Côn Dao (Poulo Condor), un archipel de 16 îlots montagneux, situé au large de la province de Bà Ria-Vung Tàu (Sud) et à 230 km de Hô Chi Minh-Ville, change de physionomie jour après jour grâce aux efforts des insulaires et des autorités locales. Toutefois, le chemin de l’essor est encore long.

Des autorités locales aux insulaires, tout le monde sur l’île de Poulo Condor parle de Trân Thi Yên, patronne de l’entreprise Thai Binh, spécialisée dans l’hôtellerie, le tourisme, la réparation de bateaux. Cette femme chef d’entreprises est à l’image de son île : ambitieuse. Trân Thi Yên a fait partie des premiers groupes de jeunes volontaires, les fameuses «forces de choc», arrivés à Côn Dao après la réunification de 1975. Près de 40 ans se sont écoulés. De petite commerçante, Trân Thi Yên est devenue patronne d’une chaîne d’hôtels, d’ateliers de réparation de bateaux... «Les courageux qui sont restés pour construire cette île ont désormais une vie confortable», dit Trân Thi Yên. Et d’ajouter : «Ce territoire sacré, aux nombreuses légendes, est un peu notre maison commune».

Une vie quotidienne qui reste difficile

Autre personne établie depuis plus de 30 ans sur cette île : le vice-président du Comité populaire du district de Côn Dao, Châu Anh Kiêt. Témoin des changements intervenus ces dizaines d’années, il dit fièrement : «Nous sommes +riches+ car nous possédons un trésor, un vestige historique, c’est la prison de Côn Dao, ancienne école politique des patriotes communistes». Et d’ajouter : «Côn Dao a encore beaucoup de difficultés. Mais le pays entier est à nos côtés. Des dirigeants à la population, ils s’intéressent à nous et créent de bonnes conditions pour le développement de l’île. Ce qui nous encourage beaucoup». Le vice-président du Comité populaire de Côn Dao avoue que «la population locale possède aussi une autre force, c’est sa solidarité. Les vestiges historiques, les âmes des morts sacrifiés pour la Patrie, les légendes... ont tissé des liens forts entre les insulaires».

Cette solidarité entre habitants n’est pas un vain mot. Sur le plan médical, l’île ne compte que le Centre de santé militaire et civil (combinaison entre le Centre de santé du district de Côn Dao et l’infirmerie militaire du Commandement militaire du district). Les habitants souffrant de graves maladies doivent regagner le continent. Mais parfois, lors de certains cas d’urgence (hémorragie pendant une opération chirurgicale ou lors d’un accouchement), il suffit d’annoncer la nouvelle par haut-parleur pour que de nombreux habitants viennent tout de suite, même la nuit, au Centre de santé pour offrir leur sang.

Avant d’être un paradis touristique, l’île de Poulo Condor a été un enfer, un vrai, et ce pendant des décennies. Son pénitencier avait été fondé en 1862 par l’administration coloniale française pour détenir les prisonniers politiques vietnamiens. D’innombrables patriotes, communistes y ont été emprisonnés et torturés. Plus de 20.000 y sont décédés. «Ici, on compte trois fois plus d’âmes mortes pour la Patrie que d’habitants», déclare le chef du Comité de gestion du vestige historique de pénitencier de Côn Dao, Nguyên Thi Thanh Vân.

Dans le cimetière de Hàng Duong, le plus grand de l’île, reposent des dizaines de milliers de morts pour la Patrie. Venir leur rendre hommage est une habitude des insulaires. Et lors des mariages, les mariés et leurs proches viennent y brûler des bâtonnets d’encens.

Les habitants de Côn Dao sont fiers de leur île. Parlant de leur «maison commune», les insulaires semblent oublier les difficultés qui sont encore légion. Par exemple, les navettes de bateaux reliant l’île au continent restent trop peu nombreuses. Elles ne satisfont qu’à 20% des besoins de déplacement des visiteurs, militaires et civils. Durant la saison creuse (de juillet à février), il n’y a parfois qu’un seul bateau par mois transportant à son bord 200 passagers. Concernant la voie aérienne, deux ou trois vols par jour relient Hô Chi Minh-Ville et Côn Dao, avec 200 passagers pour chaque vol. Le tarif de l’électricité (pour l’usage familial et la production) est de 8.600 dôngs/kWh, soit cinq fois plus que sur le continent. Les prix des services, des marchandises sont quant à eux deux fois plus élevés.

D’ici à 2015, le district insulaire de Côn Dao a fixé le tourisme, les services et l’industrie comme ses orientations de développement prioritaires. En 2015, l’île espère attirer 64.000 touristes par an. Pour cela, elle concentre ses investissements dans les infrastructures. Et bien sur, l’ensemble des insulaires, autorités et locaux, unissent leurs efforts pour un bel avenir. -VNA