Les estampes populaires de Dông Hô sont très proches des Vietnamiens car elles représentent des scènes de la vie à la campagne, des jeux traditionnels... et sont omniprésentes dans nombre de poèmes, de chants et d'oeuvres littéraires. Laissées en désuétude, un vaste plan a été adopté pour leur réhabilitation.

C’est au Comité populaire de la province de Bac Ninh (Nord), que l’on doit l'approbation d’un plan de préservation et de valorisation des estampes populaires de Dông Hô, dans le district de Thuân Thành pour la période 2014-2020, orientations pour 2030. Crédité d’un budget de 60 milliards de dôngs, il devrait permettre de les faire revivre et mieux, de les développer.

Cet art est typique du village de Dông Hô dans la commune de Song Hô, district de Thuân Thành, province de Bac Ninh. Selon Nguyên Nhu Diêu, président du Comité populaire de la commune de Song Hô : «Auparavant, tous les villages de la commune pratiquaient cet art. Mais depuis 1986, elles ne sont plus que deux familles à le faire : celles des artistes Nguyên Huu Sam et Nguyên Dang Chê».

Toujours selon Nguyên Nhu Diêu, le métier de l’estampe populaire de Dông Hô se perd peu à peu en raison des débouchés, très limités. Plusieurs familles du village ont dû se résoudre à se reconvertir pour trouver de quoi vivre. «Conformément au plan approuvé, la maison commune du village sera élargie pour exposer des œuvres différentes estampes populaires de Dông Hô», partage Nguyên Nhu Diêu. Et 2015 devrait être une année décisive puisqu’un dossier de candidature à soumettre à l'UNESCO sera monté pour que ces estampes soient inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

Dans les tous premiers débuts de l’application du plan, les familles de Nguyên Huu Sam et Nguyên Dang Chê ont touché une subvention pour fabriquer les planches en bois servant de pochoirs pour l’impression. Sans oublier la formation des artistes, indispensable. Nguyên Dang Tâm, fils de Nguyên Dang Chê, fait à présent des études au Japon pour parfaire ses connaissances sur le sujet.

Un plan et de l’espoir

Un espace de 5.000 m² de l’artiste Nguyên Dang Chê se trouve à la tête du village. D’un investissement de 3 milliards de dôngs, il fait office de centre de préservation des estampes de Dông Hô. Marqué par les traits culturels de la plaine du Nord, cet espace comprend un atelier, une salle d’exposition et une pièce baptisée «Tableau-café». Dans la salle d’expo, sont présentés des tableaux, mais aussi d’autres créations faites sur ou à partir de papier do (papier artisanal épais et de couleur rouge, d’où il tire son nom, ndlr) et, bien entendu, des cartes-lettres, enveloppes, carnets, calendriers, etc., sur lesquels sont imprimés des motifs d’estampe de Dông Hô. «Ces tableaux populaires attirent encore une certaine clientèle vietnamienne, et même étrangère. Mais cela reste très confidentiel. C’est pour quoi il faut élaborer un label prestigieux», souligne Nguyên Dang Chê. Et d’ajouter : «Si toutes les familles participent à la production des estampes, le village deviendra une destination touristique. Mais il est impossible de le faire si seules une ou deux familles s’en chargent».

Concernant la mise en vigueur du plan, Nguyên Thi Oanh (la bru de Nguyên Huu Sam) et Nguyên Dang Chê informent qu’outre la somme accordée pour fabriquer les fameuses planches, le comité de gestion du plan et les autorités locales n’ont pour le moment pas donné suite.

Si le plan de préservation et de valorisation des estampes populaires de Dông Hô est bien en vigueur, sa mise en œuvre - qui avait pourtant bien débutée - semble marquer un coup d’arrêt. Mais la détermination des familles que nous avons rencontrées de redonner vie à cet art populaire devrait, tôt ou tard, être récompensée. -CVN/VNA