauté compte plus de 4,5
millions de personnes à travers le monde. Beaucoup souhaitent apporter
leurs contributions à l’édification et au développement de leur pays
d’origine.
Créé il y a un an, le groupe de Dialogue
sur l’éducation, qui regroupe des experts et professeurs venus
d’universités étrangères, a déjà beaucoup contribué à la réflexion sur
les modifications à apporter à l’éducation nationale, pour qu’elle soit
plus à même de répondre aux nouvelles exigences du développement du
pays.
Les chemins qui ramènent à la Patrie
Sa récente conférence sur la réforme de l’éducation universitaire à Hô
Chi Minh-Ville a attiré l’attention de bon nombre de personnes. Le
Premier ministre Nguyên Tân Dung lui-même a rencontré les participants
pour écouter leurs suggestions sur ce qu’il faudrait faire pour
améliorer l’enseignement et la recherche dans les universités
vietnamiennes.
Selon le Professeur Ngô Bao Châu
(mathématicien vietnamien titulaire de la médaille Fields en 2010), «le
meilleur résultat de la conférence a été le renforcement de la confiance
mutuelle».
Tous les experts présents ont appelé de
leurs vœux le déploiement d’une réforme de fond de l’éducation
nationale. Après la conférence, beaucoup de leurs avis ont été publiés
sur le site hocthenao.vn.
«Nous souhaitons d’ici la
fin de l’année élaborer une liste des propositions pour la soumettre
aux organes concernés», a partagé Ngô Bao Châu.
Vo
Van Toi, chef du Département de génie biomédical de l’Université
internationale de Hô Chi Minh-Ville, a décidé de revenir au Vietnam il y
a deux ans.
Sa décision avait rencontré une forte
opposition de sa famille, de même qu’elle avait étonné ses collègues.
Car à cette époque, M. Toi avait une position sociale élevée aux
États-Unis et un parcours professionnel de haut vol. Avant d’être
professeur à l’Université de Tufts et directeur exécutif du Fonds de
l’éducation du Vietnam (VEF - Vietnam Education Foundation), Vo Van Toi
avait assumé d’importants postes, notamment directeur adjoint de
l’Institut de recherche en ophtalmologie de Sion, en Suisse, ainsi que
professeur à l’Université de Pennsylvanie, aux États-Unis. Plusieurs de
ses recherches en génie biomédical avaient été brevetées, et il avait
reçu le prix de l’enseignement et du conseil (Award for teaching and
advising) de l’Université de Tufts.
«Les
opportunités pour moi ou d’autres +Viêt kiêu+ sont très nombreuses au
Vietnam, a confié Vo Van Toi. Mais il faut les créer et non les
attendre».
De retour dans le pays de ses ancêtres,
le Professeur a choisi de travailler à l’Université internationale de Hô
Chi Minh-Ville où il a fondé le Département de génie biomédical, une
discipline relativement récente où le Vietnam nécessite des soutiens.
Vo Van Toi est aussi le fondateur du programme «On
the way home» (Sur le chemin du retour à la maison) qui a pour objet
d’accorder des bourses aux étudiants vietnamiens souhaitant suivre une
formation aux États-Unis et s’engageant à revenir travailler au Vietnam
ensuite.
Depuis la création de ce programme en 2007 et par l’intermédiaire de VEF, 300 étudiants ont déjà reçu des bourses.
Comme Vo Van Toi, le Professeur Duong Nguyên Vu a laissé derrière lui
un poste à haute responsabilité (directeur du Département de recherche
innovante de l’Organisation européenne pour la sécurité de la navigation
aérienne - Eurocontrol) pour retourner sur sa terre natale. Depuis
juillet 2010, il est directeur de l’Institut John Von Neumann (JVN) à
l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville. Grâce à ses relations,
Duong Nguyên Vu a invité plusieurs enseignants de grandes universités à
venir donner des cours au Vietnam.
Mieux valoriser leur rôle de «passerelle»
Outre le secteur de l’éducation, un grand nombre de Viêt kiêu font
carrière dans la recherche scientifique, le commerce, la construction,
la médecine, la restauration…
Leur dynamisme, leurs
expériences et contributions sont reconnues dans leurs pays d’accueil.
Mais la plupart d’entre eux gardent une partie d’eux-mêmes au Vietnam,
leur pays natal ou d’origine. Ils y reviennent pour des séjours
prolongés, avec des motivations diverses, culturelles ou économiques
souvent, sentimentales toujours.
Ils sont un
véritable pont entre le Vietnam et le monde. Le pays continue donc de
renforcer la confiance de la diaspora, de prendre des mesures
d’incitation pour l’encourager à revenir travailler dans le pays, et
cela sur la base d’un rapport mutuellement fructueux. – CVN/VNA