Dans la commune de Ka Dô (province de Lâm Dông, Hauts plateaux du Centre), on le considère comme «la mémoire locale». Passionné d’histoire, l’octogénaire Pham Van Sao est toujours à la recherche d’archives concernant le passé de sa commune d’adoption.

L’ancien enseignant Pham Van Sao est originaire de Binh Dinh, une province du Centre. Depuis 1963, il est installé à Ka Dô, une commune du district de Don Duong, dans la province de Lâm Dông, où il est admiré par les villageois pour son érudition. Sa grande passion est en effet l’histoire, l’histoire locale notamment.

L’histoire de la commune en 2.000 pages

Après 60 ans de recherches historiques, la plupart du temps sur la commune de Ka Dô, Pham Van Sao a bien du mal à se rappeler combien de carnets de note il a rédigés, combien de personnes il a interrogées, combien d’heures il a passées dans des archives. Les fruits de son travail, ce sont des annales de 2.000 pages sur l’histoire de la commune de Ka Dô.
Dès le début de ses travaux, l’historien amateur s’est trouvé face à des archives en mauvais état de conservation. Faute de documents, c’est souvent auprès des patriarches de villages qu’il a été glané des renseignements. «Des anciens de Ka Dô m’ont dessiné des schémas des combats qui ont eu lieu dans la commune. Rien n’était écrit, il a fallu aller tout rechercher dans la mémoire collective», explique-t-il.

Ses travaux sur Ka Dô lui ont demandé de grands efforts. Pham Van Sao a abordé toutes les facettes de la commune, notamment la culture, l’éducation, mais aussi les batailles, un sujet qui le tient particulièrement à cœur. L’ouvrage a été relu par plusieurs experts locaux, dont des cadres communaux et du district, qui ont tous salué la qualité et le professionnalisme du travail.

M. Sao collecte aussi des photos d’archives. Il en possède 2.500, dont 1.800 de personnalités dans tous les domaines de la commune.

Pourquoi un tel intérêt ?

À la fleur de l’âge, Pham Van Sao s’est engagé dans le groupe de jeunes pour le salut national de Binh Dinh, sa province natale. Là où il a participé aux activités artistiques pour encourager les habitants, notamment les jeunes, à lutter contre les envahisseurs étrangers. « Après chaque bataille où j’ai vu des camarades tomber, j’ai ressenti une grande douleur. Je me suis posé la question : comment faire pour que ces instants de lutte ne soient pas effacés de la mémoire collective ? J’ai alors choisi de prendre des notes dans un carnet», partage-t-il.

Extraits des annales de 2.000 pages de Pham Van Sao sur la commune de Ka Dô.  Photo : CTV/VNA

Plus tard, le jeune Sao a fait ses études à l’École normale supérieure de Sài Gòn (Hô Chi Minh-Ville actuelle). Une fois diplômé, en 1963, il a été envoyé à Ka Dô pour y enseigner. C’est pendant ses temps libres qu’il s’est plongé dans l’histoire locale. «J’ai connu une ambiance révolutionnaire effervescente à Ka Dô. Ma passion pour l’histoire locale a vraiment pris forme ici. Je me suis intéressé aux lauréats des concours mandarinaux, aux batailles...», confie-t-il. Il ajoute que «la commune de Ka Dô est une terre de talents. Les diplômés universitaires y sont nombreux».

Pham Van Sao espère que ses annales susciteront à Ka Dô une passion pour l’histoire. Il souhaite même que les autorités communales organisent de temps en temps des colloques ou des activités extrascolaires pour les élèves autour de certains événements historiques. « J’ai envie de la création d’un groupe de rédaction qui complétera mon ouvrage afin d’enrichir l’histoire locale, pour que la mémoire ne s’éteigne pas», dit-il. - VNA