Nguyên Van Long mène une existence modeste de paysan mais est devenu une célébrité locale. Il le doit à sa longue chevelure qui lui donne un air d’anachorète, et à son mode de vie un peu particulier.

Nguyên Van Long vit seul dans une petite maison isolée du village de Duê Dông, chef-lieu de Lim (province de Bac Ninh, à 30 km de Hanoi). Un village réputé pour son club des défenseurs du quan ho (chant alterné), dont les membres sont souvent sexa, septua, voire nonagénaires. M. Long ne fait pas partie de ce club, ni ne participe aux activités de l’Association des personnes âgées de son village. Il vit un peu comme un ermite et poursuit ses propres principes de vie, qui semblent à beaucoup très farfelus, mais qui lui ont apporté la célébrité dans sa région et dans tout le Nord.

Un air de «rasta»

Au premier regard, le septuagénaire impressionne. Tenue inspirée de celle d’un bonze, visage vermeil, barbe toute blanche et, surtout, chevelure dense enroulée en un amas informe au sommet du crâne.

Concernant l’histoire de sa chevelure, le vieillard raconte : «En 1994, un beau jour d’été, en regardant directement le soleil, je découvre que malgré les rayons éclatants, je ne dois pas cligner des yeux comme les autres. C’est à partir de ce moment-là que quelque chose en moi m’a poussé à aller en pèlerinage sur le Mont Yên Tu (province de Quang Ninh)». Après cette visite, il décide de laisser pousser ses cheveux, malgré les conseils, voire la réprobation de ses proches et voisins.

«Contrairement à tout ce que l’on pense, je me sens vraiment à l’aise avec les cheveux longs et ma santé est bien meilleure ainsi», explique-t-il. Dix-sept ans sans aller chez le coiffeur... Pour faciliter le déplacement, je les enroule et donne à l’ensemble la forme d’un dragon, d’un aigle ou d’un phénix». Ses cheveux non peignés lui donne un air «rasta», un style pour le moins rare au Vietnam !

M. Long considère que sa chevelure ne lui apporte aucun inconvénient dans sa vie quotidienne. Elle lui donnerait même du bonheur, à l’en croire. En effet, chaque fois qu’il sort de chez lui, les enfants crient «Bravo l’Immortel !», et s’agrippent à lui pour un tour du village. Lors de la fête de Lim (fête traditionnelle du chant alterné), organisée du 14e au 16e jours du premier mois lunaire à Bac Ninh), l’«Immortel», est entouré par de nombreux admirateurs qui l’interroge sur sa chevelure et lui demande de prendre des photos.

Un bouddhiste fervent

Âgé de 72 ans, M. Long a une santé de fer. Les médicaments, il ne connaît pas. Lors qu’il doit se soigner, il utilise des plantes médicinales. Ces dernières années, il a même décidé d’éliminer la viande de son alimentation. «Je peux me priver de viande toute l’année. À chaque repas, je mange un bol de riz avec des légumes du jardin. Si j’ai encore faim, j’ajoute des fruits frais», précise-t-il.

Le vieillard vénère Bouddha et est intarissable sur le bouddhisme. Outre la visite régulière de pagodes, il collecte et lit de nombreux livres sur le Dharma. «Plus je vieillis, plus j’ai plaisir à lire ces ouvrages», confie-t-il. Pour preuve, il nous montre une armoire remplie de livres dans le salon, en saisit un, l’ouvre et lit d’une voix posée le passage d’un sutra. – VNA