Connue pour son tempérament agressif quand elle est en piste et pour sa gentillesse une fois qu’elle a baissé la garde, la fleurettiste Nguyên Thi Tuoi a récolté au cours de sa carrière professionnelle une belle moisson de médailles.

Nguyên Thi Tuoi est originaire de la province de Thai Binh, dans le delta du fleuve Rouge. En dix ans de carrière de sportive de haut niveau, elle a rapporté au Vietnam sept médailles d’or en individuel et par équipes, glanées lors des divers tournois internationaux auxquels elle a participé. Un palmarès qui force le respect.

Des premières armes réussies

Bien aidée par ses 1m70, Nguyên Thi Tuoi a des prédispositions pour le volley-ball. Ce que ne manquent pas d’observer les coachs de l’École de l’éducation physique et des sports de Thai Binh, qui la «recrute» rapidement afin de l’entraîner. Nous sommes alors en 2002… Un an plus tard, un groupe d’experts de l’escrime se rend dans son école en quête de talents. Tuoi, curieuse, décide de tenter sa chance. Quelques jours après, elle reçoit la convocation de la sélection, et décide - après avoir bien soupesé le pour et le contre - de délaisser le volley-ball pour ce qui fera d’elle une véritable championne.
« Partir pour Hanoi afin de pratiquer l’escrime pourrait être un tournant dans ma vie», songe-t-elle alors. « À l’époque, je n’y connaissais rien en escrime…On m’a d’abord initié au sabre». Souvent blessée à l’entraînement, ses parents lui conseillent d’abandonner l’escrime pour suivre des études de médecine. En vain, le «virus» l’a déjà contaminé…

Nguyên Thi Tuoi a dû faire preuve d’une grande abnégation pour s’adapter à ce sport de combat encore assez nouveau au Vietnam. La nouvelle recrue fait rapidement parler d’elle, puisqu’elle apparaît dans la sélection nationale pour les SEA Games 22 (Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est) en 2003 au Vietnam. C’est une fois la compétition terminée que la jeune femme décide de se consacrer exclusivement au fleuret : «J ’étais la +bleue+ de l’équipe. Et mes partenaires me battaient souvent à l’entraînement. J’ai beaucoup pleuré dans la salle d’entraînement et ces échecs me coupaient l’appétit. Cela m’a toutefois permis de me remettre en question et de comprendre pourquoi je n’arrivais pas à gagner. J’ai donc depuis cherché à améliorer ma technique sans jamais me décourager ». Un travail qui paie, avec sa première médaille de bronze aux SEA Games 23 aux Philippines en 2005. Trois ans plus tard, elle réalise l’exploit de décrocher deux médailles du plus beau des métaux en fleuret individuel et par équipe lors des Championnats d’Asie du Sud-Est organisés au Brunei en 2008. Nguyên Thi Tuoi réitère cette performance en 2010, de même qu’aux SEA Games 26 en Indonésie l’année suivante. « Monter sur le podium pour recevoir la médaille d’or est un pur moment de bonheur. Cela récompense tous les efforts et sacrifices que l’on consent à l’entraînement », confie Nguyên Thi Tuoi.

Un retour triomphal

La fin des SEA Games 26, en 2011, marque un coup d’arrêt dans sa carrière, le staff médical lui conseillant de se faire opérer pour son genou droit récalcitrant. Elle, choisit simplement de stopper l’entraînement le temps qu’il faudra pour récupérer.

En 2012, enfin remise, elle ne dispose que de quatre semaines de préparation en vue des Championnats d’escrime d’Asie du Sud-Est, organisés à Hô Chi Minh-Ville. Mais son entraîneur russe fait des miracles, et Nguyên Thi Tuoi retrouve rapidement sa «puissance». « Mais j’ai dû faire du rab à l’entraînement !», s’amuse-t-elle. Impeccable et implacable durant toute la durée de la compétition, elle se défait en finale de sa compatriote Nguyên Thi Nguyêt sur le score sans appel de 15 touches à 5, et devient la première escrimeuse vietnamienne à remporter un titre aux Championnats d’Asie du Sud-Est à domicile.

Véritable «tueuse» sur la piste, Nguyên Thi Tuoi montre un tout autre visage sur le podium en recevant la médaille d’or. En larmes, elle déclare alors, touchante : « Je suis tellement heureuse et fière d’avoir remporté cette médaille d’or ! Surtout pour un événement sportif régional organisé dans le pays !».

Si notre championne est à un tel niveau aujourd’hui, c’est aussi grâce à ses parents, toujours à ses côtés même - et surtout - quand les choses ne se passent pas comme prévu. « Quand je suis confrontée à un problème, mes parents, ma famille sont toujours derrière moi pour me soutenir et me faire avancer », confie-t-elle, ajoutant que l’entraînement est pour elle le meilleur moyen d’évacuer le stress. - AVI