Secrètes, imprévues et sournoises, les attaques lancées par les forces de commandos préludaient souvent à des opérations militaires durant la guerre du Vietnam. Cette force a grandement contribué à la campagne historique Hô Chi Minh qui a abouti à la libération du Sud et à la réunification nationale au printemps 1975.

Après sa fondation, l'armée des commandos s’est rapidement développée pour devenir une force importante des opérations combinées. Du niveau d’unité à celui de régiment, elle est constituée des commandos aquatiques, terrestres et mobiles.

Les commandos sont chargés de lancer l’attaque d’ouverture décisive lors de la campagne des Hauts plateaux du Centre pour préparer l’insurrection générale du printemps 1975. Leurs cibles : l'aéroport de Hoà Binh, l’entrepôt Mai Hac Dê et l’aéroport du chef-lieu de Buôn Ma Thuôt.

Lors de la campagne historique Hô Chi Minh, l'armée des commandos est chargée de s’emparer de 14 ponts vitaux et des sites importants aux portes de Sai Gon, d’attaquer l’aéroport de Tân Son Nhât, de couper la voie sur le fleuve Long Tâu. Une mission qui a pour but de faciliter la progression éclair de cinq troupes pour la libération de Sai Gon.

"L'armée des commandos regroupe sept régiments, une brigade, quatre bataillons ainsi que des groupes et des équipes chargés de prendre d’assaut et occuper 14 ponts et certaines bases importantes des ennemis, favoriser et guider les corps de troupes régulières dans leur progression pour la libération de Sai Gon", indique le général de brigade Trinh Xuân Chuyên, commissaire politique de l'armée des commandos.

Menée en silence, cette tâche est spéciale et décisive pour le déroulement de la campagne Hô Chi Minh. Les commandos doivent défendre à tout prix les ponts qu’ils ont occupés. Des 52 soldats qui ont attaqué le pont Ghênh, 50 se sont ainsi sacrifiés. 

Près de 40 ans après, ces souvenirs restent toujours vifs. "L'attaque et l'occupation des ponts jouent un rôle très important. Sans quoi, on ne pouvait pas entrer à Sai Gon, ni libérer Tuy Hoa qui se trouve sur un même axe de communication", se souvient l e colonel Dô Ninh, ancien commandant adjoint - chef d’état-major , héros des forces armées populaires . 

"Nombre de commandos ont écrit par leur sang des exploits discrets, défendu fermement des ponts, frayant la voie aux tanks et aux cinq ailes de troupes progressant à vive allure et lançant l’assaut final sur Sai Gon, contribuant à la grande victoire du printemps 1975", souligne l e général de brigade Trinh Xuân Chuyên, commissaire politique de l'armée des commandos.

Quand le premier tank qui défonçait les grilles du palais de l’Indépendance a été touché, un autre - avec à son bord l’adjudant commando Pham Duy Dô et le lieutenant conducteur du tank Bui Quang Thân - s'est avancé du côté gauche. 

L’adjudant Pham Duy Dô a couru vers le balcon du palais de l’Indépendance et agité un drapeau de libération en direction d’autres tanks, avant de le hisser sur le balcon du palais. "Nous nous sommes précipités sur les lieux et j'ai hissé le drapeau au balcon avant de poursuivre notre mission", fait-il savoir. 

Parfaitement entraînée, l'armée des commandos effectuait des missions bien précises. C'est elle qui, toujours, arrivait sur les lieux en premier lors des attaques et se retirait en dernier. 

Ces soldats, qui étaient avant tout des hommes, se sacrifiaient en silence pour la victoire, leur corps et leur sang fusionnant avec la terre pour que les troupes militaires éclair puissent se frayer un chemin. 

Après la guerre, Pham Duy Dô est rentré dans son village. Lui et son épouse (elle aussi une vétérane) ont tous deux été touchés par l'agent orange, affectant directement leurs enfants et petits-enfants. "J'ai eu plus de chance que mes coéquipiers puisque je suis encore ici pour vous parler. Mes enfants et mes petits-enfants sont malades. Mais leur présence suffit à mon bonheur", confie-t-il. 

Aujourd'hui encore, plusieurs ex-commandos continuent de transmettre les arts de la guerre aux générations suivantes. 

Le sous-capitaine Dô Van Dai, chambre de propagande et d'entrainement de la troupe de commandos No113, fait savoir qu’ "en faisant partie de ces forces spéciales, je souhaite perpétuer la tradition de mes parents et grands-parents" 

Ces derniers jours, Hô Chi Minh a été le théâtre d'émouvantes rencontres entre personnes ayant contribué à la victoire de la campagne historique Hô Chi Minh. Même si les anciens commandos étaient vraiment très peu, leurs exploits restent et resteront ancrés dans la mémoire collective du peuple vietnamien. 

"Les résultats des opérations militaires combinées de la Campagne historique Hô Chi Minh sont dus en grande partie au rôle qu'ont joué les commandos", rend hommage l e général de division Lê Nam Phong.

Si aujourd'hui la paix est revenue, ils ne sont jamais bien loin. Une manière pour eux d'aider les jeunes soldats à commémorer et suivre l'exemple des générations précédentes. 

"Nous faisons de notre mieux pour nous occuper comme il se doit des anciens combattants ainsi que des familles de soldats morts pour la Patrie. C'est une manière d'éduquer les jeunes soldats actuels sur la tradition et le respect des valeurs. Nous renforçons également la diffusion d'informations sur le rôle clé qu'à joué l'armée des commandos pour la victoire, pour ne pas que l'on oublie", indique le général de brigade Trân Xuân Hoe, commandant de l'armée des commandos. 

Après la guerre, plusieurs de ces soldats d'élite ont été honorés. Mais la plupart continuent de se sacrifier en silence pour des missions secrètes. C'est aussi ça, la volonté et le caractère des commandos. – VNA