Sur les cinq premiers mois de l’année, les exportations du Vietnam n’ont connu qu’une très légère hausse de 7,3 % en variation annuelle, contre 15,4% sur un an en 2014. Le ministère de l’Industrie et du commerce prévoit pourtant une bonne progression du chiffre d’affaires à l’export durant les six mois à venir.

Cette faible croissance de ce premier semestre était prévue depuis la fin de 2014 par le ministère de l’Industrie et du Commerce. Cette année, l’économie mondiale s’est rétablie, d’où une abondance de marchandises commercialisées sur le marché mondial. Les produits vietnamiens doivent donc faire face à une concurrence plus dure. Par ailleurs, le volume des produits agricoles majeurs du Vietnam a atteint un pic, rendant difficile toute croissance des exportations en ces termes. Tous ses facteurs expliquent la baisse constatée du chiffre d’affaires à l’export, selon le ministère de l’Industrie et du Commerce. Ce dernier a toutefois estimé que les exportations vont reprendre leur progression dans les mois à venir pour atteindre l’objectif de croissance de 10% fixé par l’Assemblée nationale pour cette année. Une telle progression des exportations a déjà été observée les années précédentes.

Selon Phan Van Chinh, directeur du Département de l’import-export du ministère de l’Industrie et du Commerce, les exportations en juin atteindront 14,7 milliards de dollars, soit une hausse de 9,5% sur un mois. Au cours de ce premier semestre, le chiffre d’affaires à l’export représentera 47% du plan annuel. Selon Hoàng Tuân Khai, directeur général de la compagnie d’import-export 1, sur les cinq premiers mois de l’année, la croissance des exportations des produits majeurs tels que riz, manioc, textile et habillement, poivre... s’est toujours maintenue, même si des difficultés ont été constatées pour certains d’entre eux comme le riz et les produits aquatiques. Pour ces derniers, rien d’inquiétant car, comme d’habitude, après un premier temps de recul lors des deux premiers trimestres, le chiffre d’affaires augmentera durant le troisième et, surtout, le dernier.

D’après les statistiques du Département général des Douanes, entre janvier et mai 2015, le pays a exporté pour 63,45 milliards de dollars pour une croissance de 7,7% en glissement annuel. Dans cette même période de cinq mois, les importations de 14,94 milliards de dollars ont généré un déficit commercial de 1,24 milliard de dollars. Ces importations sont, pour l’essentiel, des matériaux et matières premières, ainsi que des machines industrielles. Dans son rapport sur les perspectives macroéconomiques du Vietnam récemment publié par la banque HSBC, celle-ci prévoit que le déficit se maintiendra à 3,5 milliards de dollars pour toute l’année. Toutefois, malgré ce déficit, le compte courant du Vietnam sera toujours «en léger excédent».

Mesures pour une croissance plus régulière dans l’année

Une restructuration des marchés d’export est impérative pour développer les débouchés du pays dans l’ambition de parvenir à accroître les exportations de 10 à 11% par an pendant la période 2016-2020. Mais les entreprises domestiques devront remédier à bon nombre de leurs lacunes. Pêle-mêle, augmenter le taux de localisation des produits, mieux exploiter la diversité des produits exportés, développer l’industrie auxiliaire, ce qui permettra de réduire la sous-traitance, améliorer la gestion des risques... Et surtout, mieux évaluer les potentiels et l’importance du marché domestique, ainsi que le rôle des associations professionnelles.

Selon la vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Hô Thi Kim Thoa, la faible valeur ajoutée à l’’export des produits vietnamiens résulte de leur nature : pour l’essentiel, des produits bruts issus de l’emploi non effectif des matières premières locales, ou fabriqués dans le cadre d’une sous-traitance pour une entreprise étrangère. Le manque d’une industrie auxiliaire grève aussi les marges réalisées avec les importations inévitables de matières premières, de machines et, plus généralement, de technologies étrangères.

Avec la signature prévue en fin d’année du Partenariat transpacifique (TPP) et de l’accord de libre-échange Vietnam-Union européenne, le Vietnam bénéficiera de nouveaux débouchés pour ses produits agricoles, ce qui le rendra moins tributaire de ses grands marchés traditionnels. En d’autres termes, une avancée claire vers des exportations agricoles plus régulières. Afin d’être en mesure de diversifier leurs marchés, les exportateurs doivent adopter une nouvelle approche. Selon lui, il leur faut améliorer la qualité de leurs produits pour maintenir leurs parts de marché sur les débouchés traditionnels, et augmenter leurs investissements dans le renouvellement de leurs technologies de transformation. La diversification des marchés d’export doit aussi être au centre des efforts, notamment en Afrique et en Amérique.

Le secteur agricole du Vietnam est confronté à de nombreuses difficultés comme la baisse notable des cours des produits agricoles sur le marché mondial, l’instabilité de ce dernier, ou encore les barrières au commerce imposées par nombre de pays. Le Vietnam s’emploie par ailleurs à diversifier ses marchés d’export tout en améliorant la qualité de ses produits agricoles afin de mieux cibler les besoins de tel ou tel marché. Il est cependant indispensable de procéder à une restructuration profonde de ce secteur afin d’améliorer la compétitivité des produits agricoles vietnamiens. La priorité reviendra donc à l’élévation de la qualité, de l’hygiène et de la sécurité alimentaires, ainsi qu’à la visibilité des produits agricoles vietnamiens par une meilleure labellisation. -CVN/VNA