Hanoi, 2 juillet (AVI) - Face au changement climatique entraînant sécheresse, crues, inondations, vives-eaux... un programme d'action vient d'être adopté par le Premier ministre Nguyên Tân Dung pour la période 2010-2015, afin de minimiser les conséquences potentiellement désastreuses sur l'environnement et la société.

En un demi-siècle, la température moyenne s'est accrue d'environ 0,7°C et le niveau des océans a augmenté de 20 cm, sans omettre les impacts causés par les phénomènes El Nino et La Nina. Selon les prévisions, d'ici à 2100, le Vietnam devrait subir une hausse moyenne de la température de 3°C et le niveau de la mer devrait monter d'un mètre. Conséquence : environ 40.000 km² des provinces littorales seraient submergés par les eaux et 90% des terres agricoles des provinces du delta du Mékong seraient envahies par la mer.

Selon un rapport présenté en mars 2007 par la Banque mondiale (BM) sur les impacts exercés par la hausse du niveau des océans sur les 84 pays côtiers, le Vietnam (en particulier les deltas du fleuve Rouge et du Mékong) devrait être un des pays les plus touchés par cet effet dû au réchauffement climatique. Ainsi, si le niveau des océans s'élève d'un mètre par rapport à aujourd'hui, les conditions de vie pour 10% de la population seront affectées. Et si ce même niveau augmente de 3 m, environ 25% de la population vietnamienne sera touchée.

Au dire de scientifiques du programme du climat et de l'atmosphère et du Fonds pour la protection de l'environnement, le Vietnam serait le 2e pays lourdement touché par le changement climatique après l'Inde. Et c'est surtout son agriculture qui devrait en faire les frais : si la terre se réchauffe de 2°C et le niveau de la mer augmente d'un mètre, environ 90% des terres arables des 2 grands deltas du fleuve Rouge et du Mékong (les 2 greniers à riz du pays) seraient inondées, causant ainsi une perte estimée à 12-15 millions de tonnes de riz par an. À présent, environ 2,1 millions d'hectares de terres agricoles dans ces régions ont une salinité trop élevée ; 1,6 million d'hectares sont alunés et la biodiversité s'appauvrit graduellement.

Trân Thuc, chef de l'Institut des sciences météorologiques et hydrauliques et de l'environnement, prévoit 5 conséquences, plus désastreuses les unes que les autres, dues aux changements climatiques. À savoir : la réduction visible du rendement de la production agricole ; une pénurie en eau propre aggravée ; un bouleversement climatique rapide avec une banalisation des phénomènes exceptionnels notamment ; la destruction des écosystèmes et des risques épidémiologiques plus importants. Les phénomènes conjugués et imprévus de sécheresse et de pluies abondantes, qui ne cessent de s'accentuer, ont fortement nuit à la production agricole, tant au Nord qu'au Sud, en passant par le Centre depuis la dernière décennie. La pénurie en eau dans certaines localités a atteint la cote d'alerte. Plusieurs espèces de la faune et de la flore sont menacées d'extinction… Les ressources marines se dispersent, etc.

Outre un énorme effort déployé pour s'adapter au changement climatique et réduire au maximum leurs impacts tant sur l'environnement que sur les hommes, à travers notamment les opérations de plantation d'arbres en amont et dans les régions côtières, la consolidation des digues, la construction de réservoirs d'eaux douces, etc. Le gouvernement vietnamien a participé à la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique et signé le protocole de Kyoto. De plus, un programme d'action national en 3 étapes (d'ici 2010, 2011 à 2015 et après 2015) vient d'être approuvé. Un budget de 1.965 milliards de dôngs sera alloué à la réalisation de ce programme, dont 50% provenant du budget d'État et le reste de celui des localités ainsi que d'aides étrangères.-AVI