Le film documentaire « Liên de Mê Linh ou Guerres et crimes de guerre » du réalisateur belge Jean-Marc Turine a été projeté le 13 avril au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris.

La projection a été suivie d’une présentation du livre du même nom écrit aussi par Jean-Marc Turine et d’un débat sur les effets de l’agent orange sur la vie des victimes vietnamiennes de la dioxine, thème au cœur du documentaire aussi bien que du livre.

Dans le livre comme dans le film, les spectateurs rencontrent Liên, une petite fille de Mê Linh, en banlieue de Hanoi. Elle vit une existence saccagée, se déplaçant entre lit et fauteuil roulant car son père, contaminé pendant la guerre contre les Etats-Unis par l’agent orange, un puissant herbicide, lui a transmis une maladie. Pour Liên, aller à l’école comme les enfants de son âge est un rêve irréalisable.

Le cas de Liên n’est pas unique. Beaucoup de victimes de l’agent orange vivant dans différentes régions du Vietnam souffrent de douleurs similaires. Dans le film on voit que la plupart de ces enfants malades ne comprennent pas leur situation pitoyable alors que les larmes ne cessent de couler sur le visage de leurs parents. Cependant, certains ont réussi à surmonter leur sort grâce à leurs efforts personnels et aussi avec l'aide de leurs proches. En plus, des Centres de protection sociale construits avec le budget de l’Etat mais aussi par les apports de toute la société, des aides des vétérans de guerre de différents pays et ONG étrangères ont servi de support pour ces victimes.

Outre le sort des êtres humains, le film a fourni aussi des informations documentaires sur la guerre américaine au Vietnam. En effet, entre 1961 et 1971, l’armée américaine a épandu 80 millions de litres de défoliants contenant de la dioxine sur une superficie correspondant au quart du territoire du Sud Vietnam. Il s’agit d’une guerre chimique d’une envergure jamais vue qui a détruit la nature, l'environnement et plusieurs générations d'êtres humains au Vietnam.

Dans un entretien accordé à l’AVI, l’auteur-réalisateur Jean-Marc Turine a confié que quand il était jeune, il faisait partie des manifestants à Bruxelles contre la guerre américaine au Vietnam. En 2006, grâce à un ami belge qui a vécu longtemps au Vietnam qui lui a appris que l’agent orange fait encore des dégâts dans ce pays, il a commencé à s’intéresser à ce problème. L’auteur-réalisateur a rencontré ces familles victimes de la dioxine et témoigne de leur vie et de l’ampleur de leur tragédie. « Au début, j’ai tenté de faire une émission radio, mais après j'ai trouvé que lorsqu’on parle des victimes il fallait que les gens les voient, donc il fallait faire un film », a-t-il estimé.

Il a aussi exprimé son impuissance devant le sort des victimes ainsi que sa colère contre les firmes américaines qui ont produit la dioxine mais qui n’ont pas encore été jugées. Pour lui, il est temps que le gouvernement américain et les firmes chimiques admettent leurs responsabilités et indemnisent les victimes vietnamiennes. « 40 ans après la guerre, ce produit toxique tue encore. A travers ce film, je veux dénoncer les crimes commis par les Américains et promouvoir la prise de conscience de cette réalité au Vietnam », a-t-il précisé.

La projection de ce documentaire est d’autant plus significative dans le contexte où le procès intenté par Mme Tran To Nga, une Française d'origine vietnamienne victime de l’agent orange, contre les compagnies chimiques américaines s’ouvrira le 16 avril au Tribunal de Grande instance d’Evry, en banlieue de Paris.-VNA