Hanoi (VNA) - Dans tout le pays, le premier mois de l’année lunaire est considéré comme celui des festivals. Le temps des fêtes ancestrales qui, en 2017, doivent s’adapter aux nouvelles normes de la société.

Après le Têt, les Vietnamiens, où qu’ils se trouvent dans le pays, se plongent dans les fêtes printanières, partie intégrante de la tradition nationale.

À l’image de la fête de Chùa Huong (pagode des Parfums) ou de celle de Yên Tu, bien d’autres encore jouent un rôle important non seulement pour mettre en valeur le patrimoine culturel unique des communautés vietnamiennes, mais aussi pour maintenir des liens spirituels avec les racines ancestrales.

Les festivals locaux a l’epreuve du temps hinh anh 1Avec le printemps, arrive la saison des fêtes, perpétuées dans tous les coins du pays. Photo : Thuy Hà/CVN
Toutefois, un certain nombre d’entre eux ont fait l’objet de contrôles rigoureux au cours de ces dernières années. Le cas le plus notable restant le festival du sacrifice de porc dans le village de Nem Thuong dans la province septentrionale de Bac Ninh, et celui au festival Giong du village de Phù Dông, dans la banlieue de Hanoi. Les deux festivités ont été considérées comme inappropriées, et ne conviennent plus aux normes sociales modernes.

Sacrifice du cochon, objet de la polémique

Le festival du village de Nem Thuong a surtout été critiqué pour l’abattage de deux porcs en public. En 2015, l’organisation caritative Animal Asie Foundation (AAF) avait lancé une campagne de mobilisation de l’opinion publique pour faire cesser le festival, en qualifiant notamment la scène de sacrifice de «cruauté barbare».

​En 2016, les porcs ont été abattus hors de la vue du public. De nombreux locaux se sont exprimés sur la nécessité de la mise à mort de l’animal, un élément crucial pour la fête et qui commémore un événement historique. Selon la légende, un célèbre général de la dynastie des Ly (1010-1225) avait abattu un sanglier afin de nourrir ses soldats pour combattre des agresseurs venus du Nord.

Craignant la disparition du festival, les populations locales veulent rappeler que c’est surtout une occasion pour enseigner aux jeunes générations le patriotisme et la bravoure.

L’historien Duong Trung Quôc et le Professeur Nguyên Chi Bên, membre du Conseil national du patrimoine culturel, soutiennent la poursuite du festival. Ils avancent que la volonté de la communauté locale se doit d’être respectée, et qu’il faut chercher à préserver sa valeur culturelle. Ils ajoutent que pour des étrangers, il peut être difficile de cerner la portée symbolique d’une scène aussi sanglante sans en connaître pleinement son origine, ni sa valeur historique et culturelle.

Les festivals locaux a l’epreuve du temps hinh anh 2Les porcs ont été abattus hors de la vue du public. Photo : LD/CVN
«Peu de monde sait que les porcs ont été vénérés comme des saints, et que leur sacrifice permet d’en honorer d’autres», indique le Professeur Trân Ngoc Thêm de l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville. Ce dernier ajoute que par rapport à la corrida espagnole, dans laquelle les taureaux sont lentement saignés avant d’être tués, les porcs du festival du village de Nem Thuong sont achevés le plus rapidement possible pour éviter toutes souffrances inutiles.

Des débordements préjudiciables

La fête de Giong, organisée dans le village de Phù Dông (district de Gia Lâm), a récemment essuyée de nombreuses critiques. Des voix se sont élevées pour dénoncer la promotion de la violence véhiculée par le festival. Après la procession, les participants étaient amenés à quasiment se battre pour récupérer un morceau des offrantes qui, selon les croyances, apporterait chance à son propriétaire. 

Des organisateurs ont souligné que la plupart des festivaliers se sont joints à la mêlée dans un esprit bon enfant, et que ces derniers seraient loin d’être déçus de ne rien obtenir. Cependant, la situation est devenue hors de contrôle quand la foule s’est mise en colère en étant empêchée de prendre les offrandes.

À la lumière de ces deux exemples, il faut sans doute adopter une approche plus compréhensive, en lieu et place de juger. Des normes sociales communes sont nécessaires pour bien comprendre la signification des festivals.

En outre, les organisateurs des festivals doivent comprendre qu’à l’heure actuelle, la portée des événements dépasse le simple cadre du local. Il faut donc être prêt à communiquer abondamment sur la signification et la valeur de ces festivals aux visiteurs, mais aussi aux médias. Au-delà d’une meilleure compréhension, cela contribuera à préserver et à promouvoir le patrimoine local. Un devoir qui devient des plus importants à l’ère de la mondialisation, où les pays sont confrontés au défi de préserver leur identité culturelle. -CVN/VNA