Le boom économique du Vietnam conduit à une hausse exponentielle de ses besoins énergétiques. La consommation est ainsi passée de 4,2 millions de tonnes d’équivalent pétrole en 1990 à 11,6 millions de tonnes en 2000 puis à 19,6 millions de tonnes en 2004.

Dès 2015, le pays devra importer de l’énergie, a estimé le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce Nguyên Nam Hai. «Au Vietnam, les énergies renouvelables sont abondantes et capables de remplacer les énergies fossiles, tout en contribuant à réduire les atteintes à l’environnement, a-t-il assuré. La valorisation des énergies renouvelables revêt une signification importante tant d’un point de vue socioéconomique, de sécurité énergique que de croissance durable».

Les potentiels nationaux en matière d’énergies renouvelables sont bien reflétés par les chiffres cités par Lê Tuân Phong, expert au Département de l’énergie, ministère de l’Industrie et du Commerce. Selon lui, le Vietnam figure parmi les 14 pays disposant des plus grandes potentialités hydroélectriques, déjà assez bien exploitées grâce à un réseau de 120.000 stations d’une puissance totale de 300 MW. Le pays compte en outre 200 sources thermales de 40oC à 150°C, qui représentent un potentiel géothermique important.

Les quelque 100.000 rizeries dans le delta du Mékong pourraient approvisionner une centrale électrique de 70 MW. Les déchets de l’industrie sucrière peuvent aussi être valorisés, avec une capacité estimée à 250 MW. Nombre de familles des deltas du Fleuve Rouge et du Mékong utilisent déjà le biogaz pour faire la cuisine, s’éclairer ou faire fonctionner de petits générateurs.


Dans le solaire, les potentialités sont également importantes. La durée d’ensoleillement annuel est de 2.000-2.500 heures, soit en moyenne 44 millions de tonnes équivalent pétrole. Un potentiel en grande partie laissé en friche, si l’on excepte de rares projets à caractères expérimentaux dans le Centre.

Parmi les énergies renouvelables, l’énergie éolienne est sans doute celle qui coûte le moins cher et qui occupe le moins de surface au sol. Elle offre ainsi une capacité de production importante et pour cette raison, elle a été choisie par plusieurs pays, dont le Vietnam, comme source d’énergie alternative pour l’avenir.

Selon le Centre de développement des ressources énergétiques, le Vietnam a le plus grand potentiel éolien d’Asie du Sud-Est, grâce notamment à sa façade maritime longue de plus de 3.000 km. Les provinces offrant le plus fort potentiel éolien sont situées dans le Centre et le Sud. Le potentiel éolien vietnamien est estimé par la Banque mondiale à 513.360 MW, soit l’équivalent de 200 fois la puissance de la centrale hydroélectrique de Son La. Selon certaines projections, la production éolienne atteindrait 200 MW en 2015 et 250 MW en 2020. D’ici 2030, le Vietnam devrait produire 400 MW avec le vent.

Pourtant, l’utilisation de cette énergie renouvelable, inépuisable et non polluante, n’en est toujours qu’à ses balbutiements. Des études de préfaisabilité et de faisabilité ont été lancées. Mais le pays devrait encore souffrir jusqu’en 2030 d’un manque d’électricité à certaines périodes de l’année.

Le ministère de l’Industrie et du Commerce est sur le point de soumettre au gouvernement le plan d’aménagement des énergies renouvelables. La création d’un organisme d’État chargé des énergies renouvelables a été approuvée récemment par le Département général de l’énergie. Leur utilisation est d’ores et déjà encouragée dans les régions reculées, insulaires.


Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a récemment approuvé le plan de développement du secteur électrique 2011-2020 et vision pour 2030. L’objectif est de répondre à une croissance nationale de plus en plus énergivore.

Selon les prévisions, la production et l’importation électriques en 2015 se chiffreront à 194-210 milliards de kilowattheures ; en 2020, à 330-362 milliards de kilowattheures ; en 2030, à 695-834 milliards de kilowattheures.

En vertu de cette planification, le développement du secteur électrique doit s’opérer en liaison avec la stratégie de développement socioéconomique. De plus, il faut ouvrir progressivement le marché de l’électricité à la concurrence, l’État ne gardant le monopole que sur la gestion du réseau de transmission.

Ce plan donne la priorité au développement des énergies renouvelables pour qu’elles atteig-nent de la 4,5% nationale en 2020, puis 6% en 2030. La production des centrales éoliennes devrait atteindre 1.000 MW en 2020, 6.200 MW en 2030, pour contribuer à 0,7% à la production électrique totale en 2020 et 2,4% en 2030.

Le gouvernement encourage le développement de l’éolien pour anticiper l’épuisement pro-gressif des énergies fossiles, et ce d’autant plus que 8,6% de son territoire est propice à un développement de cette forme d’énergie.

De nouvelles centrales hydroélectriques seront aussi construites, surtout dans le cadre de projets «multi-objectifs» (lutte anti-crues, fourniture d’eau, production électrique) afin d’atteindre 17.400 MW en 2020 (contre 9.200 MW actuellement). La planification préconise également la construction de petites centrales hydroélectriques, de parcs solaires, éoliens au niveau local. - AVI