Il y a cinq ans, le jeune homme Cao Van Giap est arrivé sur l’île de Sinh Tôn avec un groupe de jeunes volontaires. Il s’y est installé, cumulant les postes de vice-président de la commune insulaire de Sinh Tôn et de professeur.

Né dans la commune de Ninh Sim, district de Ninh Hoà, province de Khanh Hoà (Centre), Cao Van Giap est d’un caractère indépendant. Après ses études universitaires à Dà Lat (province de Lâm Dông, dans les hauts plateaux du Centre), il a participé à des activités de volontariat.

Il a été bénévole au sein de l’ethnie Rac Lây dans la commune Son Tân, district de Cam Lâm, province de Khanh Hoà. Là, il a vécu comme les habitants locaux. «Je faisais ce qu’ils faisaient et mangeais ce qu’ils mangeaient. Cela m’a permis de comprendre leurs manières de voir les choses, et donc de me faire comprendre et entendre».

En avril 2008, avec un groupe de volontaires, il est allé sur l’île de Sinh Tôn qui fait partie de l’archipel vietnamien de Truong Sa. Dès son arrivée, Cao Van Giap a écrit : «c’est bien une île de notre pays. Quelque chose de marquant, de chaleureux, c’est que lorsque nous avons accosté, les soldats en poste sur l’île, bien qu’ils ne nous connaissaient pas, nous ont étreint et nous ont aidés à porter nos bagages... Nous sentons leur humanité, ce qui renforce nos sentiments envers les îles et la mer».

Ce groupe de jeunes volontaires comprenait 12 personnes, réparties entre trois îles. Cao Van Giap et trois autres ont été désignés pour l’île de Sinh Tôn. De même âge, ils ont logé dans la salle de conférence du Comité populaire communal. Hormis les activités administratives, ils ont aussi participé à des entraînements avec les milices populaires.

Le vent et le soleil sont les deux grands traits de Truong Sa. Sinh Tôn est une île exiguë sans végétation ni eau douce. Les familles qui vivent là sont originaires de Binh Ba, Cam Lâm-Cam Ranh. Les difficultés ne se comptent pas tant elles sont nombreuses. L’entraide est systématique.

Une fois, un soldat a eu une crise d’appendicite et a dû être opéré. Tous les combattants et habitants sont allés lui rendre visite. Une autre fois, la petite Thu Hiên avait une fièvre, les soldats ont veillé sur elle jusqu’au matin. Ou encore la petite Hô Y Nhu qui est née sur le continent et a suivi ses parents sur l’île à un an : tout le monde s’occupe d’elle...

Les insulaires forment une grande famille. Ils partagent l’alimentation mais aussi les difficultés, joies et peines. Chaque fois qu’un soldat prend du poisson, il en offre à quelqu’un. «Ici, l’argent n’a pas de valeur. Les sentiments sont bien plus importants. C’est la vie dont j’ai besoin», souligne Giap. «Vous avez vu comment on fume ici ? On coupe une cigarette en dix morceaux pour bourrer une pipe. Ainsi, beaucoup de personnes peuvent fumer».

Sur l’île de Sinh Tôn, quatre cadres du Comité populaire communal sont aussi professeurs, et Giap se charge de la 4e classe. «Nous avons dix élèves en primaire. Leurs résultats vont d’assez bien à bien. Quand j’entends les élèves m’appeler +professeur+, je suis fier et cela m’encourage à redoubler d’efforts dans mon travail», insiste Cao Van Giap. Il se souvient toujours de son premier cours avec... un seul élève, et lors de la pause, leurs dessins d’animaux sur le sable.

Les enfants de l’île peuvent citer les noms de toutes les îles de Truong Sa et Hoàng Sa. Parfois, ils montrent du doigt un point sur la carte et demandent au professeur : «Nous sommes ici, n’est-ce pas?».

Souvent, le professeur Giap reçoit un appel téléphonique de son ancienne élève Lê Thi Thuc Quyên qui poursuit ses études à Cam Ranh. «Avant de déménager à Sinh Tôn, ses résultats scolaires étaient faibles mais sur l’île, grâce au professeur Giap, elle a progressé. Aujourd’hui, elle continue à Cam Ranh et téléphone souvent à son ancien professeur», confie son père, Lê Van Xin. – AVI