La fête Vu Lan ou Têt Trung Nguyên, qui a lieu le 15e jour du 7e mois lunaire, tombe cette année le 21 août. Lors de cet événement, la population vietnamienne a l’habitude de brûler de nombreux papiers votifs censés relier le monde des vivants à celui des défunts afin de les honorer et de pourvoir à leurs besoins.

Ces derniers jours, la rue Hàng Ma dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm à Hanoi, qui regroupe les commerçants de ces papiers votifs, est en pleine effervescence. L’on y trouve absolument tout ce qui est nécessaire pour assurer le quotidien des ancêtres et défunts de la famille, papier monnaie, villa, téléphone portable, voiture, vêtements...

Selon les vendeurs, les voitures de luxe comme les Audi et Mercedes..., mais aussi des produits des technologies tels qu’iPad ou iPhone... ont du succès cette année. «Une Audi en papier coûte 400.000 dôngs, et un iPhone ou un iPad avec écouteurs, environ 150.000 dôngs. Lors de la fête Vu Lan, les clients les apprécient particulièrement car ils conçus et réalisés avec minutie», explique une vendeuse de cette rue.

Toujours selon elle, villas, voitures et produits électroniques votifs sont souvent renouvelés pour mieux séduire la clientèle. Le prix de ces articles va de quelque dizaine à plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions de dôngs. En revanche, des articles ordinaires, comme des vêtements, des chaussures et des bijoux, vont de 35.000 à 130.000 dôngs.

M. Lâm, propriétaire d’une boutique de la rue Hàng Ma, avouent aussi que, cette année, les commerçants de la rue n’ont pas osé proposer des articles trop chers car, en ces temps, ils se vendent mal...

Vu Lan, le jour du pardon des âmes

La légende raconte qu’autrefois, une dame s’appellant Thanh Dê, très avare, méchante et impitoyable, n’hésitait pas à chasser tous les pauvres qui traversaient sa porte, se moquait des moines mendiants qui lui demandaient l’aumône. Thanh Dê blasphémait le Bouddha, méprisait les génies et offrait aux bonzes des victuailles de jeûne auxquelles elle avait mêlé de la viande. En dépit des tentatives de dissuasion de son fils Muc Kiên Liên, lui-même bonze de haute vertu, Thanh Dê poursuivait sa délinquance.

Après sa mort, elle rejoignit l’enfer et dut payer pour ses crimes. Elle dut s’asseoir sur un lit à clous, porter sur la tête un seau rempli de sang, rester affamée et assoiffée car tout aliment qu’on lui mettait dans la bouche se changeait en sang et se muait en flamme.

Muc Kiên Liên, après avoir atteint son illumination, put descendre dans le Royaume des Morts pour revoir sa mère. Il fut témoin des châtiments qu’elle encourait. Il ne pouvait changer le cours justicier du décret céleste, ni se substituer à sa mère. Muc Kiên Liên décidait alors d’aller solliciter une faveur chez le Bouddha. Celui-ci lui permettait d’organiser une fête au cours de laquelle il pourrait solliciter la grâce en faisant des prières et l’aumône. Et cette fête en question tombait le 15ème jour du 7ème mois lunaire. De retour sur terre, Muc Kiên Liên établit un autel en hommage au Bouddha et fit une cérémonie austère et fervente.

Thanh Dê, au Royaume des Morts, prit conscience de la souffrance après âtre devenue sensible à la faim et à la soif. Les difficultés qu’elle rencontrait l’amenaient à s’éloigner au fur et à mesure de sa nature méchante et à connaître le remords.

La piété de Muc Kiên Liên remua la porte du Ciel. Le père céleste ré-examina le cas de sa mère Thanh Dê, constata qu’elle avait pu se repentir et l’acquitta. Il fut permis à Muc Kiên Liên de descendre dans l’enfer afin de ramener sa mère à la vie. Depuis lors, Thanh Dê, de tout coeur, honora Bouddha, respecta les bonzes et secourut les pauvres. Prenant l’exemple de Muc Kiên Liên, les habitants consacrent le 15e jour du 7e mois lunaire à la mémoire des âmes oubliées. – AVI