Pour la première fois dans l’histoire de la lutte libre féminine du pays, il y aura une représentante aux Jeux olympiques. Cet authentique exploit est l’œuvre de Nguyên Thi Lua, qui défendra donc fièrement les couleurs du Vietnam cet été, lors des JO de Londres 2012.

Nguyên Thi Lua fait actuellement figure de porte-étendard de la lutte libre féminine vietnamienne. Cette jeune lutteuse, née en 1991, a établi deux hauts faits historiques dans sa discipline en remportant une belle médaille d’argent lors des ASIAD 2010 (Jeux asiatiques), et donc une qualification officielle aux JO de Londres, grâce à une nouvelle médaille d’argent décrochée lors du tournoi de qualification olympique disputé récemment au Kazakhstan.

Village de Yên Nôi, pépinière de la lutte

Originaire du village de Yên Nôi - un berceau de la lutte du pays -, commune de Dông Quang, district de Quôc Oai (ancienne province de Hà Tây qui appartient actuellement à Hanoi), Nguyên Thi Lua est née dans une famille de lutteurs. Son père et ses oncles ont tous une sacrée réputation dans cette discipline très exigeante. Il faut se souvenir qu’aux JO de Moscou en 1980, les trois lutteurs vietnamiens - Phi Huu Tinh, Nguyên Van Công et Nguyên Dinh Chi - engagés dans la compétition - étaient tous originaires de la commune de Dông Quang. Et ces derniers étaient entraînés sous la tutelle de Nguyên Dinh Khinh, lui aussi un enfant de la commune. C’est d’ailleurs lui qui, très tôt, a repéré la jeune Nguyên Thi Lua, voyant en elle un diamant brut. Force est de constater qu’il avait vu juste !

Lua a ensuite bénéficié des conseils avisés de plusieurs maîtres dès ses premiers pas de lutteuse professionnelle, ce qui lui a permis de suivre une belle courbe de progression. Un an après avoir décidé de faire de ce sport son métier, Lua décroche une médaille de bronze aux championnats nationaux chez les juniors en moins de 46 kg, s’imposant l’année suivante. Puis, elle finit vice-championne du Vietnam chez les seniors cette fois, et remporte le bronze des Championnats d’Asie juniors 2007. Elle n’a alors que 16 ans et l’avenir s’ouvre à elle. Deux ans plus tard, notre jeune lutteuse fait encore parler d’elle avec une superbe 3e place lors des championnats d’Asie (chez les seniors) et une nouvelle médaille d’argent lors de ces mêmes championnats, mais chez les juniors.

La malédiction des SEA Games...

On l’a vu, bien qu’ayant brillé à maintes reprises lors de grandes compétitions asiatiques, les SEA Games (Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est) se refusent systématiquement à elle. «Je n’ai pu participer à aucune des quatre dernières éditions des SEA Games (en 2005, 2007, 2009 et 2011), alors que j’aurais pu prétendre à une médaille», raconte la lutteuse. Par exemple, lors des SEA Games en 2007, malgré ses bons résultats à l’entraînement, Lua n’a pas été sélectionnée car trop jeune. Deux ans plus tard, «toutes les combattantes de ma catégorie (- 48 kg) se sont retirées...». Et lors des derniers SEA Games (26), le comité d’organisation a tout simplement décidé de supprimer sa catégorie de poids... «Peut-être n’ai-je tout simplement pas de chance pour cet événement sportif régional», s’amuse-t-elle. Dans tous les cas, il lui en faut plus pour la décourager. Elle s’est toujours promise d’aller de l’avant pour progresser davantage.

Embrassant une carrière de sportive professionnelle dès l’âge de 12 ans, Lua n’a jamais reculé devant aucun obstacle. Pour le moment, elle prépare ses plans d’entraînement pour atteindre son pic de forme lors de cette immense aventure qui l’attend à Londres cet été. «Le rêve de tout sportif est de participer un jour aux Jeux olympiques. Avec ce billet en poche, je compte bien mettre tous les atouts de mon côté pour réaliser quelque chose de bien !», ambitionne la jeune femme. - AVI