Hanoi, 30 avril (VNA) – Les Muong sont le deuxième plus grand groupe ethnique minoritaire de la capitale. Et les gongs ont une place de choix dans leur vie culturelle. Leur pratique est encore vivace dans les districts de My Duc, Ba Vi et Thach Thât, en banlieue de Hanoï.
 
Les gongs, un art ancre dans la culture Muong hinh anh 1Les Muong utilisent une grosse baguette en bois pour jouer du gong, tandis que les habitants du Tây Nguyên se servent de leurs mains. Photo: CVN

L’ethnie Muong, l’une des 53 minorités ethniques du Vietnam, comptent plus d’un million de personnes. Ces dernières peuplent les régions montagneuses du Nord, essentiellement dans la province de Hoà Binh et dans les districts montagneux de celle de Thanh Hoa. À Hanoï, les Muong sont établis dans les districts de My Duc, Ba Vi et Thach Thât.

Les Muong s’établissent donc dans des régions certes montagneuses, mais favorables aux travaux champêtres. Ils pratiquent d’ailleurs la riziculture inondée, en dignes cousins des Kinh. Pour se prémunir (autrefois) des attaques d’animaux sauvages, ils vivent dans des maisons sur pilotis, bâties à flanc de montagne, l’espace qui se trouve sous le plancher servant d’abri aux animaux domestiques et de basse-cour.

Au rythme de la vie des Muong

Les Muong possèdent tout un trésor de littérature orale composé de longs poèmes, de contes de fée, de légendes, de proverbes, de berceuses et surtout d’épopées, dont la plus connue est Đẻ đất đẻ nước (littéralement : La naissance de la Terre, la naissance de l’Eau).

Dans la vie quotidienne et spirituelle des Muong à Hanoï, les gongs jouent un rôle central. À travers les siècles, ils sont devenus une des particularités culturelles de cette ethnie. C’est avec cet instrument que l’on accueille l’être humain qui vient de naître, qu’on le congratule quand il arrive à l’âge adulte, qu’on lui souhaite le bonheur à son mariage, qu’on le complimente quand il pend sa crémaillère, puis qu’on lui fait ses derniers adieux lorsqu’il quitte ce bas monde.
 
Les gongs, un art ancre dans la culture Muong hinh anh 2Représentation de gongs exécutée par des filles de l’ethnie Muong. Photo : CVN

«L’art des gongs des Muong est une tradition historique pérenne. Il puise son origine dans le travail et s’est transmis de génération en génération», explique Bùi Thi Bich Thin, Artiste Émérite dans le secteur du patrimoine immatériel.

Selon elle, outre l’espace culturel des gongs du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) reconnu en 2005 Patrimoine culturel immatériel et oral de l’humanité par l’UNESCO, celui des Muong a une valeur inestimable, contribuant à enrichir la culture vietnamienne. Mais à la différence des habitants du Tây Nguyên - qui distinguent les gongs en deux groupes : công (instrument à poignées au centre) et chiêng (instrument plat, pas de poignées) -, les Muong n’utilisent que les instruments à poignées, connus sous le nom de chiêng au lieu de công chez les Kinh.

Composé d’un grand rond de métal et martelés à l’aide d’une épaisse baguette en bois au gros embout arrondi et matelassé, les chiêng sont d’une grande valeur. Certains ont plus d’une centaine d’années. Comme il est difficile de fabriquer un gong obtenant une sonorité parfaite, les gongs coûtent chers.

Douze gongs, douze notes

Pour les Muong, le chiêng est non seulement un objet sacré mais aussi un outil pour communiquer avec les génies. Chaque ensemble de gongs comprend douze éléments qui produisent chacun une note différente, symbolisant les douze mois de l’année, exprimant l’harmonie entre l’Univers, le Ciel, la Terre et l’Homme. Certaines techniques permettent d’étouffer les sons et de produire des mélodies avec les gongs.

Les Muong ont un culte pour le chiêng. Ils estiment que cet instrument a aussi une âme, comme l’homme. Celle-ci dort lorsque le gong est immobile pendant longtemps. Il est donc nécessaire de la réveiller avant de s’en servir. Concrètement, il faut réaliser un culte de réveil du gong, lequel consiste à le frapper quelques fois pour demander l’autorisation à l’âme qui l’habite de s’en servir.

Si dans certains groupes ethniques, seuls les hommes sont autorisés à jouer du gong, la pièce Muong "Xac bùa" (ou "sac bùa", littéralement : sortilège) est l’apanage des femmes. C’est une particularité de cette ethnie. Les jeunes, vêtues de leurs tenues traditionnelles, sont divisées en groupes et rythment leurs mouvements en fonction des sons des gongs. Puis elles vont de maison en maison où elles chantent, la mélodie étant rythmée par l’instrument. Ces chants reflètent la beauté du pays natal, des villages, des hameaux, et son censés apporter bonheur et prospérité aux hôtes. Le Xac bùa est souvent représenté à l’occasion du Têt traditionnel pour apporter santé, bonheur et prospérité au village.

L’espace culturel des gongs fait la fierté non seulement de l’ethnie Muong, mais de tout le peuple vietnamien. Et les membres de cette ethnie s’attachent à préserver leurs traditions ancestrales. Ils sont bien conscients du fait que la sauvegarde de leur identité contribue à la diversité de la culture vietnamienne. – CVN/VNA