La philatélie est la reine des collections, dit-on. Peut-être parce qu’elle regroupe le plus d’amateurs aux quatre coins du monde. Une passion qui transcende les cultures et les générations. Au Vietnam, les philatélistes, jeunes et moins jeunes, se regroupent dans une trentaine d’associations réparties un peu partout au pays. La Voix du Vietnam est allée à la rencontre des collectionneurs à Hanoi.

L’Association des philatélistes vietnamiens a vu le jour il y a un demi-siècle. La vie moderne n’y a rien changé. Elle continue d’admettre de nouveaux membres, de tous âges. Pour eux, les timbres en général sont une source de connaissances historiques, culturelles et artistiques. Et les timbres vietnamiens, en particulier, sont un excellent moyen de présenter l’image du pays au reste du monde.

Deux adresses incontournables pour les philatélistes vietnamiens: les salles d’exposition de l’Association des philatélistes au 14 rue Trân Hung Dao, à Hanoi, et au 18 rue Dinh Tiên Hoàng, à Hô Chi Minh-ville. Mais dans la capitale, il y a encore un endroit surnommé “le marché aux timbres”, au 160 rue Triêu Viêt Vuong. Tous les dimanches matins, les philatélistes s’y donnent rendez-vous pour effectuer leurs échanges.

Ce qui est communément appelé “marché des timbres” n’est qu’en fait un petit café. Son propriétaire est à la fois collectionneur de timbres et serveur. Du café et du thé chaud dans un décor on ne peut plus simple suffisent cependant à attirer de nombreux adeptes.

Pham Hào en est un. Selon lui, "les timbres ont une grande valeur. Chaque pièce est comme une oeuvre graphique pensée et réalisée minutieusement par un peintre. Avant de circuler sur le marché, elle doit avoir passé plusieurs examens. Collé sur une enveloppe, le timbre voyage partout pour raconter l’histoire du pays dont il est originaire. Par exemple, certains n’ont appris l’existence de la baie de Ha Long qu’après avoir vu le timbre portant cette image. En quelque sorte, les timbres peuvent faire la promotion du patrimoine vietnamien dans le monde.”

Les timbres sont collectionnés par thématique : faune, flore, nature, guerre, personnalités… “Chaque timbre est comme un musée en miniature d’un pays, d’une nation. Il est un témoin de l’histoire”, a confié Nguyên Tiên Dat, un collectionneur chevronné.

Au “marché aux timbres”, on apprend chaque jour. Par exemple, le timbre qui a le plus voyagé est celui qui présente l’image d’une petite femme guérilléro en train d’escorter un pilote américain, deux fois plus grand qu’elle, dont l’avion avait été le deux millième avion américain abattu pendant la guerre. Ce timbre a voyagé dans 167 pays! Ou encore cette histoire d’une collection de timbres ayant une faute de conception.

Mais c’est justement cette faute qui donne toute la valeur à la collection qui devient du coup unique. Il s’agit des timbres diffusés en l’honneur du 700 e anniversaire de la mort de Chu Van An (1292-1992). L’originalité, c’est qu’on y voit un Chu Van An portant des lunettes… qui n’existaient tout simplement pas à son époque!

Avec l’explosion technologique actuelle, le courrier traditionnel semble être délaissé au profit du courrier électronique et des réseaux sociaux de tous genres. Les lettres manuscrites et les timbres se raréfient. Alors ceux qui s’accrochent contre vents et marées aux timbres sont de vrais passionnés. Qui sait, un jour, leurs collections deviendront des antiquités, au même titre que tous ces objets conservés dans les musées qui nous apprennent tant sur tout ce qui nous a précédé? - VNA